Autant préciser les choses. QOTSA, pour moi, c’était
les Smashing Pumpkins des années 2000. Et aujourd’hui, dans les années 2010,
ils en sont là où en étaient les Pumpkins dans les années 2000. Vous
suivez ? Non ? Bon, je m’explique …
Les QOTSA furent le temps de deux-trois disques la
référence en matière de grosses guitares (leur évident et assez incontournable
« Songs for the deaf » restant leur apex). Servies
dans une ambiance sérieuse (voir le sort réservé à l’allumé bassiste Nick
Oliveri, vite éjecté du groupe). S’il y a bien un mot qu’on ne risque pas de mettre
en avant pour parler d’eux, c’est celui de fun. La musique des QOTSA est pour
moi froide, clinique et mathématique. Peuvent multiplier les tempos frénétiques
et monter le son, ça n’y changera rien. Et QOTSA comme Pumpkins n’existent qu’à
travers un leader omnipotent, Homme ou Corgan, un de ces types pontifiants et
lapidaires qui s’imaginent détenir une vérité et avoir une sorte de mission à
accomplir. Par charité, on ne reviendra pas sur les déclarations orgueilleuses
(en fait totalement cons) qu’ils ont pu éructer l’un comme l’autre.
QOTSA 2017 |
Si Corgan semble rangé des vélos et avoir compris
que le monde continuera de tourner sans lui, Homme se multiplie,
enchaînant disques et collaborations. Des surmédiatisés (c’était juste un
groupe fun, donc pas sérieux) Eagles of Death Metal, bataclanisés par une
exposition bien involontaire que Jesse Hugues est incapable de gérer, en
passant par le dernier Iggy Pop (gros battage médiatique pour un résultat tout
juste passable, comme la plupart des disques solo de l’Iguane, comme quoi n’est
pas Bowie qui veut …). On n’extrapolera pas sur les déclarations risibles de
Homme pour la sortie de ce « Villains » (« c’est un disque qui
va marquer ce siècle », ce genre …), on s’en tiendra à l’écoute des neuf
titres de cette rondelle.
Suffit de voir les réactions embarrassées des fans
dans les forums et sites divers où on cause zizique pour comprendre que la montagne
a accouché d’une souris. Homme et ses QOTSA auront essayé… Sentant qu’il
commençait à pédaler à côté du dérailleur, le grand rouquin a voulu marquer les
esprits en allant chercher un metteur en sons « moderne », Mark
Ronson. Se ménageant ainsi une porte de sortie. Si le disque est pas bon, c’est
la faute à ce tocard, qui bosse avec Adele, Maroon 5, Bruno Mars, ou autre
cataplasme de ce genre pour lycéens … Les fans hardcore ont évidemment saisi la
grosse ficelle et font feu de tout bois sur l’Anglais. Dont on oublie de dire
qu’il a aussi bossé avec Amy Winehouse ou les Black Lips (groupe punky et
rigolo, référence en la matière, et antithèse des pesants QOTSA) pour un
résultat excellent. Non, les gars, si t’as de bons titres, même un gâte-sauce
aux manettes te pourrira pas un disque. Par contre, si t’arrives avec des
compos minables, même George Martin, Spector et Lee Perry réunis pourront rien
pour toi …
QOTSA & Mark Ronson |
« Villains » est un disque … vilain. Pas
nul de chez nul, juste sans intérêt … de toute façon, à l’époque où le vinyle
revient à la mode avec ses pochettes XXL (par rapport aux timbre-poste qui
empaquettent les Cds), les QOTSA réussissent à enrober leur rondelle d’une visuel
hideux digne du bon goût d’un Venom en son temps (Dick Rivers avait fait à peu
près la même horreur, mais avait au moins l’excuse d’avoir mis un bon disque,
« Rock and roll Star », à l’intérieur …).
Autre sujet à circonlocutions sémantiques du fan de
base, il y a sur « Villains » des synthés, un quatuor à cordes et des
cuivres. Même si ça sonne pas comme Kraftwerk, une sonate de Litz, ou un
morceau de chez Stax, on s’éloigne sensiblement du Motörhead sound. La faute à
Ronson, maugréent quelques uns … hum, plutôt un cache-misère, un paravent à la
médiocrité des compos, dont une bonne moitié est à jeter sans autre forme de procès.
« Domesticated animals » est une ballade plombée et plombante, la
quasi gothique « Fortress » est introduite par des cordes, ce qui est
son seul intérêt, la pompière « Un-reborn again » réveille les
fantômes de Simple Minds et Boston, ce qui est loin d’être une bonne idée.
Mention particulière à un « Hideaway » sans queue ni tête avec ses
synthés über alles. A l’attention du sieur Homme qui il y a quelques lustres,
claironnait qu’il fallait « déclaptoniser » le rock,
« Hideaway » est un titre utilisé par Clapton (sur
"Blues Breakers with John Myall", rondelle d’un autre niveau que
« Villains »). Signe qui ne trompe pas, le titre placé en ouverture (« Feet
don’t fail me ») qui se doit de ferrer l’attention de l’auditeur est un
machin linéaire bruyant à grosses guitares après une longue litanie de synthés
hululants, un titre dont la structure initiale (où sont les couplets et le
refrain là-dedans ?) était bien inconsistante. Enfin, la ballade geignarde
qui clôture la rondelle aurait mieux sonné si Adele l’avait chantée, sans compter
que les avocats de feu Lou Reed peuvent trouver matière à procédure à l’écoute de
la ligne de basse, qui rappelle étrangement celle de « Walk on the wild side »
…
Homme commence à entrer dans l'ombre ... |
Il reste quand même quelques pistes bien foutues, sans
que l’on puisse pour autant s’extasier à leur sujet. Le rockab punky de « Head
like a haunted house », la remuante « The way you used to do », comme
du ZZ Top funky, le bon vieux méchant rock « The evil has landed » et son final
cuivré à la « Suffragette City » de Bowie. Ce qui fait quand même pas beaucoup,
et me fait penser, à l’opposé des aficionados de QOTSA, que ce sont les petits chichis
et gimmicks de Ronson, qui empêchent « Villains » de sombrer corps et
biens.
Va falloir se reprendre Mr Homme. Ça commence à faire
désordre … On est à la limite du poubelle direct …
Des mêmes sur ce blog :
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