Non, les Asteroid #4 ne sont pas des requins pragmatiques
qui sortent un disque pour profiter de la couverture médiatique du tas de
ferraille qui s’est posé sur un tas de cailloux dans l’espace. Le groupe existe
depuis longtemps dans une certaine confidentialité (les types auraient des
« vrais » boulots à côté), et a sorti quelques disques qui aux dires
de ceux qui les ont écoutés partent dans tous les sens et tous les genres.
Ce skeud éponyme (manque d’imagination ou volonté
d’affirmer et d’affiner leur vraie nature musicale, euh … on s’en fout), comme
son nom le suggère, est plutôt à ranger dans la catégorie space rock, même s’il
y a plein d’autres choses. Ce machin vomi du néant aurait pu être génial si ses
auteurs ne s’étaient pas embourbés à deux reprises (« Mount Meru » et
« Ode to Cosmo ») dans deux saletés hindouisantes qui auraient sans
doute ravi Shankar (que ceux qui n’ont pas compris écrivent à la rédaction, ils
gagnent un sitar d’occasion …). Ces deux titres qui empestent patchouli, encens
et méditation au fond de l’ashram foutent tout en l’air.
Parce que le reste, c’est du bon. Du tout bon. Et parfois
même du lourd, du très lourd. Les fans d’Hawkwind pourraient bien voir se
dresser leurs poils blanchis à l’écoute de « Rukma Vimana » ( ?
) et « Revolution prevail ». C’est du niveau de ce qu’on entendait
sur « Space ritual » et « Do Re Mi … », ces riffs lourds
qui tournent en boucle dans une ambiance heroic-fantasy gorgée d’amphétamines,
quand la bande à Lemmy et Dave Brock lessivait les troupeaux de hippies et de
freaks venus se prendre des shoots de watts et de stroboscopes en pleine poire
vers 72-73.
Les Asteroid #4 adoucissent parfois le propos, ça reste
spatial, mais c’est plus léger, plus éthéré dans la lignée de Spiritualized et
Spacemen 3 (leur nom serait un hommage au groupe de Jason Pierce et Peter
« Boom » Kember, et indéniablement de nombreuses similitudes
existent). Il y a un côté mystique, zen halluciné, bab planant, parfois
floydien qui émerge de titres comme « The river », « Back of your
mind », « Yuba ».
Et puis, pour confirmer l’aspect puzzle sonore qui a fait
leur « réputation », deux merveilles de chansons, étangs sonores
paisibles au milieu d’océans plutôt agités.
« Ropeless free climber » c’est de la pop mystique ( ? )
construite autour d’un funeste sitar et là, ça sonne juste parfait. Et puis ce
qui est pour moi le sommet du disque, l’extraordinaire « The windmill of
the autumn sky », country-rock-americana-machin, c’est du niveau de Wilco
avec la fragilité du Neil Young du début des 70’s, totalement irrésistible.
Pas sûr cependant que même avec leur jolie pochette
influencée par « Space ritual » et le lettrage de celles du Grateful
Dead, les Asteroid #4 attirent le troupeau des nostalgiques 70’s …
En écoute et plus si affinités ici
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