CHRIS NOONAN - BABE, LE COCHON DEVENU BERGER (1995)

Film cochon ...
Y’a des soirées comme ça, où on hésite … Soit l’intégrale Bergman des années 70, soit un coffret Ozu au ralenti. Et puis, manière d’accorder un peu de RTT aux quelques neurones encore en état marche mais déjà bien fatigués qui restent, on revient vers des fondamentaux simples mais efficaces. Une comédie sans prétention, ou un film d’animation … Avec « Babe, … » premier de la série, on a les deux.

« Babe … » est un conte pour enfants. Au premier degré. Pas de message retors ou sournois, pas de message subliminal ou caché. Tout au plus peut-on y trouver quelques allusions à une vie campagnarde idyllique et allégorique (le retour aux fondamentaux de la nature, l’écologie bon enfant), et un militantisme végétarien qui ne mange pas de pain …
Vieux fermier et jeune premier
« Babe … » est une fable animale. Les animaux « humains » au milieu des vrais « humains ». Et comme toujours dans ce genre de films, c’est chez les animaux qu’on trouve le plus d’humanité, d’autant plus qu’ils « parlent » entre eux (par ici on connaissait, Patrick Bouchitey faisait ça depuis des années). L’intrigue est contenue dans le titre, un porcelet « au cœur pur » gagné à une tombola par un vieux fermier sympa, finit par devenir plus doué que les chiens de berger pour garder les troupeaux de brebis. En ayant failli passer à la casserole à plusieurs reprises, fait quelques bêtises, s’être conduit innocemment et héroïquement, avant l’apothéose et la consécration finales.
On passe une petite heure et demie sympa, au milieu de ces animaux qui parlent, d’un duo d’acteurs « typés » (le fermier, grand, sec et peu bavard, sa femme, petite, ronde et joviale, qui envisage les cochons uniquement du point de vue alimentaire), d’un trio de souris (de synthèse) qui commentent les intertitres annonçant les grands « chapitres » de l’intrigue (on les entend même chanter « Jingle bells » ou « Blue moon »), d’une silhouette nocturne de la ferme qu’on croirait dessinée par Tim Burton, de quelques mimiques caricaturales des humains …
Derrière tout çà, George Miller, le producteur et réalisateur de « Mad Max », film perçu lors de sa sortie comme un sommet de violence, le changement de style est ici radical. Le réalisateur de « Babe … » est un dénommé Chris Noonan, qui a oublié de faire parler de lui depuis. Mais le plus gros boulot concerne l’animation, qui fait cohabiter vrais animaux (18 porcelets « jouent » Babe) et animaux numériques dus à la société créée par le génial marionnettiste Jim Henson. Ce film a presque vingt ans, et bien difficile de faire la différence entre vrais et faux habitants de basse-cour. D’ailleurs cette adaptation d’un conte pour enfants australien à succès était envisagée depuis des années, et n’a été mise en chantier que lorsque les effets numériques ont été à la hauteur du résultat escompté.
Résultat sympa, même si on ne s’approche pas de la lecture à plusieurs niveaux de films comme la fabuleuse « Ferme des animaux », l’adaptation animée du féroce pamphlet anti-totalitaire d’Orwell.
Qualité du Dvd correcte, contenu plus que chiche, aucun bonus …
Bon c’est pas le tout je bavarde, je bavarde … serait temps de passer à table. Au menu, charcuterie et rôti de porc … Impeccable.