Ils t’entraînent au bout de la nuit, les démons de
minuit … ça fout les jetons, hein… ben Peter Hammill, c’est un peu pareil. Rien
qu’à voir son nom, ou celui de son groupe Van der Graaf Generator, n’importe
qui d’à peu près normal (ce qui exclut gilets jaunes, sympathisants LaREM,
supporters du Qatar St-Germain, chasseurs à courre, joueurs de golf, numismates
et clients de McDo, liste entière contre intégrale de Led Zep en premier
pressage vinyle état mint), se doit de détaler au plus vite. On est censé se
retrouver en face d’un type qui faisait du prog différent, mais enfin du bordel
de fuckin’ prog quand même. J’ai réussi à passer plus d’un demi-siècle de
nuisances sonores en évitant soigneusement d’exposer mes fragiles conduits
auditifs à VdGG (et je compte bien persévérer), mais bon, Peter Hammill je me
suis laissé tenter.
Sur la seule foi de déclarations moultes fois
répétées de John Lydon, gueulard des Pistolets Sexuels, vomissant à tue-tête
que Peter Hammill était le chanteur qui l’avait le plus influencé et que c’était
lui le vrai ancêtre de tout punk digne de ce nom. Conclusion, que tout le monde
devrait connaître : John Lydon est un con, mais sur ce coup-là, il a pas
tout faux. Même s’il faut de sacrées contorsions cérébrales pour ranger sur la
même étagère les – au hasard – Ramones et Peter Hammill.
« Nadir’s … » est avec une paire d’autres
(« Fool’s mate », « In camera ») s’il faut en croire les
spécialistes des disques qu’il ne faut jamais avoir écouté dans sa vie, une
rondelle représentant ce qu’Hammill a fait de mieux. Parce que Hammill, tel une
sorte de Rod Stewart – Faces prog, sortait en même temps des disques solo et des
disques de son groupe. Tout ça parce qu’étant le principal compositeur, en plus
d’être chanteur et guitariste, et d’avoir un caractère de cochon, il n’en
faisait qu’à sa tête (de lard), et que s’il avait fait où on lui disait de
faire, il aurait été plus célèbre et plus riche que Phil Collins et Genesis
réunis …
« Nadir’s … », moi j’aime bien. D’abord
parce que ça a peu à voir avec le funeste prog, et puis parce que le mec Hammill, il a une présence
vocale qui marque son territoire. Capable de chanter dans des registres très
différents, et d’habiter ses chansons. Et puis, il est capable d’envoyer le
bois (le morceau-titre, « Open your eyes », « Birthday special »),
s’appuyant sur de gros riffs de guitare, parfois doublés par un sax.
On pense au glam-rock qui commence à partir en
sucette en 75, parfois à Alice Cooper (le phrasé malsain et psychotique, comme
sur « Nobody’s business), d’autre fois à Scott Walker (ou Jacques Brel, les
folk-blues morbides du Belge rameutent de nombreux fans qui le reprennent, de
Bowie à Ange, en passant par Steve Harley) sur « Shingle song », par
ailleurs superbe ballade, moins évidente que la fabuleuse « Been alone so
long », pour moi le sommet du disque. Et évidemment, toutes ces parties
chantées qui inspireront très fortement, c’est le moins qu’on puisse dire le
Rotten cité plus haut (« Nadir’s big chance », ou « Birthday
Special » qui aurait pu figurer tel quel sur « Nevermind the bollocks »).
On n’échappe pas aux tristes marqueurs du prog (le
concept fumeux de l’album construit autour de Rikki Nadir, double de Hammill, « People
… », le final pénible de « Airport » aussi pénible que du
Radiohead à venir, le trop long « Two or three spectres », dernier
titre du skeud et manifestement titre de trop.
Pour ceux qui sont pointilleux, on précisera que la
plupart des titres ont été écrits avant la formation de Van der Graaf
Generator, ou qu’ils avaient été laissés de côté par le groupe.
Pas l’épiphanie, mais une bonne surprise inattendue …