DAVID BOWIE - STATION TO STATION (1976)


Venu d'ailleurs ...

Le Bowie période Los Angeles est une épave, un taudis humain, et à l’époque de leur parution, que ce soit le funk blanchi de « Young Americans » ou ce « Station to station », les deux disques avaient déçu le gros de ses troupes de fans, encore sous l'effet de l'electrochoc glam Ziggy Stardust. Bowie vit reclus, ne se nourrissant que de lait et de cocaïne, vient de tourner la science-fiction écolo-nihiliste « The man to fell to Earth » (« L’homme qui venait d’ailleurs » dans la langue de Calogero) de Nicholas Roeg.

Le Thin White Duke
Bowie, junkie-zombie (il doit peser quarante kilos tout mouillé à cette époque-là), s’enferme en studio avec ses « fidèles », le guitariste Alomar, la rythmique Davis et Murray (Tony Visconti n’est pas libre à ce moment-là, c’est Harry Maslin qui produira), plus des musiciens de séances (Bittan du E-Street Band et Earl Slick, qu’il retrouvera eux, à différentes époques plus tard). Dans un grand nuage de poudre blanche, un personnage-concept est créé, le Thin White Duke (aristocrate décadent, blasé et aryen, selon les définitions, fluctuantes, qu’en donnera un Bowie pas au mieux mentalement), et la musique qui servira de toile de fond à son « retour » (contresens cocaïné, comment peut-il revenir, alors qu’il n’avait jamais été là ?) est orchestrée.

Artistiquement, Bowie ne sait plus où il en est. Subsistent des relents funky du précédent 33T « Young Americans » , et nouveauté, apparaît l’influence robotique des précurseurs synthétiques allemands, surtout Kraftwerk et Neu ! que Bowie écoute en boucle. Mais Bowie, et ce n'est pas la première ou la dernière fois quand il se lance dans l'exploration musicale, finira par retomber on ne sait trop comment (il a avoué plus tard n'avoir aucun souvenir de l'enregistrement de ce disque, ne sachant même plus dans quel studio avaient eu lieu les séances) sur ses pattes. Il étire démesurément les séquences musicales, et au final, le 33T ne comptera que six titres.

D’entrée « Station to station » ou l’improbable rencontre entre des accords métalliques genre Blue Oyster Cult et le funk du précédent « Young Americans ». « Young Americans » dont semble échappé « Golden years ». Deux magnifiques ballades (« Word on a wing » et « Wild is the wind », cette dernière en hommage à Nina Simone qui avait également repris ce titre de Dimitri Tiomkin), le discoïde « TVC 15 » et le froidement métallique « Stay » complètent le track-listing.

« Station to station » est un des disques les plus variés de Bowie. Il me semble que c’est aussi le seul de toute sa discographie dont tous les titres figureront à un moment ou un autre dans son répertoire live, preuve de son importance dans la carrière du Thin White Duke, et il annonce par bien des aspects sa future « trilogie berlinoise » (« Low », « Heroes », « Lodger »).

A sa sortie, le disque sera très diversement accueilli par les médias spécialisés, et la réaction globale sera assez mitigée. Il a été sans cesse réévalué depuis, et lors de sa récente réédition en version ultra-expanded l’année dernière, la tendance serait plutôt maintenant à le considérer comme un de ses disques majeurs. Pour moi, il est tout bonnement dans sa poignée d’incontournables.

La pochette, comme celle de « Low » est tirée du film de Roeg.

Du même sur ce blog :
The Man Who Sold The World 

3 commentaires:

  1. Franchement, pour de dernier jour de l'année, quitte à faire un Bowie tu aurais pu nous sortir "Earthling"...
    Bon, encore bon réveillon à tous et à l'année prochaine (c'est-à-dire à demain) !

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  2. Je l'ai pas "earthling" ... c'est son disque electro-drum'n'bass, c'est ça ? Il est tombé bien bas , le pauvre bowie, même s'il paraît que c'est un des moins mauvais de ses pires ...

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  3. Oui c'est ça, c'est son album jungle, qui a plutôt bonne presse en effet...

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