A. SAVAGE - THAWING DAWN (2017)

Mieux vaut être seul ...
… que mal accompagné ? Andrew (A. pour les intimes) Savage est le principal chanteur et compositeur des Parquets Courts, un de ces innombrables groupes new yorkais post-punk influencés par le Velvet, Sonic Youth, Television, ce genre de choses … Et comme de bien entendu, un groupe dont le talent n’arrive pas à la cheville de ses modèles, même si faute de grives on a tendance à nous vendre ces merles comme un mets de choix …
Le Savage à l'état naturel ...
Groupe prolifique, mais apparemment ça ne suffit pas au dénommé Andrew Savage. Qui sort donc un disque solo sur son label Dull Tools, qu’il avait créé pour faire paraître les premiers enregistrements des Parquet Machins. Une rondelle pour le moment sortie uniquement en vinyle (ou en mp3, beurk…) et pas pressée à des milliards de copies. Alors, faut-il ressortir sa vieille platine ou investir dans un tourne-disque pour écouter ce « Thawing down » ? Ben, oui, éventuellement …
Parce que là, le Savage, il a fait un bon skeud, de ceux qui me parlent, de ceux auxquels je comprends quelque chose. Bon, un disque de vieux, si on veut, mais un bon disque de vieux, parce que bien souvent maintenant, les vieux qui font des disques de vieux pour les vieux, ils font des mauvais disques de vieux. La pochette, photo noir et blanc (ou plutôt en cinquante nuances de grey) et l’ambiance sépia qui s’en dégage, donne le la.
Savage nous fait un disque à l’ancienne, raconte des tranches de vie, pas vraiment gaies d’après ce que j’ai pu entraver, parce que chez lui comme chez les Rita, les histoires d’amour finissent mal en général. Dans une instrumentation assez austère, voire minimale, le cadre idéal pour montrer sa tristesse dans des formats folk ou country. Y’a quand même un bémol dans ce truc, c’est que sa voix se retrouve très exposée, et on peut pas dire qu’il joue dans la même cour qu’Otis Redding, if you know what I mean …
Premier de la classe ?
N’empêche, pour un projet qui tient beaucoup plus de l’exutoire personnel que de l’ambition commerciale, le résultat est plus que convaincant. En fait, seul le dernier titre l’éponyme « Thawing dawn », sorte de patchwork sonore, commencé comme une rengaine du Band, avant de se perdre dans des changements saugrenus de mélodies, de tempos en passant de l’acoustique à l’électrique, fait un peu mal aux oreilles. Mais les neuf qui précèdent, ma foi, y’a pas grand-chose à jeter. Ni à dire, d’ailleurs.
Ils reposent quasiment tous sur une mélodie à la guitare acoustique, renforcée par de discrets claviers, section rythmique, quelques notes de sax. On est en univers connu à base de country rocks pépères (« Eyeballs »), avec de temps en temps une pedal steel qui vient chialer (« Buffalo calf road woman »), une cavalcade western swing (« Winter in the South »), des ambiances très Leonard Cohen des débuts, à savoir épure et mélodie (« Wild, wild, wild horses », le très excellent « Ladies from Houston »). Parfois Savage donne dans la ballade soul 60’s (« Untitled »), d’autres fois on se dit que si Clapton sortait pareil morceau on hurlerait au génie retrouvé (« Phantom limbo »).

Un disque parfait pour journées pluvieuses et brumeuses …


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