Un disque bâclé
Pourtant, à une époque où sortir un disque (voire
plus) par an était chose courante, ils s’étaient pas précipités, les
Heartbreakers de Tom Petty, avant de revenir en studio. Ils avaient attendu
deux ans, manière de digérer le gros succès de leur première galette éponyme.
Et bizarrement, ce « You’re gonna get it » sonne bâclé, plus carte de
visite démonstrative, qu’album accompli, pensé, écrit …
D’abord il n’y a rien du niveau de
« Breakdown » ou « American girl », qu’on trouvait sur le
précédent, ces hits parfaits qui avaient lancé la carrière de Petty. Avec
« You’re gonna get it » (pff… rien que ce titre, et cette pochette
hideuse, genre groupe de hair metal des 80’s, tout sonne bâclé), on a
l’impression que le groupe, stupéfait des progrès techniques qu’il a accompli
en sillonnant pendant deux ans les States, s’écoute jouer. Du genre « hey,
t’as vu comment je te prends ce solo et toutes les notes qu’il y a ». Du
genre aussi « on assure tellement qu’on va pas s’emmerder à faire
cinquante prises, on en fait trois, on garde la meilleure et basta … ». Sauf
que quand on joue de la power-pop, du rock couillu mais mélodique, on joue deux
genres qui ne supportent pas l’approximation, et le dilettantisme se repère
vite.
Il n’y aurait pas cette prétention technique plus
m’as-tu-vu que réellement impressionnante d’ailleurs, on pourrait presque à
cause de cette ardeur et de cette rage juvénile mal canalisées, qualifier ce
disque de punk, galaxie musicale dans laquelle certains ont paresseusement et
surtout bêtement étiqueté les débuts de Tom Petty. Hum… ils ont dû confondre
avec les autres Heartbreakers, ceux de Johnny Thunders, tant il est évident que
Petty est un traditionaliste, voire un centriste musicalement … Ne rien
chercher non plus dans cette galette quoi que ce soit qui s’apparente de près
ou de loin au folk-rock d’un Dylan, aux harmonies vocales et aux mélodies des
Byrds, gens que Petty vénère. Les références à ceux-là viendront plus tard.
Ici, c’est le domaine du gros rock qui tâche, mais
sans beaucoup de choses qui s’incrustent dans la mémoire. A sauver de ces dix
titres (pour moins de 30 minutes, ils se sont vraiment pas décarcassés)
« Too much ain’t enough » et « I need to know », deux rocks
enlevés, concernés et sans fioritures, ainsi que « Listen to her heart »,
annonciateur du Tom Petty sound qui fera sa fortune sur les disques suivants,
et qui contient quelques bribes mélodiques semble t-il issues du « Needles
and pins », le classique de Sonny Bono et Jack Nitzsche, un titre qui
figurera souvent dans le répertoire live de Petty, ceci expliquant sans doute cela.
Quand au reste de ce « You’re gonna get
it », à mon avis, on peut le zapper … Heureusement pour lui, Tom Petty se
remettra vite sur de meilleurs rails, changera de maison de disques et publiera
l’année suivante son premier grand chef-d’œuvre, « Damn the Torpedoes ».
Des mêmes sur ce blog :
Damn The Torpedoes
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Damn The Torpedoes
Ouais, t'aurais du faire Damn the Torpedoes à la place.
RépondreSupprimer(arrête avec centriste, je te jure, on dirait que tu fais la campagne du modem. Petty c'est du classic rock quoi).