Sex & soul ...
« Let’s get it on » est le … pff, j’en sais rien, le
énième disque de Marvin Gaye, les arcanes de ses publications lorsqu’il ne
s’était pas encore émancipé de la Motown, sont assez confuses. Autant s’en
tenir à sa « carrière solo » (toujours chez Motown, c’est pas simple
son affaire), là c’est le troisième. Après l’énorme « What’s going on »,
et une B.O. (« Trouble man ») oubliée et oubliable d’un film oublié
du même nom.
« Let’s get it on » va marquer un nouveau
virage dans la discographie de Gaye. Hormis une vague similitude des titres
d’album, rien à voir avec « What’s going on », qui était un disque
sinon franchement militant et revendicatif, du moins en phase avec son temps.
Avec « Let’s get it on », Gaye se « désengage », redevient
ce qu’il n’avait en fait jamais cessé d’être, un chanteur de charme. Tout en
évoluant dans ce registre. Après le beau gosse des débuts, l’amoureux romantique
(ses duos avec Tammi Terrell), le play-boy désabusé trentenaire, place avec
« Let’s get it on » au séducteur forcené, au serial niqueur.
« Let’s get it on » est un disque fait
pour la baise, un disque qui ne parle que de baise. D’une homogénéité qui
pourrait sembler rébarbative au premier abord. Tous les titres ne sont que
balancement langoureux, funk très lent, soul lascive. Des cuivres doucement
jazzy, des voix, des râles, des chœurs féminins extatiques. D’un morceau à
l’autre, les variations sont infimes, et la voix tout en caresses soyeuses est
leur dénominateur commun le plus frappant. Marvin Gaye veut plaire, veut leur
plaire …
« Let’s get it on » le morceau sortira en
single avec un joli succès, suivront plus bas dans les charts « Come get
to this » et « You sure love to ball ». Mais dans ce disque de
titres siamois, beaucoup plus concept-album que collection de chansons, c’est
l’homogénéité de son et de ton qui prévaut. « Let’s get it on » est
un tout, à mon sens insécable …
« Let’s get it on », s’il n’est pas à
proprement parler révolutionnaire dans la carrière de Marvin Gaye, va se
révéler crucial dans sa vie. Chez Gaye peut-être plus que chez n’importe quel
autre chanteur, la vie privée se retrouve mise en avant dans les disques. Il
faut donc signaler que c’est lors des sessions de « Let’s get it on »
qu’il va rencontrer Janis Hunter (16 ans, lui en a 33), en tomber fou amoureux
(il existe une version « DeLuxe » du disque, les prises avant et
après la rencontre des tourtereaux, les différences, notamment la voix de Gaye
sont paraît-il édifiantes), lui faire deux gosses dans la foulée. Petite
précision : Marvin Gaye est alors marié à Anna Gordy, son aînée de
dix-sept ans mais aussi sœur de Berry Gordy, fondateur, patron, et donc
employeur de Gaye. Les disques suivants « I want you » (pour Janis
Hunter) et « Here, my dear » (le terrifiant disque noir « du
divorce ») seront les prochains épisodes de la saga amoureuse de Marvin
Gaye. Dont la vie, les amours, la mort (tué par son père), pourraient donner un
film (innombrables tentatives, jamais abouties) laissant loin derrière tous les
biopics planplan déjà faits sur des « héros » somme toute bien
ordinaires du rock et genres assimilés …
Du même sur ce blog :
How Sweet It Is To Be Loved By You
What's Going On
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