Spirit in the material world ...
Un disque quelque peu ignoré et surestimé d’un groupe
quelque peu oublié et sous-estimé … l’équation n’est pas simple.
Le groupe d’abord. Spirit, c’est un peu la queue de
la comète psychédélique américaine de la fin des années 60. Alors déjà que les
dinosaures de San Francisco sont quasiment passés de mode ou ont du plomb dans
l’aile, eux commencent leur carrière avec un temps de retard. « 12 dreams
… » est en 1970 leur 4ème disque en deux ans, et le groupe
peine à se trouver une audience. Un peu le groupe pour
« spécialistes », somme toute assez confidentiel, une confidentialité
qui durera toute son existence et se poursuivra depuis.
Même si son nom est revenu avec insistance quand
certains ont décelé des similitudes plus que troublantes entre les arpèges
d’intro de « Stairway to heaven » et celles de « Taurus »
sur leur premier disque éponyme. Et puis Spirit a souvent été confondu et
réduit à son guitariste Randy California. Un des très rares vrais
« héritiers » d’Hendrix. Aussi un des très rares à avoir joué de la
guitare avec le gaucher de Seattle. C’était en 1966, dans un des premiers
groupes d’Hendrix, Jimmy James & The Blue Flames, et le tout jeune Randy
Wolfe (15 ans !) y gagnera son nom de scène donné par Hendrix lui-même. Et
le laissera traumatisé à vie par cette rencontre. Car contrairement à la
plupart des techniciens lourdauds présentés ou s’autoproclamant
« héritiers » d’Hendrix (de Robin Trower à Stevie Ray Vaughan,
litanie interminable et en cours), Randy California (et Uli Jon Roth des
Scorpions, et là la liste est close) avait compris … Que l’approche d’Hendrix
sur le jeu de guitare était avant tout cosmique et mystique, la technique pour
la technique étant le dernier de ses soucis. Et le jeu de California n’a rien à
voir avec celui d’Hendrix, ce n’est pas comme les autres un imitateur, mais
plutôt un disciple. Le principal problème pour Randy California étant qu’il a
aussi opté pour une way of life très hendrixienne, et que toutes les drogues
qu’il a absorbées en quantités déraisonnables en ont fait un type assez
étrange, lunaire et imprévisible.
Déjà, la structure même de Spirit est curieuse, car
le groupe compte en son sein un batteur, Ed Cassidy, qui a la triple
particularité d’être un batteur de jazz, le beau-père de California et
certainement le plus vieux rocker du monde en 1970 (presque cinquante ans).
S’ajoutent à la doublette familiale, un bassiste, un chanteur et un organiste.
Un conglomérat fait de fortes individualités, et opiacées diverses aidant,
prises de becs, querelles d’egos, brouilles et embrouilles seront le quotidien
du groupe.
Dans ce contexte, la musique part logiquement dans
tous les sens (trois composent, avec une petite prédominance pour California),
ce qui n’aidera pas à la « lisibilité » de Spirit. On passe de la pop au
folk, des tourneries psyché au strict rhythm’n’blues, des atours jazz aux riffs
heavy, parfois à l’intérieur du même titre. « 12 dreams … », déjà le
titre et le visuel empestent le concept-album psyché-barré. Mais contrairement
à la plupart des œuvres semblables, « 12 dreams … » se tient,
les titres sont courts, « cohérents », pas de délires ou d’impros de
demi-heure, tout est ramassé, précis, concis (la présence de David Briggs, par
la suite producteur attitré de Neil Young explique peut-être cela). Tout dans
ce disque n’est pas indispensable, mais des choses comme « Prelude –
Nothing to hide » (ballade folk qui vire heavy metal avec ses grosses
stridences de guitare), le petit hit pop « Animal zoo » (que les
Clash de « Clapmdown » ont dû écouter, là aussi c’est assez troublant),
le rhythm’n’blues cuivré à la Chicago – Blood Sweet & Tears de « Mr
Skin » (référence au surnom du chauve Ed Cassidy), le rock psyché de
« When I touch you » avec son orgue tournoyant, … méritent le détour.
Après ce disque au succès d’estime, la carrière de
Spirit deviendra assez chaotique et erratique, le groupe se séparant et se
reformant plusieurs fois au cours des années 70 et 80. Aujourd’hui trois de ses
membres originaux sont morts (California,
le claviers Locke, et Cassidy), la saga Spirit est définitivement
terminée …
Fallais nous sortir un bon vieux keupon british pour fêter la cassage de pipe de la Dame de Fer. C'est pas les références qui manque. Ca a du trinquer sévère dans certains pubs.
RépondreSupprimermême pas sûr ... la mémoire publique oublie vite les politiques, y compris les pires d'entre eux ...
SupprimerLa Une du Daily Mail aujourd'hui : "the woman who saved Britain" ... ils auraient pas osé y'a vingt ans ...
Sinon, la plupart des punks anglais "politisés" (fallait lire leurs interviews à l'époque, c'était surréaliste, et écouter leurs disques c'était un calvaire) étaient au moins aussi cons qu'elle (Crass, Exploited, Sham 69, ...)
Il aurait pu faire Renaud Séchiant aussi...
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