Au centre du centre ...
Jackson Browne, c’est le type dont on ne peut
raisonnablement pas dire de mal. De toutes façons personne ne dit jamais de mal
de Jackson Browne, c’est pas moi qui vais commencer.
Jackson Browne, c’est le songwriter doué, le bon
chanteur, le type sympa, beau gosse et engagé dans plein de bonnes causes. Le
gendre idéal des années 70. Musicalement, c’est clean, bien foutu, du classic
rock américain (pléonasme) comme beaucoup l’aiment. Des influences et des
copains irréprochables (le country-rock, Gram Parsons, Dylan, les Eagles,
Springsteen, …). Des ventes de disques conséquentes également (chez lui aux
States, parce qu’ailleurs, c’est confidentiel).
« For everyman » est son second disque,
celui qui va l’installer pour des décennies au premier plan du paysage musical.
Browne n’est pas un inconnu pour autant. Les curieux qui lisaient les notes de
pochette de disques avaient déjà vu son nom dans le casting (pléthorique il
faut dire) du Nitty Gritty Dirt Band, et dans les crédits de quelques
compositions sur les disques des Eagles, des Byrds, ou Linda Ronstadt. Browne
avait commencé très jeune, la légende veut qu’il ait été remarqué (et dépucelé,
y’a pire pour débuter dans la vie sexuelle) par Nico dans le milieu des années
60. En tout cas, c’est sur le disque solo « Chelsea girl » de
l’éphémère chanteuse du Velvet qu’on le retrouvera un peu partout dans les
crédits.
Mais pour Browne, le premier jackpot viendra avec
« Take it easy » co-écrit avec Glenn Frey, et premier gros succès de
la carrière des Eagles en 1972. Et tout ce tissu d’amitiés occasionnera des
retours d’ascenseur sur ses disques à lui. Ainsi on retrouve impliqués sur ce
« For everyman » tout le gotha du rock West Coast (Frey et Henley des
Eagles, Crosby, Joni Mitchell, Bonnie Raitt,…), celui qui restera son
inamovible complice David Lindley (multi-instrumentiste avec prédisposition
particulière pour le violon, électrique ou pas), et même cette grande folle
d’Elton John au piano sur un titre et sous le pseudo (question de contrats)
Rockaday Johnny.
« For everyman » débute par « Take it
easy » qui va définir la couleur de l’album. Par rapport à la version des
Eagles, celle de Browne est un peu plus clinquante, un peu plus
« tape-à-l’oreille », avec un tempo un peu plus accéléré. Mais on
reste en territoire connu, du country-rock bien dans la ligne du parti. Le
reste est à l’avenant, musardant entre soft-rock, country rock, ballades pour
chialer dans sa bière, mise en place sérieuse, bonnes compos, bien jouées, bien
chantées, sans faute de goût. On bat plus vite la cadence quand arrive
« Red neck friend » et son piano boogie-woogie, on pense à Dylan
époque The Band (les inflexions de la voix, le souffle épique de ce titre le
plus long du disque, le Hammond B3) avec la chanson-titre. Quand le tempo se
ralentit au milieu d’arrangements de bon aloi, on se retrouve avec « These
days », succès dans les charts et un des classiques de son auteur.
A ce stade, il faut bien placer le mot qui peut
fâcher : centriste. Tout dans ce disque est bien joli, bien mignon, bien
gentil. « For everyman » s’écoute facilement, passe comme une lettre
à la poste. C’est bien fait, mais ça manque quand même de vie, de tripes … ça a
tendance à s’oublier facilement …
"Jackson Browne, c’est le type dont on ne peut raisonnablement pas dire de mal."
RépondreSupprimerBon, comme je suis un garçon raisonnable, je dirais rien alors...
Personne ne dit de mal de Jackson Browne ...
SupprimerEn fait, tout le monde s'en fout ...