Surimi sonore
Rien qu’avec le titre, pas d’erreur possible, Mika
c’est du premier degré. Cœur de cible, la midinette entre dix et quinze ans,
qui ne pourra qu’être séduite par un jeune éphèbe dynamique chantant des titres
entraînants sur des rythmes modernes. Fermez le ban …
Le vieux con que je suis, aux oreilles abîmées par
une écoute à des volumes déraisonnables de l’intégrale des Stones et des
pirates de Bowie, ne voit et n'entend dans cette chose qu’une misère auditive de plus,
renforcée par un tapage médiatique aberrant. Car quoi, que voit-on et
qu’entend-on donc avec ce zigoto ?
Un chérubin longiligne qui s’habille comme Philippe
Candeloro, chemise blanche à jabot échappée des archives de l’habilleuse de
Jean Marais dans « Le Bossu », et pantalon de survêt pincé genre
policier ukrainien ou douanier slovène. A ma connaissance, seules la reine
d’Angleterre, sa mère, et Björk étaient jusqu’à présent plus mal attifées que
lui. Dans le temps, y’avait aussi Freddie Mercury.
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Le jeune homme aurait-il pris le melon? |
Transition facile, la musique (si on peut appeler ça
de la musique) de Mika évoque d’entrée (le premier titre « Grace
Kelly ») plein de choses déjà entendues chez Queen, notamment dans
« Bohemian Rhapsody », ce qui pourrait être amusant, quand on sait
que Queen s’était lui-même inspiré d’airs d’opéra … remake de l’arroseur
arrosé. Sauf que Mika pousse la farce un peu trop loin, le plus gros hit du
disque (« Relax (take it
easy) ») pompe allègrement notre
( ? ) Sheila nationale, à l’époque de ses premiers liftings et de
son hit disco « Spacer ».
Il semblerait aussi que les avocats de Tatie Elton
John aient pu trouver matière à procédure sur quelques titres à base de piano,
et que si George Martin n’avait pas été trop occupé à remixer l’intégrale des
Beatles, il aurait pu s’interroger sur les arrangements de « Billy
Brown », qui font plus qu’évoquer ce que les Beatles faisaient à l’époque
« Magical Mistery Tour ». Tout cela traité façon disco seventies,
avec en point de mire les Bee Gees à fausses dents bien blanches, costards blancs idoine et chemises à col
pelle à tarte de « Saturday night fever ».
Sans le moindre sens de l’humour et de la
distanciation que l’on trouvait chez tous ces gens. Voir ce garçon récolter un
tel succès en misant tout sur un revival boule à facettes, a quelque chose
d’agaçant, quand on sait que des gens aussi amusants et talentueux dans le même
genre que Scissor Sisters, Black Kids, voire les Pet Shop Boys, sont ignorés ou
moqués …
En fait, Mika est à la musique ce que le surimi est
à l’alimentation, c’est joli, c’est mignon, c’est tout rose, c’est appétissant.
Mais voilà, faut surtout pas en manger …