Il s’est vendu du premier album de Madonna plus de dix
millions de copies … mais pas quand il est sorti … en fait il en a commencé à
se vendre après le carton de « Like a Virgin » tout le monde était demandeur
de quelque chose estampillé Madonna …
Question : Ce « Madonna » fut-il un chef-d’œuvre
ignoré lors de sa parution ? Réponse lapidaire : Non.
Résumé de l’affaire. Madonna, née Madonna Louise Ciccone
dans le Michigan, fait partie d’une famille nombreuse de la petite bourgeoisie
italo-américaine chrétienne. Attirée un peu par la musique et beaucoup par la
danse, elle rêve d’une vie artiste, ce qui n’est pas du goût de son veuf de son
père avec lequel elle rompt pour tenter sa chance là où tout se passe, à New
York. Le rêve américain classique que des millions de mecs et de nanas ont
essayé de concrétiser … Madonna a réussi.
Parce qu’elle avait du talent ? Ouais, certes, il en
faut un minimum. De la chance ? Aussi. Mais surtout elle était au bon
endroit au bon moment et a su prendre son destin en main…
Louise la Brocante ... |
L’histoire (la légende ?) la prétend arrivée à New York
avec juste quelques dollars en poche, et un début de parcours pour le moins
difficile (cambriolages de son appart, viol, galères en tout genre …). Elle recherche
des petits boulots alimentaires (danseuse, figurante de porno soft), tout en
apprenant vite … elle comprend qu’il faut être vue dans les endroits branchés
et fréquente assidûment la discothèque Danceteria. Et pour être sûre de ne pas
passer inaperçue, elle se crée un look sexy et déluré, à base de nombril à l’air,
de sous-vêtements apparents et de ribambelles de bracelets, colliers et autres
colifichets de pacotille.
Elle se rend compte que plutôt que la danse, c’est la
musique qui peut la faire réussir. Elle chante juste, d’une voix très aigue
manquant de coffre, et donc pourquoi ne pas sortir un disque … Elle commence à
la batterie ( ?! ) dans un simili groupe de rock, Breakfast Club, mais
très vite enregistre seule des maquettes de titres qu’elle a composés (« Everybody »
et « Burnin’ up » qui figureront réaménagés sur « Madonna »
et « Stay » que l’on retrouvera sur « Like a Virgin »).
Comme elle connaît bien à force de fréquenter l’endroit
le personnel de la Danceteria (les DJ et le remixeur John « Jellybean »
Benitez) ses titres finiront par passer dans la sono de la boîte, elle sera
présentée à quelques types de maisons de disques, avant que Seymour Stein la
signe sur son label Sire et l’envoie en studio enregistrer un premier album.
Madonna aime les sucettes ... à l'anis ? |
En 1983, Madonna n’est plus exactement une perdrix de l’année
(elle a vingt-cinq ans), mais elle a tout à prouver. Elle choisit d’enregistrer
essentiellement ses propres compositions et la joue profil bas. Elle n’est pas
un objectif commercial de Stein, et va donc se limiter à un disque de dance
music, le seul genre qu’elle maîtrise à peu près.
« Madonna » a tous les terribles défauts de ces
rondelles mainstream sorties à cette triste époque, les schémas rythmiques
hypertrophiés du disco mourant, et des myriades de synthés analogiques censés
faire moderne. Difficile de faire plus crétin que l’intro de « Lucky Star »,
plus remplissage que tous ces « I know it », « Physical
attraction », « Think of me ». Difficile de ne pas voir dans la
guitare hardos à la Van Halen (qui n’était pas sur la maquette ni non plus sur
les remix du titre) de « Burnin’ up » une tentative de faire son
petit « Beat it » de Michou Jackson qui affolait alors les hit-parades…
Difficile aussi d’appréhender la correcte chanteuse qu’elle deviendra, alors qu’elle
est là confinée dans les aigus hurlés et secondée par des choristes …
« Madonna » ne sera même pas un succès d’estime,
quelques titres seront testés dans les boîtes de nuit new-yorkaises, Sire
essaiera sans conviction de sortir quelques 45T et EP de remixes, et le disque
s’acheminera lentement mais surement vers les bacs à soldes …
« Like a Virgin » l’année suivante va changer
la donne et désormais trois titres de ce « Madonna » figurent dans toutes
les compiles de la superstar. « Lucky star », assez vilain malgré
tout, « Holiday » qui rétrospectivement a tout du single évident, ode
à l’hédonisme, à la party permanente et au sea, sex and fun. Et la vraie (et
seule) très bonne chanson du disque (« Borderline »), ballade pop majuscule,
même si un peu beaucoup gâtée par des arrangements datés et vulgaires …