La folie des grandeurs ...
Qu’est-ce qu’on fait quand on s’appelle Dave Grohl, qu’on sait pas quoi faire et qu’on est plein aux as ? C’est simple, on claque un million de dollars en séances de studio qui durent un an (merci Arista-BMG qui ont sorti le chéquier) pour préparer son prochain disque. Et puis, quand à tête reposée on écoute le résultat, on se dit que c’est de la daube, on efface tout et on recommence en trois semaines. Le résultat c’est « One by one », quatrième rondelle des Foo Fighters, kolossales ventes, quatre singles dans les charts … et quelques années plus tard, le Grohl lui-même dit que ce disque est pas du tout réussi. I agree …
Rembobinons. Grohl, c’est le meilleur batteur des
années 90 (et forcément suivantes, maintenant c’est des machines qui remplacent
la batterie, en attendant que l’AI nous ressuscite Bonham, Moon, Watts et d’autres
…). C’est Grohl qui tient la baraque sonore chez Nirvana, qui fait de
« Songs for the deaf » de son pote Josh Homme le meilleur disque des
Queens of the Stone Age, qui rend écoutable Them Crooked Vultures (les Led Zep
du pauvre). Dans les Foo Fighters, il a décidé qu’il jouerait de la guitare
(rythmique, le Dave c’est quand même pas Hendrix six-cordes en main) et
chanterait (comme il peut, c’est pas vraiment Sam Cooke, Jaaaaames ou Otis).
Bon, après tout, il fait ce qu’il veut, c’est son groupe et il en est le Leader
Maximo.
Avec ses trois premiers disques, les Foo Fighters étaient devenus un nom qui compte et fait tinter les tiroir-caisse, au moins aux States … D’où le million claqué en studio … Et même si leur troisième était jugé un peu inférieur à la doublette introductive … « One by one », c’est l’accident industriel, même si au pays des bouffeurs de burgers, ça s’est précipité par centaines de milliers chez les disquaires et dans les stades. Parce que « One by one », c’est le disque typique du stadium rock. Du gros son, de grosses guitares, de gros roulements de toms, des chansons comme des hymnes avec chœurs virils, des trucs à brailler tous ensemble dans les arenas …
Axiome vieux comme le rock : un mauvais disque
a une pochette toute moche. Et de ce côté-là, Grohl et sa bande ont fait fort.
Pourtant ce gribouillis cardiaque infect est signé Raymond Pettibon, maître
plasticien et pointure dans le monde le l’art contemporain (pochette la plus
marquante : celle de « Goo » de Sonic Youth), à se demander si
on lui avait pas suggéré de la faire gratos celle-ci. Le livret est pas mieux
foutu, quasiment zéro information, juste quatre photos signées par Anton
Corbjin.
« One by one » offre un tracklisting facile, les quatre premiers titres sont sortis en singles, et le reste, ma foi, on a fait avec les moyens (musicaux) du bord. Par ordre d’apparition « All my life », considéré par les sourds comme le morceau emblématique des Foo Fighters. Ultra prévisible, on sent dès les premières mesures acoustiques et cool que ça va pas durer, que ça va bientôt bastonner. Et effectivement ça bastonne, une mélodie asthmatique noyée sous une pluie de décibels, le truc typique du rock mainstream pour stades. Suit « Low » sous influence assez évidente Nine Inch Nails – Ministry. Sauf que tout est policé, rien ne dépasse, c’est très linéaire, le titre pourrait durer trente secondes ou trois heures qu’il se passerait rien. « Have it all », c’est de la power pop bruyante, et s’il ne devait en rester qu’un de ces singles, c’est celui que je retiendrai. Parce que le suivant, « Times like these », intrinsèquement point trop moche, souffre en revanche des lacunes criantes de Grohl au chant.
Foo Fighters live at Reading 2002 |
On n’en a pas fini avec « One by one », loin de
là, il reste encore sept titres (l’ensemble atteint quasiment l’heure, ça
délaye beaucoup, aucun titre à moins de quatre minutes, et le dernier culmine à
plus de sept).
De cette longue litanie de titres dispensables, je
sauve « Lonely as you », la mélodie la plus marquante, la progression
de gentille power pop à un final hurlant et saturé. Le reste est bien trop
souvent problématique, du quasi-plagiat (dans la construction) de « Still
loving you » des Scorpions (ici ça s’appelle « Tired of you »),
ou de « Synchronicity Pt II » de Police (« Halo »). Une
poignée de titres braillards avec un son qui fissure l’émail des dents
complètent la rondelle, juste là parce qu’ils sont taillés pour éventuellement
être repris en chœur par des gugusses dans des stades.
Quant on sait que c’est ce disque qui a fait passer
les Foo Fighters du rang de gros groupe d’indie-rock à celui de tête d’affiche
des festivals, on en arrive à se poser des questions sur le bons sens
auriculaire de nos amis d’Outre-Atlantique …
En équilibre sur le bord de la poubelle … allez,
repêché, parce que le Dave, en plus d’être un grand batteur (quand il daigne
s’installer derrière un kit), ça m’a l’air d’un gars plutôt sympa, capable de
reconnaitre que ce « One by one » il est vraiment pas terrible …
Des mêmes sur ce blog :
J'avoue n'avoir jamais écouté un album des Foo Fighters. Je serai incapable de citer un titre d'eux. Ce que j'ai entendu, ou écouté, ne me déplait pas. Mais j'aime bien le mec, Dave Grohl, pour sa reconversion réussie post-Nirvana, il est sympa, accessible. Quand un fan italien a créé un "rock 1000", ces concerts avec 250 guitaristes, 250 chanteurs, 250 bassistes, 250 batteurs, avec des titres des Foo Fighters, il ne s'est pas défilé, et a répondu présent. Chapeau, il aurait pu rester peinard à Los Angeles.
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