C’est la putain de misère, j’vous dis moi … Je
plains les mecs qui écrivent dans des canards musicaux et qui doivent se fader
tous les trucs qui sortent … ce qu’ils prennent par les oreilles, les pôvres …
Doivent se bousculer pour prendre la place du préposé aux rééditions, ou alors se
partager les vieux skeuds qui ressortent, sinon y’a de quoi déprimer sévère …
Bon, vous me connaissez, vous me voyez venir avec
mes grosses savates, un disque des Foals (des qui ? bougez pas, on y
arrive …) sous le bras. Les Foals, un sac sur la tête, les mains attachées
derrière le dos, et tu demandes au premier djihadiste qui passe de les
décapiter au yatagan rouillé sans autre forme de procès. Je devrais pas écrire
ça, je vais encore me faire repérer par un cyber-keuf et voir arriver chez moi
au petit matin blême une escouade de pandores qui vont tenter de me faire
avouer où se planque le mollah Omar … Déjà que ces types, les Foals, existent
encore sans s’être endettés en frais de justice jusqu’à la trentième génération
relève du prodige. Parce qu’avec une pochette comme ça, si Courtney Love-Cobain
y tombe dessus après avoir pris une poignée de coke et un énième râteau de
Billy Corgan (faut être sacrément raide déf, pour essayer de se faire cette
grande asperge chauve, mais bon, chacun son truc …), donc si la Yoko Ono grunge
a pas lâché ses avocats pour plagiat de la pochette de « Nevermind »,
putain le cul bordé de nouilles qu’ils ont, les Foals …
Y'a pourtant vraiment pas de quoi être fiers ... |
Oh et puis … comme c’est Noël, le bon Dieu, le
petit Jésus, la Miséricorde, et tout ce bordel religieux qui te pousse au
pèlerinage au supermarché du coin rayon cholestérol, ou bouts de plastoc
cancérigènes pour petits nenfants (imaginez, les moutards, ils ont, à peine venus
dans ce bas monde, le choix entre les métastases sponsorisées par Ken, Barbie
et Nestlé, ou s’ils en réchappent 212 trimestres à pointer à Pole-Emploi …
y’aurait des façons plus drôles de démarrer dans la vie, hein, bon … remarquez
je m’en fous…), je vais faire ma Mère Teresa et pas en dire de mal… Bon, si un
peu, quand même, sinon je perds le peu de crédibilité et de lecteurs qui me
restent.
Les Foals sont Anglais et ont sorti leur première
rondelle en 2007 ou dans ces eaux-là… ça y est, vous les voyez venir, les
boulets (quoique, ça aurait pu être pire, ils auraient pu être de
Brooklyn) ? Les Foals n’ont que peu d’arguments en leur faveur, mais il doit
bien se trouver quelque part sur le web trois clampins qui ont fondé leur
fan-club et qui vont diront, au risque de se claquer les quelques neurones
valides qu’il leur reste, que les Foals, c’est grandiôôôse … faut pas déconner
…
En voilà de belles baudruches ... |
Les Foals, c’est pas plus mauvais que nombre de
leurs congénères, mais c’est guère meilleur non plus. Pour se donner bonne
conscience et enfumer quelque puceau musical qui passerait par là, ils se
proclament fans de Joy Division et de Portishead. Que celui qui entend dans
cette rondelle la moindre chose qui rappelle l’épileptique pendu ou les tristos
de Bristol me le fasse savoir, y’a mon mépris et l’intégrale de Yes (putain,
y’avait longtemps, ça fait du bien) à gagner… Les plus malins ou les moins
bourrés auront remarqué que Joy Div et Portimachin ça renvoie aux années 80 et
90. Le NME, Pitchfork et les Inrocks en ont évidemment fait des génies,
s’esbaudissant à qui mieux mieux sur le talent des Foals. Pensez, ils étaient
signés chez Sub Pop, label d’habitude gage de sérieux et de rock’n’roll dans ta
face, même si les Foals c’est pas sérieux et encore moins rock’n’roll. Il faut
reconnaître à ces cinq gugusses au moins une bonne idée. Celle d’avoir mis leur meilleur titre
d’entrée sur le skeud … parce que s’ils l’avaient foutu à la fin, je sais pas
qui de normalement constitué aurait poussé le vice à écouter la onzième plage
de ce genre de rondelles. Tandis que là, après avoir entendu ce « Blue
blood » sorte de new wave madchestérisée chantée par le mec de TV On The
Radio (ça, c’est du descriptif, hein, avouez ...), on se dit qu’ils ont
peut-être été capables de faire aussi bien quelque part sur ce skeud … Ben non,
y’a deux-trois trucs qui se laissent écouter et les autres uniquement si on a
envie de se faire le trip nostalgique Top 50 – Desireless – Luna Parker (gaffe
à l’atterrissage, c’est du violent …).
Ma magnanimité sera
cependant accordée à « Spanish Sahara », malgré un final à la
U2 des mauvais jours et à « Alabaster », même s’il me semble
totalement pompé sur un truc dont j’arrive pas à me souvenir. Le reste, vaste
soupe à la grimace sonore, renvoie dans les meilleurs des cas à de fades
imitations des Talking Heads, Peter Gabriel ou Bowie dans leurs périodes
eighties, ce qui de quelque part qu’on l’envisage n’est pas vraiment une bonne
idée, avec quelques fois pour achever de gâter la sauce, des effets
radioheadiens …
C’était pas forcément mieux avant, mais c’était
moins chiant …