Cette bande pléthorique d’Australiens azimutés s’était
signalée à l’attention de ses semblables l’année dernière avec le déglingué
« I’m in your mind fuzz », tout un programme en soi et ode à la saturation
répétitive (mais pas que). Arrivés à un tel point de non-retour sonore, on
voyait pas très bien où le leader Stu McKenzie pourrait amener sa troupe (en
HP ? au cimetière ?).
King Gizzard & The Lizard Wizard 2015 |
Bon, apparemment, ils doivent moins se défoncer que ce
que ce disque laissait supposer, parce qu’ils sont encore là, et en état de
marche … les plus ronchons diront qu’ils ont mis de l’eau dans leur shilom et
ils auront raison. Ceci étant, on a également vite fait le tour des gimmicks à
gratte saturée version psyché. Non, là, les King Machin ont fait un truc pour
le moins inattendu. Un disque entier plein de chanson(nette)s de folk
peinturluré (tendance late 60’s, parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne
change pas de période de référence comme on change d’avis sur une vague
question de déchéance de nationalité, y’a des principes dans la vie, et les Magiciens
Bidule en ont).
Curieusement (enfin, pas tant que ça, y’a du talent chez
ces types ou du moins chez leur leader), le résultat ne sonne pas aussi pénible
que Devendra Chose ou le Tyrannosaurus Rex du Bolan des débuts. Pas non plus
aussi casse-burnes que du Jethro Tull … Eh, pourquoi il cite Jethro Tull, ce
con, se demandent mes légions de lecteurs assidus. Ben figurez-vous mes agneaux
que le Stuart McKenzie dont au sujet duquel j’ai causé plus haut a appris à
jouer de la putain de flûte et même s’il en fout partout, l’utilise d’une façon
moins gavante que le héron éleveur de saumons Ian Anderson … pourquoi le héron
se demandent etc etc …oh putain, faites chier, z’avez qu’à mater un Dvd des
Jette-Rotules et vous comprendrez. Et n’allez pas croire que j’ai quelque chose
contre Jethro Tull, non, pas du tout, c’est juste nul, mais je m’en tape, faut
bien que les tocards aussi vivent, hein …
Quatre guitares, deux batteries, qui dit mieux ? |
Bon, revenons à nos kangourous. Qui avec ce « Paper
… » ont sorti un disque totalement bordélique. Et aussi totalement bien
propre sur lui. Me demandez pas comment ils ont fait, le tout est qu’ils y sont
arrivés. Tu t’attends à les voir se ramasser, et puis, tous leurs trucs
brinquebalants, entre j’menfoutisme potache et traits de génie, tiennent
étonnamment bien la route. Vous savez à qui ils me font penser ? Vous vous
en foutez mais je vous le dis quand même. Ben à son Altesse Sérénissime, le
nabot de Minneapolis, Prince himself dans les années 80 (ses meilleures), où il
gambadait en toute nonchalance et décontraction de styles en styles au gré
d’une poignée d’albums totalement différents et réussis (et pas seulement
« Around the world … » son disque psyché à lui).
Et comme Prince, y’en a un (McKenzie ?) qui chante
(sont plusieurs à se relayer au micro chez les King Machin) avec une voix de
fausset, à laquelle il faut se faire, je veux bien vous l’accorder. Mais je
m’égare. Non, en fait, je sais pas trop quoi raconter sur ce skeud.
Il est excellent, c’est tout. Avec des trucs très forts
comme « Bone » (pop sous substances), « Paper Mache … » le
titre (on dirait un inédit des Zombies), la gigue sautillante de « Cold
cadaver » ( ? ) avec ses faux airs de rengaine à la Robert Palmer
(« Everyday kinda people » ce genre), une sorte de rhythm’n’blues
avec un jeu de piano très Jerry Lee lewis (« NGRI Bloodstain »), une
ballade éternelle (« Most of what I like ») qui met les deux (oui,
deux et pas dans le même genre que chez les foutus frangins Allman) batteurs en
évidence. Jusqu’à un boogie (« The bitter boogie »), avec son riff dérivé
de celui de « La Grange » donc quelque part de John Lee Hooker et sa
séquence d’harmonica qui font penser à un bon titre de Canned Heat (si, ils en ont
faits, faut pas s’arrêter à leurs statusquonneries de vingt minutes).
Evidemment, « Paper … » est pas en tête de gondole
dans le Leclerc du coin. C’est pas non plus le disque du siècle. Mais c’est
beaucoup mieux que … beaucoup de choses en fait …
Des mêmes sur ce blog :
C'est gentil. Au sens, ce n'est pas méchant. Moi, je pensais voir débouler une horde d'acid testeurs chevelus, qui maltraiteraient leurs ainés. Finalement, je pourrais les présenter à ma mère. Oui, typé très late 60's, comme tu dis, je réduirai même un peu le prisme à l'année 67, à l'Angleterre, voire à un seul groupe, voire une seule chanson : "Strawberry fields forever" !
RépondreSupprimerJ'aime bien les "statusquonneries" de vingts minutes !!!
Je suis allé voir sur Youtube ce que ça donnait sur scène. Parce que les clips de 2'25, c'est sympa 2'25, mais bon... Ah bah là, d'accord ! Des trucs étirés pendant 20 minutes, on pense déjà plus à Greatful Dead ou Quicksilver (surtout).
RépondreSupprimerEuh, j'ai pas poussé la conscience professionnelle (le vice ?) jusqu'à mater leurs trucs live.
SupprimerQuicksilver ? Je te crois, même si a priori il y a loin entre ces jeunots poppisants en studio et les envolées de guitare acide de Cipollina ...