Bon, le Lovin’ Spoonful, y’a pas de quoi écrire une
encyclopédie sur eux. Balancer leur nom à un dîner en ville va faire s’écarquiller
les yeux des convives … What ? Le Lovin’ quoi ?
Faut reconnaître qu’ils n’ont eu que leur quart d’heure
warholien de gloire dans les sixties. Enfin, leurs trois-quarts d’heure, ils
ont eu trois hits certifiés. Et leur leader John B. Sebastian doit pas avoir de
soucis de fin de mois, tant ces trois titres ont été repris et, allez savoir
pourquoi, utilisés à maintes reprises dans des spots de pub.
C’est sur une de ces pubs télé que j’avais entendu un
titre. Je crois bien que c’était « Summer in the city » pour une
marque de jeans, mais depuis le temps, je suis plus sûr …
Toujours est-il que les types du label Flarenasch,
boutiquiers de série Z spécialisés dans l’euro-dance très bas de gamme, et dans
l’achat de licences pas chères pour sortir des compiles bas de gamme comme
celle-ci, ont mis dans les bacs cette « Ultimate collection ». Visuel
minable, fautes d’orthographe, livret recopiant des articles de presse anglo-saxonne,
son plus que limite (j’irais pas jusqu’à affirmer qu’ils ont repiqué sur les
vinyles, mais c’est sûr qu’ils ont pas remastérisé …). Coup de bol, parce
qu’avec ce genre d’épiciers sonores tu peux te retrouver avec un tracliksting
de morceaux inconnus sous un intitulé ronflant, les trois hits y sont.
« Do you believe in magic ? »,
« Daydream » et « Summer in the city », au milieu de plus
d’une vingtaine d’autres que pour être
charitable on qualifiera de quelconques… Le Lovin’ Spoonful, c’était à partir
du milieu des années 60 un de ces groupes américains qui aurait voulu être les
Beatles par chez eux. On a donc en moins de trois minutes des mélodies, des
chœurs à plusieurs voix, tout le tralala pop … Particularités des Lovin’
Spoonful : un compositeur quasi exclusif, le déjà cité Sebastian, pas de
reprises (en tout cas sur cette compile), et une base sonore typiqueemnt
américaine (country, folk, rock). Et jamais de mélange de ces genres. En fait,
et dans le meilleur des cas, les Lovin’ Spoonful étaient de piètres ersatz des
Byrds.
Même si John B. Sebastian est un bon songwriter (on
n’écrit pas trois gros hits par hasard), c’est pas vraiment l’imagination au
pouvoir. L’essentiel se traîne, donne une pop cotonneuse archi-prévisible dans
son écriture et ses arrangements, et vocalement c’est loin d’être renversant,
tant en voix lead (Sebastian) que dans les harmonies vocales. Il est même
curieux de voir l’abîme qui existe entre leurs trois titres phares et le reste
de leur production …
Le groupe, qui tire pourtant son nom d’une bribe de
phrase dans un titre de Mississppi John Hurt, n’a semble t-il jamais touché au
blues, a sorti une poignée d’albums dont une paire seraient paraît-il
fréquentables (mais au vu de cette compile, j’ai quelques doutes, même si dans
sa seconde partie – elle est chronologique – elle s’améliore un peu), avant que
Sebastian s’en aille tenter l’aventure solo. Une paire ont continué un temps,
sorti quelques titres assez calamiteux avant de sagement mettre la clef sous la
porte. Sebastian de son côté n’a plus retrouvé le chemin des hits parades, et
il fait même partie de ces complets oubliés de l’Histoire qui ont joué au
festival de Woodstock.
Les hits du Lovin’ Spoonful sont de grands classiques de
la reprise pour ceux qui veulent lancer (Mama Cass Elliott en solo après la
débandade des Mamas & Papas avec « Daydream ») leur carrière ou
effectuer un énième come-back (le plombier Joe Cocker avec « Summer in the
city »).
Le genre d’objet à réserver aux maniaques des séries B de
pop américaine tendance sixties. Si tant est que cette rondelle ait été
rééditée, ce qui ne semble pas être le cas …