Y’a des fois, malgré ma bonne volonté et mon
obstination, que certains trucs me passent vite par-dessus l’occiput. Ce skeud
il en fait partie.
Pas qu’il soit mauvais. Non, il est même plutôt pas
trop mal. Mais comment dire … le 38975ème groupe de l’année qui donne dans la
nostalgia 60’s, à la longue, ça finirait même par rebuter les gonzos qui
tapissent leurs murs de compiles Nuggets ou Peebles, et d’affiches de concerts
au Fillmore. Alors, pensez, un type comme moi, vieux fan de Madonna (assumé,
vous avisez pas de dire du mal de la Ciccone des 80’s, ou ça va chier …).
Des fois, rien qu'à voir une photo, on a entendu le disque ... |
Mon malheur, c’est qu’en plus des vieilles bimbos de
Detroit, j’ai écouté plein d’autres choses. Et ce « Worship the sun »,
je l’ai déjà plus ou moins entendu depuis des décennies, même s’il est sorti y’a
2-3 mois. Les Allah-Las (que des cons, avec un nom pareil, ils vont finir par
se faire serrer par des keufs texans au prétexte qu’ils doivent être de
dangereux terroristes djihadistes … à moins que ce soit fait exprès pour ça,
juste pour faire parler d’eux, ce qui est encore moins malin …) font une
fixette assez grave sur le Los Angeles psychédélique et pop des mid sixties, et
ce disque m’a tout l’air d’être une homélie aux Byrds et aux disques qu’ils
sortaient à cette époque-là (« Fifth dimension » et « Younger
than yesterday »). Aux moins les deux tiers des titres de ce « Worship
the sun » me semblent en découler directement.
Seulement, là, voilà, danger. Les Byrds, s’ils sont
à peu près totalement oubliés aujourd’hui, ou alors bêtement réduits à un
groupe obnubilé par les reprises en version électrique des titres de Dylan, ont
été en ce mitan des années 60 ceux qui ont fait bouger les lignes. Paresseusement
mais judicieusement présentés comme des Beatles américains, ils pouvaient en
dehors du boulet Crosby (pourvoyeur de folks feignasses qui firent malgré tout
leur petit effet en ces temps reculés), s’appuyer (en plus de reprises bien
trouvées) sur les redoutables compositeurs qu’étaient Hillman et McGuinn, et
sur des harmonies vocales complexes et irréprochables. Le tout avec une mise en
place sonore pointue, visant à reproduire les effets de drogues (cannabis puis
LSD) sur le cerveau. Les Byrds étaient les précurseurs et au cœur du cyclone
musical qui allait ravager la Californie avec les Love, Airplane, Dead, Doors,
et tous les autres …
La pochette du premier Floyd ? Non, toujours les Allah-Las ... |
Les Allah-Las, c’est les Byrds revus par le Secours
Populaire. Y’a de la mélodie, des harmonies vocales savantes, de la musique « sous
substances » (ou plus vraisemblablement qui ressemble à de la musique sous
substances), mais c’est quand même assez loin de valoir les modèles évidents.
Et puis, bien que les compos des Allah-Las soient pas minables, on ne trouve
rien du calibre de « Eight miles high » ou « So you want to be a
rock’n’roll star ».
Bon, évidemment, faudrait être de sacrés
monomaniaques pour s’arrêter aux Byrds. On trouve aussi chez ces jeunes gens
des tentatives de décollage spatiaux très Barrett-early Floyd (« Ferrus
gallery »), des ballades écroulées comme sur le 3ème Velvet (« Nothing
to hide »), trois instrumentaux qu’on jurerait vintage (dont le quasi
surf « No werewolf »). Tout le reste, c’est de la chair à compilations
Nuggets du futur avec les qualités et les défauts de ce genre d’entreprise (les
trucs qu’auraient pu faire de petits hits mais que pas de bol personne a l’époque
a écoutés). Ainsi, parce qu’il réunit à peu près tous ces critères, le titre le
plus emblématique de ce « Worship the sun » doit être « Had it
all », que, pas trop cons, les Allah-Las ont sorti en single. Tiens, et
puisqu’on parle de singles, les deux derniers titres du disque sont issus de leurs
45T, avec un amusant (enfin, si on est d’humeur badine) « Every girl »,
qui lui ressemble plutôt aux titres des Stones circa 64-65.
Ah, et sur leur site y’a une vidéo où ils reprennent
façon jam acoustique improvisée le « Alone again or » des Love, le
titre qui est à la fois l’aboutissement et la quintessence de cette période qu’ils
semblent tant aimer …
Allez, suivant, puisque le filon semble inépuisable …