SUEDE - SUEDE (1993)


Glam, vous avez dit glam ?

Puisque c’est le terme sous lequel on a qualifié le groupe à ses débuts (et même par la suite, il y a des raccourcis faciles qui ont la vie dure). Parce que faudra qu’on m’explique … le glam, c’est le début des années 70 en Angleterre, T.Rex, Bowie, Roxy, Sweet, Slade, Glitter, … en gros tous ces types maquillés comme des camions portugais, les platform shoes, les paillettes, et les riffs de Chuck Berry et Eddie Cochran remis au goût du jour …
Vingt ans plus tard, que trouve t-on de tout ça chez Suede ? En cherchant bien, la voix parfois maniérée et théâtrale de Brett Anderson, quelques trucs de « The Drowner » qui évoquent le T.Rex de la fin (que personne n’écoutait plus), des intonations à la Brian Ferry solo sur « Sleeping pills », à la limite la construction de « Animal nitrate », le titre « Metal Mickey » qui fait penser au « Metal Guru » de T.Rex, la musique n’ayant rien à voir… ce qui fait peu de choses, et il doit y avoir plein de disques de pop à guitares (car c’est plutôt de cela qu’il s’agit) qui font plus penser à Ziggy et sa clique que cette première rondelle de Suede …
Bon, je vais pas non plus jouer les linguistiques de la musique de djeunes. Qu’on l’appelle comme on veut, reste qu’il est pas mal ce disque. Il a quand même pris un bon coup de vieux (lui aussi), et impressionne beaucoup moins aujourd’hui que lors de sa sortie …
Porté par une série de singles éclaireurs (« Animal nitrate », « The drowners », « Metal Mickey »), ce « Suede » connaîtra un gros succès, dans une Angleterre un peu à la ramasse, subissant le raz-de-marée américain du grunge, la vague Madchester n’étant déjà plus qu’un lointain souvenir, et la britpop de Blur, Oasis, Pulp et consorts, encore en gestation.
Un disque qui a du succès est aussi un disque dont on parle. Le bon peuple briton (et d’ailleurs) s’était offusqué de la pochette quand il avait appris que c’était deux jeunes garçons qui s’y roulaient une gamelle, et ça avait fait jaser dans les chaumières … baîllements …
Mais si Suede n’a jamais vraiment joué dans la cour des très grands, le groupe a sorti quelques disques qui se laissent écouter (les deux- trois premiers) avant la débandade et bien sûr la reformation, et Anderson  a sorti des disques solo jugés intéressants par les maniaques du genre.
Ce qu’on retient surtout de ce « Suede », c’est la mise en avant du duo Anderson – Butler, le premier étant un de ces grands chanteurs maniérés et lyriques que les ménagères adorent, cultivant look hémophile fin de race et poses de dandy. Le second est le Johnny Marr des années 90, à savoir un guitariste (mais il joue aussi du piano) considéré par ses pairs comme le meilleur de sa génération, mais qui est resté à peu près inconnu du grand public.
« Suede » le disque s’articule en gros autour de titres électriques très « rock » (surtout les singles), alternant avec ballades (mention particulière à la très réussie « Pantomime horse ») qui flirtent parfois avec du pompier lyrique (notamment  « Sleeping pills » qui dans son final renvoie aux grandiloquences de Freddie Mercury, ce qui n’est pas forcément une bonne idée). Le tout est enrobé par une production abusant parfois un peu trop beaucoup de toutes sortes d’échos qui finissent par devenir pénibles…
Entre phénomène de mode et conjugaison de deux réels talents, Suede est un de ces groupes quelque peu oubliés aujourd’hui … il mérite quand même mieux …