Nouveau Départ
Avec « Machine Gun Etiquette », les Damned démarraient en 1979 un nouveau chapitre de leur interminable histoire. Aujourd’hui, après avoir été plus ou moins les premiers, ils doivent être le plus vieux groupe punk du monde, ce qui est assez paradoxal pour des tenants du slogan « no future ».
Pourtant pas grand monde aurait misé un glaviot sur eux, quand après deux disques, leur guitariste Brian James est parti former les très intéressants Lords of the New Church. Brian James, c’était le Keith Richards punk, le Riffmaster de la nouvelle vague. Le meilleur look guitare au poing, autrement plus flashy que Strummer ou les Jones (Steve et Mick). Pas pour autant qu’il savait en jouer comme la réincarnation d’Hendrix, mais de toutes façons c’est pas ça qu’on lui demandait.
Remplacé au sein des Damned par un bassiste venu de Saints en pleine débandade, et par un subtil ( ? ) jeu de chaises musicales, c’est le Captain Sensible qui se retrouve à la guitare. Et (à moins que ce ne soit pas lui qui joue en studio, ce qui est dans le domaine du possible) assez curieusement, le simplet Captain ne s’en sort pas trop mal …
Il y a des choses qui envoient le bois grave sur ce « Machine … ». Des trucs bien punks, c’est à dire simples, bêtes, méchants, mais efficaces (le hooliganesque morceau-titre, « Noise, noise, noise », « Liar »). Quelques fois, pour rire, une longue intro (parfois même au piano) fait croire à une ballade, avant qu’arrive la foudre (« Melody Lee », « Smash it up », cette dernière paraît-il hommage à T Rex, ils ont bien fait de le faire savoir, j’avais pas remarqué).
Et puis des choses qui s’écartent, souvent avec bonheur, du simplissime binaire martelé (la power-pop de « Love song », très grand titre, l’étrange « Anti-Pope », plein de breaks et de guitares martiales). Et aussi des incursions vers des territoires musicaux inattendus chez des punks de chez punk. De la new wave à tendance pompiero-lyrique (« I just can’t be happy today »), qui fera les délices des fans de Simple Minds et autres Psychedelic Furs, voire un morceau baroque et gothique (« These hands »), annonciateur lui, de la prochaine orientation musicale des Damned … Et pour l’anecdote, une reprise du « Looking at you » du MC5, qui n’arrive pas à la cheville de l’original.
C’est cette diversité qui empêche ce disque d’être un lourd pavé monolithique, aussi la juxtaposition de trois farfelus, le Captain et ses potacheries, Rat Scabies qui avant d’être chercheur de trésors cathares était un très bon batteur, et Dave Vanian un superbe chanteur sous ses oripeaux gothiques et son fond de teint…
Un Cd maintes fois réédité, sous plusieurs pochettes différentes, avec parfois quantité de bonus plus ou moins dispensables, dont une reprise du « Ballroom Blitz », le classique glam rustaud des Sweet …
Tiens, et pour finir, une histoire que pas grand monde doit connaître. C’est en déchiffrant et en épelant difficilement et phonétiquement le titre de ce disque qu’on lui passait, qu’un bassiste japonais provoquera l’hilarité de ses potes, et ses borborygmes hésitants seront le nom de baptême d’un des plus furieux groupes garage que la Terre ait jamais porté : Thee Michelle Gun Elephant…