Non, comptez pas sur moi, faut pas déconner … Tout
chez ces types sonne faux. Pensé, pesé, réfléchi. Le retour sur investissement
attendu (y’a de la thune derrière, in fine celle de Sony, qui finance leur
label prétendu indépendant Relentless).
« Melophobia » de Cage The Elephant …
Juste Ciel, peut-on faire plus neuneu que pareils intitulés ? … enfin,
passons … passons aussi sur la pochette, on dirait celle de
« Albion » de William Sheller relookée par un trisomique … Ces types,
le coup d’avant (« Thank you happy birthday »), ils se prenaient pour
Nirvana et tous les chevelus grunge. Aujourd’hui, ils font de la power pop,
genre Blondie dans les années 2000 ou Strokes des années 80 … ou le contraire,
peu importe … Comme à peu près tout le monde, incapables de créer, ils imitent.
C’est la tendance depuis presque trente ans, faut faire avec… ou sans, on n’est
pas non plus obligé de se fader tous ces ersatz de pacotille …
Et malgré mes airs d’incorruptible, je suis parfois
preneur de ce genre de choses. Quand c’est bien fait, quand on sent une
démarche de fans, de types qui sont à fond dans le truc, dans leur truc … Mais
les Cage Machin, à l’instinct, c’est juste des branleurs qui veulent réussir à
refiler du skeud, et sont prêts à tout pour çà, y compris donc à changer leur
fusil d’épaule à chaque rondelle.
« Melophobia », il est même pas mauvais…
Juste sans intérêt. Derrière chaque note, chaque mesure, chaque couplet, on
sent le brainstorming pour que ça sonne comme ceux-ci ou ceux-là… Le prolo du
dimanche Lavilliers il disait que la musique est un cri qui vient de
l’intérieur. Les Cage Bidule, ils préparent de la musique comme les mecs en
blouse blanche des labos Monsanto nous préparent la bonne bouffe OGM de
demain.
Ce « Melophobia », il peut même résister
aux critiques. Parce que c’est bien fait, on peut pas le leur enlever.
Totalement pute, mais bien fait. Y’a même des morceaux qui pourraient faire des
hits pas trop honteux (« Come a little closer », le plus évident,
mais pourquoi pas aussi ce « Hipocrite » plein d’arrangements et de
gimmicks malins). Il y a aussi beaucoup de choses d’une vulgarité crasse … Ah,
ce « Take it or leave it », on Dirait Début de Soirée (« et tu
chantes, chantes, ce refrain qui te plaît … » spéciale dédicace à tous les
connards sourds qui trouvent géniales les années 80) qui reprendrait Chic ou
Blondie … Et puis, cette voix du type qui chante (je veux même pas savoir
comment il s’appelle) geignarde dans les aigus (« Telescoped») comme du
Thom Yorke shooté à l’hélium … Et pourquoi avoir recours à une vraie section de
cuivres, si c’est pour les faire sonner comme des synthés sur « Black
widow », dommage, ce titre serait presque une amusante parodie des thèmes
des James Bond des années 80 …
Pourtant, je veux bien croire ces types sont pas
trop cons à la base, ils sont même capables de pondre un titre intéressant, en
l’occurrence « Teeth » qui mêle de façon étrange boucan grungy, rap
metal, sax free stoogien et final beefheartien … un numéro d’équilibriste
sonore certes idiot, mais bizarrement plutôt réussi …
Un peu tout le paradoxe de ces types … comme leur
parcours géographique d’ailleurs, ayant quitté les States (ils viennent du Kentucky,
terre des ploucs sudistes, voir les Kings Of Leon) pour Londres … On les sent
capables de faire de bons trucs, mais là ils m’ont l’air complètement
maraboutés par toute une armada de managers, conseillers marketing, agents de
communication, toute cette faune de parasites incompétents qui gravitent dans
le milieu musical … lâchez-vous, les mecs, faites votre truc, et envoyez bouler
tous ces tocards, le résultat sera peut-être bien meilleur …
Et une énigme pour finir. Y’a Alison Mosshart (oui
oui, celle des Kills et de Dead Weather) en guest sur un titre. Que celui qui a
des indices sur le pourquoi du comment de cette apparition saugrenue sur cette
rondelle le fasse savoir, il n’y a rien à gagner …