Ce n’est certes pas très original quand on se
retrouve face à un disque bruitiste et bruyant à la pochette entièrement noire
de le comparer au second du Velvet Underground. Et pour une fois, miracle, la
comparaison tient à peu près la route. Pourtant un monde semble à priori
séparer le groupe urbain new-yorkais de la communauté de babas allemands. Le
point commun s’appelle Stockhausen, influence principale de John Cale et de la
plupart des membres de Faust.
Enfer et damnation, Faust 1973 |
Même si du « bruit », les Faust aiment
bien ça, témoin « Mamie is blue » (rien à voir avec Nicoletta), avec
ses percussions industrielles, claviers stridents et sax free, le titre le plus
barré du Cd. Toujours au rayon bricolage, « No harm » évoque (la
voix, les nappes électroniques, le côté noisy) les compatriotes de Can époque
« Tago Mago ». Le morceau-titre « So far », débuté par des
fréquences aiguës de bandes magnétiques accélérées puis par une rythmique
country-rock, se voit parasité par des bruitages sinistres genre films
d’horreur et fait penser aux Italiens de Goblin, auteurs des bandes-son de
Argento …
Le reste part dans tous les sens, les types de Faust
étant, comme d’ailleurs la plupart de leurs contemporains teutons (Can, Neu, Amon Düül, …) peu
préoccupés par une quelconque homogénéité sonore ou une réussite commerciale.
D’ailleurs quand on a commencé à parler d’eux après la parution d’une poignée
d’albums, ils n’ont rien trouvé de mieux à faire que de dissoudre le groupe.
Ce « Faust so far » empeste aussi le
buvard d’acide avec ses titres psychédéliques barrés, comme « I’ve got my
car and my TV » qui lui semble surgi des comptines pop des Mothers de
Zappa période « Freak out ! », une finale « In the
picnic » genre fanfare jazz New-Orleans, un intermède dispensable à la
guitare sèche (« On the way to Abamae »), entre « Jeux
interdits » et un pensum démonstratif de Steve Howe (de mon groupe favori
Yes).
« Faust so far » est un disque qui
accumule les références pour les passer dans son shaker musical et livrer in
fine quelque chose d’inédit, aussi loin des diktats sonores d’aujourd’hui qu’il
l’était il y a presque quarante ans …