Vous avez vu comment qu'on est techniques ?
Au bout de quelques minutes, une question
angoissante surgit : « Quand est-ce qu’ils chantent ? ». La
réponse arrive demi-heure plus tard : jamais. Car « Wired » est
un disque instrumental. Qui plus est un disque instrumental de jazz-rock
(pléonasme). Autant annoncer la couleur, pour moi, le jazz-rock, c’est le fond
du trou musical (à égalité avec le prog, qu’ils croient pas que je vais les
oublier, ces pénibles), toutes ces bandes de crétins moustachus, velus et
techniques faisant de manière redondante la démonstration de leur savoir-faire
(ceux qui pensent au Santana de la même époque n’ont pas tout à fait tort). Ce
qui me chagrine en fait dans cette histoire, c’est d’y retrouver Jeff Beck.
Jeff Beck et Jan Hammer, chauve qui peut ! |
Comment le type qui envoyait la foudre sur
« Shapes of things » avec les Yardbirds, qui surclassait avec ses
deux disques du Jeff Beck Group les deux premiers Led Zep de
l’« ennemi » Page, qui assénait le déluge de plomb en fusion du BBA
avec la section rythmique la plus aplatissante des USA (Tim Bogert et Carmine Appice), a t-il fini par
s’écouter jouer en 76 au sein de ce band de lourds virtuoses où l’on trouve les
pénibles usual suspects habituels (Jan Hammer, ancien complice de McLaughlin
dans le Mahavishnu Machin par exemple) ? La réponse est dans le caractère
cyclothymique de Beck, caractériel instable toujours en perpétuelle quête de
nouveauté (et de reconnaissance, parce que c’est pas un modeste), adepte des
fuites en avant qui plus souvent que raison finissent droit dans le mur.
Certains, et pas des cas isolés, considèrent que
Jeff Beck est le meilleur guitariste du siècle passé. Dommage qu’il ait perdu
l’essentiel de son temps à utiliser son indéniable virtuosité, dans des daubes
soporifiques dont ce « Wired », adulé par les
« musiciens ». Et que Sir George Martin soit aux manettes de cette
chose n’arrange rien …
Pendant que Beck et ses potes ripolinaient leurs
purges, les murs pisseux du CBGB de New York résonnaient des accords crétins
des faux frères Ramones. Y’a des fois où il faut choisir son camp …