Un groupe de djeuns qui regardent dans le
rétro ? Ben ouais … Forcément, y’a plus que ça comme solution, se référer
à des temps plus ou moins lointains qui rockaient et roulaient, parce que
inventer quelque chose, il semblerait bien qu’on ait fait le tour de la question
depuis bien longtemps.
Twin Peaks 2014 |
Ceux-là, les Twin Peaks, Américains de Chicago, ils
sont pas forcément meilleurs que d’autres. Ils ont juste l’air moins engoncés dans
un trip de moine copiste, à savoir qu’ils font pas une fixette sur un son, un
genre ou une époque bien précise. En d’autres termes, ils se croient pas en 67
ou 73 … Ils sont peut-être plus fûtés que d’autres pour se faire remarquer.
Avec leur nom qui renvoie à une célèbre série d’un des types qui comptaient
vraiment dans le cinéma des années 80-90, et une pochette visiblement
extrapolée d’un des disques (« Wild Honey » 1967) de la période
triste-dépressive des Beach Boys de Brian Wilson. Pourquoi pas aussi une allusion
à « Wild honey pie » et « Glass onion », deux morceaux à
messages énigmatiques de Lennon sur le Double Blanc… Juste des clins d’œil,
parce qu’il n’y a rien dans ce « Wild onion » qui fasse songer à
Badalamenti, Julee Cruise, de la sunshine pop cafardeuse, ou aux Fab Four …
Non, juste seize titres, pour pile 40 minutes,
autant dire que les Twin Peaks ne donnent pas dans le prog tarabiscoté, mais
pas non plus dans le punk speedé et crétin. Y’a de la recherche, des envies de
construire des chansons plutôt pas mal foutues (ça fonctionne assez bien dans
la plupart des cas), de mettre en place des « climats », des
« ambiances » (là, c’est un peu plus problématique). Il me semble qu’ils
sont plusieurs à chanter (ou alors y’a un super caméléon au micro), et tout ça
est emmené par un batteur pousse-au-cul qui me fait beaucoup penser au Keith
Moon des early Who …
Twin Peaks 2015 : la famille de nerds s'agrandit |
Ces minots (tout juste la vingtaine sonnée) se
prennent pas trop le chou, et font visiblement les morceaux qu’ils auraient
aimé entendre chez les gens qu’ils aiment bien. Alors forcément, y’a de la
référence qui pointe le bout de son nez, on peut au détour d’un titre, d’un
son, d’un gimmick, d’un arrangement, voir apparaître l’ombre des Who (« I
found a new way »), des Byrds (« Mirror of time »), des Beach
Boys (« Sloop Jay D » !!!), d’Oasis (à plusieurs reprises), de
Tom Petty (l’étonnant et frappant « Sweet thing »), de Roxy Music (le
sax de « Strange world »), d’un T.Rex doo-wop (« Mind
frame »), … C’est assez marrant, souvent bien vu, d’une qualité largement
supérieure à la moyenne …
Pour moi, y’a quand même quelques petits problèmes …
On saisit pas très bien où ils veulent en venir, ça part un peu trop dans tous
les sens, et dans un monde musical où tout est de plus en plus hyper-formaté,
vont avoir des soucis, les Twin Peaks, pour trouver une chapelle qui veuille de
tels messies … Ensuite, ça se délite quand même à mesure que les titres passent,
les premiers titres surclassent ceux du milieu
et de la fin, on a l’impression que malgré sa durée modeste « Wild onion »
souffre du syndrome du remplissage forcené … Ces jeunots risquent de devenir les
Hives de leur génération, brillants mais tournant vite en rond. Et contrairement
aux Suédois, ils n’ont pas pour le moment ni l’image cartoon ni une major derrière
…