…
Qui en plus d’être un titre des Stones des early 60’s, est comme chacun sait
(hormis les électeurs de Fillon, les sportifs, les jeunes de moins de
soixante-cinq ans, et quelques autres…), l’adresse du label Chess à Chicago.
Soit la référence du blues à son âge d’or, ou son apogée, comme on veut. Un
label dont les parutions, comme chacun sait (hormis les électeurs etc, etc, …),
ont fortement influencé quelques visages pâles anglais au début des 60’s. Y
compris ceux au sujet desquels dont il va être question, j’ai nommé Ladies
& Gentlemen, Mesdames et Messieurs et Autres, le plus grand groupe de rock
de tous les temps (le meilleur étant comme chacun sait, Kyo, voire à la limite
les Beatles), les ci-devant Rolling Stones. Cinquante deux ans et des brouettes
de carrière. Dont les dernières quarante années, comment dire … passées à
capitaliser sur le prestige des douze premières.
Car
quel homo sapiens muni d’oreilles en état de fonctionnement, peut trouver
intéressants, voire plus, les disques sortis par la Jagger & Co. Inc. depuis
au mieux, « Black & Blue », au pire « Exile … ».
D’ailleurs, conscients de leurs limites et d’une inspiration en cale sèche, les
Vieux Cailloux n’avaient sorti que deux disques studio en 20 ans, « Voodoo
Lounge » au milieu des 90’s et « A Bigger Bang » dix ans plus
tard. Et que ceux qui ont en mémoire un seul titre de ces deux galettes se
fassent connaître, ils gagnent une semaine de backstage pass pour les meetings
chamaniques ( ? ) de Sœur Emmanuelle Micron. Par contre, les Stones ont
beaucoup tourné, allant même jusqu’à racketter des Cubains ou des Chinois
consentants ( ? ), faisant paraître des Cds, Dvds, Blu-Rays live à une
cadence que même Pénélope F. n’arrive pas à suivre en matière de faux bulletins
de salaire.
Souriez, c'est pour la promo ... |
Et
les Stones, qui se détestent cordialement (enfin, surtout Jagger et Richards,
Ronnie servant d’interprète entre les deux, et Charlie entre deux cancers
regardant tout ça d’un œil amusé), n’étaient qu’une multinationale engrangeant
des millions de dollars au profit des quatre actionnaires majoritaires. On ne
sait par quel miracle ou accident, lors d’un conseil d’administration de la
holding Rolling Stones, en présence on s’en doute de dizaines d’avocats des
différentes parties en présence, la conception et la mise en marché d’un
nouveau disque studio furent mis à l’ordre du jour. Nom du produit :
« Blue & Lonesome ».
Evidemment,
les notes de la pochette de la chose nous parlent de jam bluesy en studio
impromptue et improvisée en présence du producteur Don Was. Lequel aurait
suggéré un disque de reprises de vieilleries blues plus ou moins inconnues.
Tope là, marché conclu, affaire bâclée en trois jours de studio, tout le monde live,
douze titres mis en boîte, zéro overdubs, etc, etc …, veuillez chers amis
passer à la caisse avec le dernier skeud des Stones …
Ouais,
… Hum … Je veux bien qu’on imprime la légende si elle est mieux que la réalité,
mais bon … Pourquoi avoir attendu un an (douze mois), avant de sortir la chose,
pourquoi ces titres extraordinairement bien en place ?
L’expérience,
la magie de l’instant ? Ou le travail minutieux, milliseconde par
milliseconde sur une batterie de Mac, de postproduction, comme on dit en cinéma ?
Tout ça pour arriver à faire sonner les cymbales de Charlie Watts comme des
casseroles sur lesquelles on cogne (sur « Just like I treat you »
notamment) ?
Et
vous avez vu ce qu’ils en disent dans la presse (la vraie, celle où on paye des
gens pour écrire des phrases avec sujet, verbe, complément et accord du
participe passé) ? « Blue & Lonesome » est une bouse
terminale, jouée par des vieillards en bout de course. J’ai vu ça dans
l’Express ou le Nouvel Obs, vous imaginez le sérieux et la compétence de l’analyse.
Y'a encore du monde pour nous voir ? |
Ben
moi je vais dire, ce « Blue & Lonesome », il est excellent, voire
plus. Le meilleur disque des Stones depuis « Black & Blue »,
voire « Exile … », et meilleur même que bon nombre de rondelles
sorties par le groupe entre 64 et 72 (quelqu’un pour défendre « Satanic
Majesties » ?). Parce que peu importe que les prises aient été
bidouillées et triturées par Was, Jagger et Richards, « Blue &
Lonesome », il envoie le bois. Et signifie à tout un chacun que le blues,
c’est pas forcément un truc tristos, monotone et chiant joué par un vieux Noir
aveugle et cocu. Les Stones jouent dans ce disque comme si leur carrière en
dépendait. Up tempo, le plus souvent. Avec une énergie punk. Oui, j’ai bien
écrit punk, ce genre musical dont tous les acteurs se plaisaient à dire en 77
« fuck les vieux Stones » (enfin, pas tous, Strummer et Jones étaient
beaucoup plus mesurés, sachant ce que le rock devait à la bande à Jagger et
Richards). Quarante ans après les faits, les Stones envoient le bois comme Dr
Feelgood. Un seul exemple, frappant au bout de quelques secondes sur n’importe
quel titre : Jagger chante en laissant tous ses tics et afféteries vocaux
au vestiaire, se fout le gosier minable. Et souffle à s’en faire exploser les
carotides dans un harmonica, ce qui lui était pas arrivé depuis … pff, plus que
ça, au moins.
Derrière,
les deux siamois, le Keith et le Ronnie, riffent, chorussent et solotent comme
s’ils voulaient se faire un nom dans le music business, Charlie Watts oublie
Gene Krupa et sort des breaks et des roulements dévastateurs. Les larbins
habituels, Darryl Jones, Chuck Leavell, Matt Clifford, sont discrètement
efficaces. Même un autre vieux de la vieille, Eric Clapton, qui soi-disant par
le plus grand des hasards enregistrait dans le studio à côté, qui a vu de la
lumière et est rentré triturer sa vieille pelle slide sur « Everybody
knows … », et sa Strat sur « I can’t quit you baby », oublie
pour une fois de se prendre pour un vieux débris pénible.
Souriez, les mecs, on est censé être potes ... |
Oui,
vous avez bien lu, les Stones reprennent « I can’t quit you baby » de
Willie Dixon certes, mais surtout pierre angulaire du 1er Led Zep.
Hasard ? Tu parles, Balthazar … Moi je vois plutôt ça comme régler de
façon définitive une vieille histoire de suprématie. Les Stones en 2016
viennent narguer le cadavre du Dirigeable. Leur version, quoique puissante et
couillue ne vaut pas celle de Plant et Page, mais semble leur poser la
question : « vous êtes où, les mecs aujourd’hui, à vous prendre le
chou pour savoir si vous allez vous reformer, venez-y voir, vous êtes cuits,
finis, nous on est toujours là et on vous emmerde … ».
Par
le ton, le son, et la rage déployées, « Blue & Lonesome » renvoie
cul par-dessus tête (ouais, même Neil Young) tous les collègues-concurrents,
qui la soixantaine largement entamée, continuent de faire du rock ou du moins
quelque chose qui y ressemble. Depuis combien de temps ZZ Top, par exemple, n’a
pas sorti un boogie de la trempe de « Ride ‘em down » ? Qui
après le lourd, lent et rustique « Hoodoo blues », ou la montée en
puissance et en tempo de « Little rain » a envie de se réécouter une
rondelle de S. R. Vaughan, ou pire, la dernière pleurnicherie bluesy de
Bonamassa, Poppa Chubby, Warren Haynes ou qui sais-je encore. Et ne me parlez
pas de Bertignac ou Paul Personne (deux types que j’aime bien, mais dont malgré
de louables et répétés efforts, j’ai jamais pu écouter une rondelle jusqu’au
bout), ou du groupe de belouze du copain auvergnat du cousin du neveu de votre
collègue de bureau. Et j’aurais même une question idoine à poser (non pas aux
Canned Heat, ils sont tous morts, Dieu merci), à Brian Setzer : depuis
quand il a pas sorti un rockab du niveau de « Just like I treat you ».
Et
encore, j’ai pas cité les deux meilleurs du disque, « Blue &
lonesome », le titre, et la tuerie blues-punk « I gotta go »,
qui va faire se gratter l’occiput au pourtant speedé Reverend Horton Heat
soi-même (par charité chrétienne, je ne ferai aucune allusion malveillante au
Jon Spencer Blues Explosion, vous savez, le groupe du type qui se prend pour un
Elvis énervé de Prisunic …)
Bon,
qu’est-ce que je pourrai encore vous dire… Que c’est Little Walter qui se
taille la part du lion dans la tracklisting (quatre titres), mais à la limite
on s’en fout.
Non,
ce qui est essentiel, c’est que là, fin 2016, les Stones ont sorti la suite de
« The Rolling Stones » ou « 12 x 5 ». Et qu’ils sont en
nets progrès. Retour vers le futur … Va encore falloir passer à la caisse avec
un grand disque des Stones sous le bras …
Des mêmes sur ce blog :
Des mêmes sur ce blog :
Bon, ben, tu sais ce que j'en pense... Du bien, aussi. P'tain, j'avais pas réagi à "I can't quit" et Led Zep !!! Comme quoi ça sert de lire la bonne presse...
RépondreSupprimerAprès, si on doit imprimer la légende ou la vérité (monsieur à des références), tu te doutes que je préfèrerais la légende. Mais pourquoi pour cette fois, la légende ne serait pas vraie ? On ne dit pas qu'il n'y a pas eu de répétitions (à priori ils jouaient 10 heures par jour, puisqu'ils étaient en session) mais que les prises sont lives, et qu'une ou deux ou trois ont suffi.
Ils en sont encore capables, zut. Ok, c'est pas un disque avec solos virtuoses et tout (ce que n'ont jamais été les Stones de toutes façons) c'est de la rythmique bien en place qui tourne rond, du gros feeling, et c'est la Jagger qui se paie tout le boulot.
Ils ont bien fait d'aller à Cuba, pays d'une certaine révolution, ça a du les inspirer... La leur, de révolution, elle a duré 54 ans, si on prend pour définition celle du Larousse: "Mouvement d'un objet autour d'un point central, d'un axe, le ramenant périodiquement au même point" si on prend comme axe le blues.Je me surprends à prendre plaisir à l'écouter, en effet Jagger fait tout le boulot, la rythmique est chrome, rien de nouveau sous le soleil (chez moi...) mais des fois c'est pas plus mal...
RépondreSupprimerConclusion : c'est dans les vieux pots ...
RépondreSupprimerLuc : tu me réciteras trois Kashmir et quatre Immigrant song ...
juan : L'entêtement de fillon, ça peut paraître révolutionnaire ?
Après Hollande la droite avait un boulevard, mâtiné catho, un estuaire. Mets toi 5 mn à sa place. Toute façon ils ont pas de plan b. Du coup, j'écoute les Stones, Led Zep et Big Sugar. Mais Chut...
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