Ou plutôt Rain Childs tant ces deux frères (Michael et
Brian d’Addario, from N.Y.) semblent surdoués. Un peu trop pour être
honnêtes ? J’en sais rien et je m’en cogne … Même si on m’empêchera pas de
penser (fuck you Marine) que faire des trucs comme ça quand on a dix sept ans
et dix neuf ans pour le plus « vieux » des deux, c’est quand même
suspect. Y a t-il un Gepetto, habile marionnettiste qui tire les ficelles de
ces deux ados, un papa Jackson (pour les cinq minots du même nom) ou un Kim
Fowley (pour les Runaways) des années 2010 ? Apparemment non, et c’est le plus
étonnant de cette affaire.
Mal habillés, les Lemon Twigs ? |
Pourtant c’était pas gagné. Habillés avec un mauvais
goût qui donnerait des sueurs froides à Gilbert Bécaud et Aznavour s’ils
étaient pas morts, coiffé « mulet » pour un des deux (putain, qui à
part l’ancien bassiste des Jam s’il est encore de ce monde se peigne de la sorte
aujourd’hui ?), on imagine les cauchemars des attachés de presse pour
vendre les Lemon Twigs …
Par contre, dès qu’on appuie sur « Play »,
il se passe un truc avec ce Cd. Le même genre d’émoi qu’à l’écoute du premier
MGMT (des nouvelles de ces éphèbes disco-pop, quelqu’un ?), les bonnes
références en plus. Faut bien sûr être fan des Beatles, des Beach Boys, des
Kinks, du Band, des Bee Gees des débuts, des Zombies, ce qui devrait être le
cas de tout humain normalement constitué et doté d’une paire d’oreilles en état
de marche. En gros de la pop 60’s tarabiscotée de très haut niveau, faite à
l’époque par des types aussi géniaux qu’inégalés. C’est dire si les Lemon
Machin placent la barre très haut. Et le plus étonnant c’est qu’ils arrivent à
la franchir souvent, en tout cas beaucoup plus souvent que les myriades de
zozos qui s’y essayent depuis cinquante ans …
Pas besoin d’aller chercher loin. Dès le premier
titre (« I wanna prove to you »), on se retrouve en plein trip
McCartney-Beatles circa 68-69 plus vrai que nature. Le suivant (« Those
days is comin’ soon ») c’est Ray Davies et les Kinks qui te sautent à la
gueule, dans ce vaudeville suranné, cette mini comédie musicale, conclue par
une fanfare New Orleans, le genre de titre que personne avait osé depuis – au
hasard – les Reines de « Bohemian Rhapsody ». Bien sûr, on dira qu’il
n’y a pas l’évidence indiscutable et instantanée de ces grands hits marmoréens
de l’époque, mais qui aujourd’hui, à part Maître Gims, est capable de torcher
des machins pareils ? Répondez pas tous en même temps …
Ben oui, mal habillés ... |
Il y a dans tous les titres de ce « Do
Hollywood » une exubérance instrumentale (ce sont les deux nourrissons qui
jouent de tous les instruments, en plus d’harmoniser ou de chanter lead à tour
de rôle), qui aurait même tendance, et c’est le plus gros défaut (enfin, défaut
est dans ce cas un bien vilain mot) à quelquefois devenir trop démonstrative.
Qui à part les derniers fans chauves des rouflaquettes géantes de Mungo Jerry,
à envie de se fader un solo de kazoo sur le final de « As long as we’re
together », titre par ailleurs pas rebutant notamment grâce à son début
qui me fait furieusement penser au Bowie de « Memory of a free
festival » (cherchez pas, c’est un titre assez quelconque de « Space
oddity »).
Les Lemon Twigs flirtent avec toutes les limites,
dans un spectre assez varié, taquinant le sublime ou manquant de se dissoudre
dans le mauvais goût (exemple du titre foiré, « Frank », lyrique,
pompier, quasi prog et son final symphonique boursouflé). Et puis pour marquer
leur temps et leur terrain, ils nous font leur « Good vibrations » (à
l’attention des fans de Slayer, je rappelle que « Good vibrations »
est le meilleur morceau du siècle dernier et de ceux à venir). Ça s’appelle
« A great snake », ça commence façon « All I wanna do » de
Sheryl Crow, c’est un titre à tiroirs, sautant du coq à l’âne mélodique, et
forcément et logiquement, ça ne vaut pas la merveille de Brian Wilson. Faut
parfois avoir conscience de ses limites, les petits…
Surprenant, parfois excellent, « Do
Hollywood » est à ranger pas très loin du « Vampiric way » des
frenchies but chic Bewitched Hands sur l’étagère « c’était mieux avant,
mais on va essayer de faire aussi bien » …