Kate Bush, c’est impossible à ne pas reconnaître. Ne
serait-ce qu’à cause de la voix (quatre octaves, tout en haut des aigus). A
cause de la musique aussi, un peu, parce qu’elle œuvre dans un domaine assez
original. Et ce dès son premier disque, « The kick inside ».
Kate Bush, c’est un peu l’anti-star du rock’n’roll
circus. La fille de bonne famille, des années de danse classique, des cours de
piano. Et elle écrit des chansons. A
dix-sept ans, elle en aurait écrit plus de cinquante. Certaines sont mises sur
des cassettes que ses parents font circuler auprès d’amis musiciens. L’une de
ces cassettes échouera chez David Gilmour, obscur guitariste d’un groupe pas très
connu, Pink Floyd … On peut tomber plus mal d’entrée. Et donc Gilmour a les
moyens dès 1975 d’envoyer la gamine en studio enregistrer trois titres, dont
deux (« The man with the child … » et « Strange
phenomena ») se retrouveront sur « The kick inside ». Gilmour
fait signer Kate Bush chez EMI (ça n’a pas dû être trop difficile, ce sont eux
qui vendent les disques du Floyd), délègue un de ses amis, Andrew Powell, aux
fins de recruter des musiciens, et produire le premier disque de sa protégée.
Ce premier disque n’est pas là juste parce que c’est
une tocade de milliardaire du rock à qui sa maison de disques ne peut pas
refuser un petit service. Le Kate Bush Group se rode sur scène pendant deux ans
avant d’entrer en studio (où là ce seraient des requins de studio qui les
remplaceraient, prétend la rumeur). C’est à peu près la seule période de la
carrière de Kate Bush qui va ressembler au parcours de n’importe qui dans le
music-business. Après la sortie de ce disque, elle va à peu près jouer « le jeu » une paire d’années (un
peu de promo, quelques interviews, un disque par an, une tournée). Et puis
basta … Finies les interviews, les tournées, et en tout et pour tout neuf
« vrais » disques en trente cinq ans de carrière (un peu comme
Manset, elle retravaille à l’occasion ses titres pour des compilations).
« The
kick inside ». Le premier donc. Mais pas le meilleur. Même si on y trouve déjà tout ce
qui fera le Kate Bush style. La voix et le piano, les éléments de base chez
elle. Qui n’ont besoin de rien ni personne d’autre sur trois
titres (« The man with the child in his eyes », « Feel
it », « The kick inside »). Ensuite, pour le reste, un univers sonore original
et unique pour l’époque. Pour lequel on a souvent vu citer l’adjectif de
« féerique ». Où se mêlent des rythmes de comptine, de la musique
classique ou baroque, mais produits par une instrumentation « rock »
de base (guitare, basse, batterie, claviers), sur laquelle ne se greffent que
très rarement d’autres instruments. Allez savoir pourquoi (enfin, si, je sais,
à cause de quelques strates de musique classique ou planante, et la connexion
Gilmour-Floyd), les vilains progueux ont été nombreux à s’enticher de la Kate.
Ils ne furent pas les seuls, heureusement. Son premier 45T, l’a priori
totalement improbable « Wuthering heights » (d’après le bouquin du
même titre d’Emily Brontë) resta plusieurs semaines en haut des charts anglais
(et aussi d’ailleurs), alors qu’il échappe totalement à tous les standards et
formats de l’époque. Il écrase quand même un peu tout le restant de ce premier
disque. Beaucoup de titres sont construits de la même façon, et passé l’effet
de surprise, donnent un peu l’impression d’une formule trop systématiquement
appliquée (ces mélodies très cinétiques, témoin du passé dans la danse de la
Bush, cette ambiance elfique et pastorale, …) Les textes sont parfois assez
cryptiques (certains fins analystes ayant même décelé en « The saxophone
song » une ode à la masturbation et dans « Strange phenomena »
une allusion aux cycles menstruels), souvent des mots choisis plus par leur
musicalité que pour leur sens.
La pochette refusée par Kate Bush |
On sent tout de même dans « The kick
inside » une volonté (certainement la pression d’EMI, ils veulent bien
faire plaisir à Gilmour, mais surtout vendre du vinyle) de coller à l’air du
temps. Deux titres vaguement reggae (« Them heavy people » et
« Kite ») font un peu beaucoup aguicheurs pour coller à l’air du
temps, seront sans suite dans l’œuvre de Kate Bush et lui vont à peu près aussi
bien qu’un jean slim à Beth Ditto … Mais bon, bien que jeune et débutante, Kate
Bush ne s’en laissait pas toujours conter, elle a refusé la pochette
initialement prévue pour une très « orientalisante » (certainement un clin d’œil à son frère,
karateka de haut niveau et fan de culture asiatique, un frère dont elle était
très proche)
Toutes ces menues réserves ne sont valables que
parce qu’aujourd’hui on connaît la suite et les disques qui vont en permanence
s’améliorer jusqu’à son chef-d’œuvre « Hounds of love » en 1985. On
aimerait que toutes celles qui l’ont copié sans vergogne (je balance pas, tout
le monde le sait, la liste est même sur Wikipédia) aient pondu beaucoup de choses du
niveau de ce « The kick inside » …
De la même sur ce blog :
Oh Kate Bush...la maman de Bjork... Un bijou ce skeud!
RépondreSupprimerEn entendant la fifille, y'a des fois que je me dis que c'est dommage qu'elle ait pas avorté ...
SupprimerOh la la... Se forcer à dire du mal d'une des artistes favorites d'un de ses lecteurs jusque-là silencieux pour le faire sortir du bois en espérant qu'il réponde à cette provocation d'une bassesse inouïe... Mais c'est du racolage ?! :)
SupprimerC'était pour voir si tu allais bien, la canicule tout çà, faut se préoccuper de ses amis ...
SupprimerC'est une gentille attention mais vu la liste des prochains coms, ne t'étonnes pas si je fais le mort... Duke Ellington ??? Du jâââââââââââzz ???
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