TOM PETTY AND THE HEARTBREAKERS - DAMN THE TORPEDOES (1979)

American Boy ...
Tom Petty et ses Heartbreakers, c’est une des figures principales du bon vieux classic rock ricain, tous ces types qui ont commencé à avoir de gros succès vers la fin des 70’s … surtout chez les Ricains. Ailleurs, le culturiste du New Jersey Springsteen écrase tout. Aux States aussi, mais un peu moins. Il est talonné de près par Petty, Seger, Mellencamp, même s’il reste la figure de proue du genre. Mais les trois autres, quand il avait des coups de moins bien, étaient là pour assurer la relève, Seger vers le milieu des seventies, Mellencamp dans la seconde moitié des eighties, Petty au tournant des années 90. Depuis, tous ces dinosaures « vivotent » sur leurs acquis, se « contentant » à chaque tournée de remplir les arenas de leur pays.
Tom Petty & The Heartbreakers
Petty s’était fait remarquer en 1976, grâce notamment à un titre, « American girl » de son premier album éponyme qui avait cartonné sur l’omnipotente bande FM. Un second disque (« You’re gonna get it ») raté, et très vite le tir est corrigé avec ce « Damn the Torpedoes ». La progression est énorme. Petty et ses Briseurs de Cœurs laissent tomber le « gros son » qui caractérisait le précédent. Le son des Heartbreakers de « Damn … »  est ramassé, homogène, nerveux. Personne ne tire la couverture à soi, n’est surmixé. Hormis un peu la voix de Petty, ce qui n’est pas la meilleure idée du monde, mais c’est à peu près la seule menue réserve que l’on puisse émettre. Allez, si, une autre, qu’on évacue les mauvais points d’entrée, y’a bien le morceau « You tell me » qui semble assurer la transition avec le disque précédent, et qui me paraît le plus faible du skeud, malgré la pige en guest de Donald « Duck » Dunn, le bassiste de Booker T. & the MG’s.
Dunn est d’ailleurs le seul intervenant « extérieur », même si certaines sources font état du batteur de studio Jim Keltner sur un titre. Tout le reste, c’est écrit et joué par Petty et les Heartbreakers. Pour l’écriture, Petty se taille la part du lion, signant seul sept titres et co-signant avec Mike Campbell les deux autres (« Refugee » et « Here comes my girl »). Et même si avec le temps tous ceux qui ont composé les Heartbreakers (pas si nombreux que çà en fait, le groupe qui va entamer sa cinquième décennie d’existence est plutôt du genre stable) sont devenus des musiciens très côtés et très recherchés, pour moi c’est Mike Campbell qui se détache du lot. Ce type, qu’il ne viendrait à l’idée de personne de citer parmi les « grands » guitaristes, est un vrai cador de l’instrument, capable de trouver une idée, un gimmick, un chorus ou un petit solo malins sur chaque titre. Ecoutez-le par exemple sur « Mojo », une des dernières productions du groupe, c’est maintenant lui qui tient la baraque Heartbreakers au bout de ses doigts agiles. Et sur ce « Damn the Torpedoes », il est déjà là et bien là.
Les Heartbreakers, groupe marxiste tendance Groucho ?
Parce que « Damn … » est disque à guitares, un disque de rock, quoi. Pas un hasard si sur la pochette, Petty tient une Rickenbacker. La Ricken, c’est la guitare des élégants, ceux qui préfèrent le son nerveux au gros son. Elle va bien aux Heartbreakers, et aussi à Petty, le dandy du classic rock, qui passe plus de temps devant le miroir à choisir ses fringues qu’à faire des séances de muscu. Niveau look, depuis toujours, il enterre la concurrence. L’alter ego d’un Willy DeVille …
« Damn the Torpedoes » va se hisser vers les cimes des charts, boosté par deux singles. « Refugee » qui ouvre le disque, c’est peut-être le titre le plus emblématique de Petty, qui le résume le mieux. Dans le contexte de la parution (1979), il assure la transition entre le classic rock « pour hommes » (Springsteen, et surtout Seger) des 70’s, et celui beaucoup plus radiophonique des années 80. Il y a tout dans « Refugee », la mélodie, le refrain-hymne, le riff qui colle à l’oreille, l’énergie débridée mais canalisée, … Les radios américaines (parce que les nôtres, à cette époque-là, je vous dis pas, elles étaient même pas FM) réserveront un accueil encore meilleur à « Don’t do me like that », qui ouvrait de façon maline la seconde face du vinyle original, et représentait un versant tendant vers le rhythm’n’blues des Heartbreakers, qui n’aura guère de suites dans leur carrière.
Mais l’essentiel du disque est du même niveau. « Here comes my girl » avec ses couplets parlés rageurs et son refrain explosif pur sucre, est un petit bijou. « Even the losers » est très pop, calibré idéalement pour la bande FM. La troupe sait aussi envoyer le bois, faire hurler les guitares sur le rock de « Shadow of a doubt », et réactualiser le good old rock’n’roll le temps d’un « Century city ». Les Heartbreakers taquinent aussi la power pop avec « What are you doin’ in my life ? », avant de conclure le disque par un country-rock épique (« Louisiana rain »), un peu comme si Gram Parsons jammait avec Springsteen. A noter que pour la première fois de sa carrière, Tom Petty glisse des notes de douze cordes acoustiques, la marque de fabrique de ces Byrds qui l’ont tellement influencé, notamment au début de « Refugee ».
Le succès de ce « Damn the Torpedoes » sera conséquent (aux States), et il peut être considéré comme la première étape de la popularité bientôt immense dont bénéficieront les Heartbreakers. Avec ce disque, Petty commence à devenir grand …

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