FOO FIGHTERS - FOO FIGHTERS (1995)


L'exorcisme

Certes, Dave Grohl bricolait des démos dans son coin du temps de Nirvana, sans que cela prête à conséquence, il était avant tout le batteur du groupe le plus célèbre du moment. Le suicide de Cobain redistribua ô combien les cartes. Les droits d’auteur du seul « Nevermind » le mettaient à l’abri du besoin, mais bien des choses étaient brisées et les journées devaient lui sembler bien longues et bien tristes.
Ce « Foo Fighters », plus ou moins un disque en solo, marque de son aveu lors d’interviews de l’époque, son retour dans le monde des vivants, une façon de faire son deuil de son pote Kurt. Et comme Dave Grohl n’est pas du genre dépressif, et que pour lui ce serait plutôt « let the good times roll », son disque des Foo Fighters est un Cd pêchu et entraînant. Un disque de rock, quoi …
Un pilier, trois talonneurs : nuls en rugby les  Foo Fighters
Et un de bon. Il faut avoir les oreilles sacrément réfractaires au son des guitares le soir au fond des bois pour ne pas être conquis d’entée par « This is a call », power pop énervée d’exception. Commencer un disque par ce titre est vraiment une bonne idée, et pour le moment, les Foo Fighters sont les seuls à l’avoir eue. Grâces leur soient rendues, même si les curieux ne manqueront de jeter une oreille sur l’atomique et incroyable version live donnée par le groupe au « Tibetan Freedom Concert » de New York.
La base musicale de Grohl et par extension de ses Foo Fighters (le groupe sera mis sur pied après la parution du disque, avec notamment Pat Smear, compagnon de route des derniers périples de Nirvana), c’est le rock mélodique musclé, énervé, mais qui ne dédaigne pas pour autant la ballade (« Big me », autre grosse réussite du disque, le début de « Exhausted »). A l’autre extrémité du spectre sonore, Grohl s’aventure parfois vers le tempo quasi hardcore (« Wattershed », «  Weenie Beenie »).
Difficile de parler de ce disque sans évoquer Nirvana, dont l’ombre plane sur certains titres (« Floaty », « Alone / Easy target ») et leur construction couplets lents / refrains explosifs. Difficile aussi de ne pas évoquer la prestation de Grohl à la batterie, car c’est quand même la frappe la plus monstrueuse des vingt dernières années, ce qu’il a prouvé non seulement dans « Nevermind » où c’est lui qui tient la baraque, mais aussi sur les innombrables disques auxquels il a participé. Sur ce « Foo Fighters », Grohl est tout à fait quelconque derrière les fûts, se concentrant sur des parties de guitare qui sans être hendrixiennes, envoient le bois quand il faut et comme il faut… certainement voulu, et une autre forme de rupture avec le passé, que ces parties de batterie simplistes, comme sur une cassette de démo …
Tout n’est pas parfait sur ce disque, il n’a pas été fait pour ça, quelques titres sont assez anodins, mais sa spontanéité emporte l’adhésion, et les Foo Fighters vont devenir une institution qui perdure du rock indie U.S., du moins quand l’emploi du temps du surbooké Dave Grohl leur en laisse le temps …

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Bonus : This is a call 
Live au Tibetan Freedom Concert
New York, 7 Juin 1997