DAVID ZUCKER - Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LA REINE ? (1988)


 ZAZ ...

Les ZAZ (soit les initiales des frangins Zucker - David et Jerry - et de Jim Abrahams) sont une institution de la comédie filmée made in USA et le gros (gras) rire américain des années 80 porte leur empreinte indélébile. Ils ont commencé avec leur meilleur film, « Airplane ! » (« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » par ici), enchaîné séries télé et films avec un succès public jamais démenti mais qui a eu tendance à s’étioler la fin de la décennie venue.

Leslie Nielsen & David Zucker

Leurs films n’en sont pas vraiment (au sens Ingmar Bergman du terme s’entend, même si je ne pense pas que leurs spectateurs aient la moindre idée de qui peut être Ingmar Bergman), c’est une succession quasi ininterrompue de gags. Quelques uns géniaux, d’autres réussis, mais aussi une longue litanie de vannes plus ou moins lourdingues.

« Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ? » (The Naked Gun » en V.O.) n’échappe pas à la règle. Ça démarre sur les chapeaux de roues avec une scène introductive (sans aucun lien avec le reste du film), pastiche délirant des opening acts de James Bond dans laquelle l’inspecteur Debrin (Leslie Nielsen) fait avorter une réunion de chefs d’états terroristes à Beyrouth (en fait, juste une vue aérienne de la ville, tout a été tourné à Los Angeles). On y voit Debrin boxer Gorbatchev (et lui essuyer la tache en forme de Vietnam sur le front), l’ayatollah Khomeini (qui sous son turban est coiffé d’une iroquois orange), Kadhafi (avec un énorme pin’s faisant la pub d’un régime minceur), Idi Amin Dada, Yasser Arafat. Ce genre de scène est visuellement drôle, mais c’est pas le problème. J’aimerais savoir qui dans le public américain était capable de mettre un nom sur tous les visages (quand on sait l’ignorance et le mépris des ricains pour tout ce qui est « politique étrangère ») et surtout l’amalgame un peu trop facile des ZAZ pour réduire tout le monde non yankee à des « terroristes » (Gorbatchev et dans une moindre mesure Arafat « terroristes », z’êtes sûrs les gars ?) …


Enfin, tout ça n’est qu’un hors d’œuvre pour Debrin qui de retour à LA va se retrouver confronté à une tentative d’assassinat de la Reine d’Angleterre en visite officielle. Evidemment, la Queen Mom (ou plutôt son sosie cinématographique officiel, l’Anglaise Jeannette Charles) s’en sortira saine et sauve et le méchant comploteur en chef finira laminé sous un rouleau compresseur (je spoile pas, tout le monde a vu le film, même les fans de Bergman). Et entretemps Debrin aura trouvé l’amour de sa vie, une femme à tout-faire du comploteur, sous les traits de la veuve du King herself, Priscilla Presley …

Simpson, Nielsen & Kennedy

Bon, faut pas demander aux ZAZ de mettre en scène un gag par minute et d’avoir la minutie du cadrage d’Ingmar Bergman (‘tain, tu vas nous lâcher avec Bergman). D’ailleurs ils l’avouent eux-mêmes dans les bonus du Dvd (ton très potache, là aussi une joke plus ou moins réussie par minute, ça finit par lasser), les raccords approximatifs et les gags pourris, c’est pas ça qui les empêche de dormir … Je veux bien, mais ça se voit très bien lors du dernier tiers du film dans le match de baseball. Y’a qu’une poignée de figurants dans le stade, les vues d’ensemble des gradins bondés proviennent d’autres stades. Par contre, il paraît que ce sont deux vraies équipes pros de baseball et que le « tueur » est une star de ce jeu. Ce qui montre les limites du machin hors des States. Qui hormis le redneck de base entrave quelque chose à ce foutu jeu de balle … pas tous en même temps pour un résumé succinct des règles, hein …

Priscilla Presley

Le film est donc réalisé avec les pieds par David Zucker et il a écrit le scénar avec son frangin, Abrahams et un certain Pat Proft. Il paraît que c’est un démarquage d’une série (« Police Academy ») qu’ils ont créé au début de la décennie et dans laquelle Nielsen tient un des rôles principaux. Lequel Nielsen en couillon imprévisible, est aussi crédible en flic que Christian Clavier, les grimaces defunésiennes en moins. Le supérieur dans le film de Nielsen est par contre un acteur reconnu (George Kennedy), oscarisé pour un second rôle dans « Luke la Main Froide ». Il y en a aussi un qui a un second rôle (O.J. Simpson) et qui deviendra une star (mais des vrais tribunaux avec ses procès à rallonge hyper médiatisés). Quant à la Priscilla, elle a ma foi la quarantaine gironde et un look copié-collé de celui de Kim Basinger dans « Boire et déboires » sorti l’année d’avant …

Ah, et oui, le coup de la belle fourrure quand Nielsen mate sous sa jupe alors qu’elle est montée sur une échelle, est moins pire que ce à quoi on pourrait logiquement s’attendre …