Killed by Death
Aujourd’hui, jour des Morts, plutôt que le
sempiternel vase de chrysanthèmes sur la tombe des aïeux, déposez sur le marbre
cette compile de Death, c’est de circonstance … sait-on jamais, ça pourra
peut-être les réveiller (les morts).
Amateurs d’ambient en général et de Brian Eno en
particulier, passez votre chemin, cette rondelle n’est pas faite pour vos
oreilles habituées à la musique d’aéroports. Ou alors la musique d’aéroports au
décollage d’une escadrille d’Airbus. Parce que Death, comment dire … c’est bête
comme chou (plus con que ce genre de musique, malgré les efforts louables de
quelques-uns, y’a pas), mais ça déménage.
Les gentils à l’air tout méchant qui écoutent ce
genre de choses avancent même que cette bande de chevelus floridiens seraient
les pionniers du death metal (vu leur blaze, ça semble logique) et du grindcore
(ah bon, moi à l’école on m’avait dit que le grindcore c’était Napalm Death).
Foin de ces considérations paléontologiques …
L’âme (morte ? comme dirait Gogol, non pas
celui de La Horde, le Russe, l’écrivain) du band, c’est un certain Chuck
Schuldiner, guitariste, chanteur, auteur ou co-auteur de tous les titres, et
même responsable (c’est le mot) du logo du groupe. Le genre de gars qui a du
écouter les 33T de Black Sabbath en 78T et qui a essayé de faire pareil. Ça
joue vite, très vite (trop vite, d’ailleurs, ils sont obligés de faire des
breaks, pour que le batteur ait le temps de se reposer les avant-bras), ça
chante ( ? ) avec la voix d’un type en train de se faire étrangler, et les
textes sanguinolents sont pas inspirés par la Comtesse de Ségur (« Zombie
ritual », « Suicide machine », « Baptized in blood »,
« Left to die »).
Bizarrement, on trouve plein de guitares surf au
milieu du baston sonique, et puis, horreur malheur, quand ils ont commencé à devenir
« techniques », des ponts venus en droite ligne des funestes Yes
(flagrant sur « Suicide machine »), ou des repiquages de riffs de
hard FM (celui de « Eye of the tyger » à la fin de « Baptized in
blood »).
Apparus sur la mauvaise côte américaine (ce sont les
trashers de la Bay Area californienne qui allaient toucher le jackpot), la
notoriété toute relative de Death a eu du mal à s’exporter, le groupe
s’engluant dans des changements incessants de personnel, et la mort de Schuldiner
il y a une dizaine d’années mettant un terme à l’aventure.