L'envol des Oyseaux ...
Les Byrds, tous ceux qui ont pas fini encovidés dans les EHPADs vous le diront, c’est les Beatles qui reprennent Bob Dylan. Certes … Sauf que les Byrds ils ont inventé le country-rock (avec Gram Parsons, l’indépassable album « Sweetheart of the Rodeo »), et ont donné l’idée à Tom Petty (et d’autres) de foutre partout de la Rickenbacker 12 cordes acoustique, ce que n’ont fait ni Dylan ni les Beatles …
Hillman, Clark, Clarke, McGuinn & Crosby en 1964 |
Il n’en reste pas moins que citer dans la même
phrase Dylan, Beatles et Byrds ne relève pas d’une litote. Aux débuts était
Dylan. Avec ses folks revêches acoustiques déclamés de sa voix nasale. Beaucoup
plus à l’Est, les Beatles avec leurs petits costards, leurs coupes au bol, et
leurs chansonnettes pour petites filles révolutionnaient l’Europe et
commençaient à envahir les States. Qui se devaient de répondre. La Columbia,
pas la moindre ni la pire des maisons de disques avança ses pions, les Byrds.
Quasi un boys band, ils savaient chanter, composer, et avaient été réunis par
une sorte de casting autour de celui qui apparaissait le plus doué (ou la plus
grande gueule du lot), un certain Roger McGuinn. Par contre, en studio, ils
étaient priés de laisser leurs instruments à la maison, remplacés par des
sessionmen, et se contentaient de chanter et d’harmoniser. Et ça, ils savaient
faire. Sauf qu’assez vite, les talents ont percé.
Roger McGuinn (qui lors d’un trip se reprénommera Jim) était la boussole du groupe, celui qui donnait la direction et le seul à participer à la longue litanie des formations différentes du groupe, Gene Clark se révèlera un compositeur fabuleux (et mésestimé toute sa vie, y compris dans sa carrière solo), et David Crosby un grand chanteur avant d’entrer dans la légende de la West Coast avec ses potes (?) S, N et parfois Y. Les trois sont l’ossature originelle des Byrds. Sera recruté un batteur (en fait c’est Hal Blaine qui joue en studio) limité mais choisi parce qu’il ressemble très très beaucoup physiquement à Brian Jones. Et assez vite, le multi-instrumentiste Chris Hillman rejoindra le groupe baptisé Byrds avec une faute d’orthographe comme Beatles. Parce que la référence absolue des Byrds, c’est le groupe de Liverpool et ses harmonies vocales. Dylan arrivera un peu par hasard, sur l’insistance du manager du groupe et de Jac Holzman, homme à tout faire de la Columbia. Les deux pousseront le groupe (pas très chaud au départ) à enregistrer une chanson inédite du Zim, « Mr Tambourine Man ».
Les mêmes un peu plus tard ... |
Succès considérable, la version des Byrds deviendra une
des chansons emblématiques des sixties. Nous sommes en 1965 et dès lors, en
quelques mois, les Byrds vont avancer à une vitesse prodigieuse, mettre en
place un son (la Rickenbacker 12 cordes acoustique), un numéro vocal jamais
pris en défaut, et de gens à qui on force la main pour choisir un répertoire,
devenir un groupe d’avant-garde, un de ceux qui lancent ou valident les
courants musicaux. Tout en continuant (ils y ont pris goût et sont devenus
fans) de reprendre Bob Dylan (qu’ils influenceront à leur tour, le
« convertissant » à l’électricité, ce qu’il ne fera pas avec le dos
de la cuillère).
La présente compilation dont au sujet de laquelle il est question s’attache aux trois premières années du groupe, celles du quatuor McGuinn – Clark – Crosby – Hillman (Michael Clarke sera conservé mais mis en retrait pour incompétence musicale flagrante). Ce « Greatest Hits » est rachitique (31 minutes sur un Cd, c’est léger, très léger, et qu’on ne vienne pas me dire que c’est la réédition du vinyle original), mais du coup a l’avantage de présenter le strictement indispensable du groupe, sans bout de gras superflu. Les quatre premiers albums sont concernés (« Mr Tambourine Man », « Turn ! Turn ! Turn ! », « 5th Dimension », « Younger than yesterday »), et sur les onze titres de la compilation, quatre sont signés Dylan (« Mr Tambourine Man », « All I really want to do », « Chimes of freedom », « My back pages »).
Les Byrds des débuts étaient une redoutable machine folk
à hit-parades (la réponse de la côte Est se nommera Simon & Garfunkel), entamée
avec « Mr Tambourine man » et « All I really want to do »,
cette dernière lorgnant effrontément vers le Beatles sound. Et tant qu’à faire
du Beatles, Gene Clark va se fendre d’un « I feel a whole lot better »
qui pourrait sans problème figurer dans le Double Bleu. En plus de Dylan, l’autre
inspiration folk sera Pete Seeger, avec « The bells of rhymney » qu’il
a co-écrite et une relecture d’une de ses adaptions (« Turn ! Turn !
Turn ! » autre gros succès) à
partir de versets de la Bible.
Ensuite, très vite, moins de deux ans après leurs
débuts, les Byrds sous l’impulsion de McGuinn vont plonger dans le
psychédélisme naissant et toutes les billevesées mystiques adjacentes. Là les
titres parlent d’eux-mêmes (« Eight miles eight », « Mr Spaceman »,
« Fifth Dimension ») et signent une des premières émancipations du
groupe (ces titres sont écrits par McGuinn, avec parfois l’aide de Crosby ou Hillman).
Cette période va aussi voir leur succès commercial décliner. Pas cons, les Byrds vont
revenir vers leurs fondamentaux originels, le folk rock électrique et les reprises
de Dylan, l’album « Younger than yesterday » sur lequel figure l’excellente
« My back pages » du Zim. La pièce de ce choix de ce disque (voire
même de la compilation) est signée McGuinn / Hillman, c’est l’ironique « So
you want to be a rock’n’roll star », c’est expédié en 2’05, et comporte
une partie de trompette quasi mariachi du Sud-Africain Hugh Masekele.
La suite (au prochain numéro ?) sera l’éviction
de Crosby (remplacé par un cheval sur la pochette de « Notorious Byrds
Brothers », no comment …) avant l’arrivée du jeune prodige Gram Parsons …
Des mêmes sur ce blog :
Original Singles Vol I 1964 - 1967