Je me souviens, je me rappelle … de ce blondinet timide,
chantant les mains dans les poches des histoires d’encre bleue et de carnets à
spirale. C’était quand la télé commençait à être en couleurs, et on y voyait
quelques fois le Sheller pousser la chansonnette chez Drucker ou les Carpentier,
entre les tocards habituels, tous ces Charles Bécaud, Gilbert Aznavour, Mireille
Lama et Serge Mathieu… Il avait l’air de se demander ce qu’il foutait là, et de
s’y emmerder royalement …
Et puis, il a eu son quart d’heure de gloire vers la fin
des 80’s, quand tout seul avec son piano, on le voyait quelques fois dans des
shows télé (un peu) moins honteux, chanter de mignonnes chansons tristes. Et
comme il disait, il devait être un homme heureux …
Pour moi, c’était un de ces sous Polnareff comme la variété
française en pond un tous les cinq ans, avant de passer au suivant … ce qui ne
l’avait pas empêché de sortir quelques trucs risibles, au premier lieu desquels
l’impérissable ( ? ) « Rock n’ dollar » (« Donnez moi
Madame s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger … »), fallait y
penser … Et surtout pas avoir peur du ridicule, Sheller étant aussi rock’n’roll
que, au hasard, Macron … C’était dans ses débuts de carrière, il devait se
chercher, et allait retenir la leçon, le rock c’était pas fait pour lui …
Ben non … Voilà t-il pas qu’en pleine vague grunge
(retombante), il se paye un séjour aux cossus studios Ridge Farm, dans le cossu
Surrey, studios qui ont vu défiler du beau monde (Bad Company, Roxy Music,
Queen, Prefab Sprout, Bowie-Tin Machine, …), ou pas (Jethro tull, a-ha, Frankie
Goes to Hollywood, OMD, …). Sheller recrute quelques requins anglais (inconnus)
et met en chantier un disque de rock … Je sais pas ce qui lui passait par la tête
et je m’en fous, mais force est de reconnaître que c’était pas une bonne idée
du tout.
Ce « Albion » fruit de ces séances, est atroce.
Les compos sont pas mauvaises en soi, Sheller est capable de trousser de belles
constructions mélodiques, mais une fois passée par les pattes de cette joyeuse
( ? ) équipe, c’est d’une navritude (inutile d’écrire à Blanquer, je sais
que c’est un mot qui existe pas, je suis dans ma période Ségolène – feu Chirac
qui étaient coutumiers de ce genre de créations, mais qui eux faisaient pas
exprès) absolue.
On retiendra de cette horreur sonore un jeu de batterie
herculéen qui recycle les plus mauvais plans du rock FM (la Benatar, Foreigner,
Toto, le Van Halen des mauvais jours), et un guitariste imbécile, certainement
payé à la note, qui à la moindre éclaircie, se lance dans des solos imbéciles
de technique vaine. Sheller, préposé à tout ce qui a des touches blanches et
noires, n’est pas en reste, et s’efforce de sonner comme tous ces types qui au
début des 80’s jouaient des synthés à un doigt … alors que le William est
capable d’utiliser les dix …
Les coupables ... |
Qu’il veuille sonner « rock », c’est son
problème. Le problème, c’est que le rock, il y connaît rien. Dans les moins
mauvais moments, ça sonne comme Jethro Tull ou le Genesis des 80’s, c’est dire
l’ampleur des dégâts … on ne s’étendra pas par charité sur sa prestation
vocale, c’est pas un hurleur, et pour faire entendre sa voix au milieu de tout ce
raffut, il n’a rien trouvé de mieux que de la gonfler en la passant par tout un
tas de filtres ou de vocoders …
Sur le podium des horreurs, médaille de bronze pour
« Silfax », entre reggae et calypso (faut oser, avec un band qui
swingue comme un régiment d’enclumes), titre pendant lequel le guitariste se
« surpasse » (no comment). Médaille de bronze pour « Maintenant
tout le temps » entre Gold (« Ohééé ohééé capitaine abandonnééééé » »)
et une face B de Foreigner. Médaille de chocolat décernée à
« Excalibur », titre dont il avait fait une version celtique qui
n’arrivait pas à la cheville de Manau (les Alan Stivell des malentendants) et
qu’il nous ressert là façon rock (enfin, à sa façon à lui), et « agrémentée »
d’un clip très Mylène Farmer (les jolies fesses en moins), heureusement (?) introuvable sur TonTube.
En fait, il faut avoir le courage - « Albion »
dure une heure (putain, une heure) – d’arriver au dernier titre le bien nommé
( ? ) « Relâche » pour
trouver quelque chose ressemblant à du Sheller « d’avant », c’est-à-dire
écoutable quand on a vraiment rien de mieux à faire.
Y’avait longtemps … poubelle direct …