AC/DC - LIVE AT RIVER PLATE (2012)


Un bon groupe et un mauvais chanteur ...

Quel intérêt peut-il y avoir à écouter un disque d’AC/DC ? Enfin, depuis que Bon Scott est mort, s’entend … A mon humble avis, pas beaucoup … et surtout un live récent … les types ont tous cent ans, font le même disque depuis au moins quatre vingt quinze … et nous sortent là un live exotique, enregistré dans un stade argentin, et version audio d’un DVD déjà paru …
Il semblerait d’ailleurs que les Sud-américains prennent un malin plaisir à s’entasser dans les stades. Il y a quelques temps, c’était pour prendre au minimum des coups de matraque (voire beaucoup plus si affinités et refus de coopérer), maintenant c’est pour prendre des milliers de watts dans les yeux et les oreilles … Tropisme quand tu nous tiens …
Bon, je vais vous dire, ils ont pas eu forcément tort d’hypothéquer leur baraque (à côté de l’Argentine, la Grèce est un pays très riche) pour aller voir les Australopithèques à casquettes et culottes courtes. Autant AC/DC en studio, y’a pas de quoi se relever la nuit (quoique, il y en a un qui m’avait assez plu y’a bien dix ans, « Stiff upper lip » il s’appelait) depuis que … enfin, vous m’avez compris, autant là, devant tous ces types qui sautent partout pour oublier toute la misère qu’ils s’enquillent, et que la nôtre à côté c’est caviar au tracto-pelle au petit déjeuner, et bien AC/DC, ça putain de déménage.

Ces gars, Rudd, Evans, les frangins Young, sont ensemble depuis toujours, jouent depuis toujours un heavy boogie-blues reconnaissable au bout de trois notes, et en live, ils tressent un mur de décibels en béton armé. C’est absolument implacable, ils ont remplacé les cordes de guitare par des rails de chemin de fer, et ne lâchent rien. Mais les AC/DC, faut bien y revenir, ont un problème. Qui piaille dans les suraigus depuis 30 ans. L’ineffable Brian Johnson, c’est le type qui a gagné la super cagnotte au Loto du hard. Alors que tout le destinait avec son look de camionneur à finir dans un groupe de quinzième zone, à passer sa vie à se bourrer la gueule dans un pub, et à peloter des catins à forte poitrine, voilà que maintenant il passe sa vie à se bourrer la gueule dans des pubs, à peloter des catins à forte poitrine, et qu’en plus il chante (enfin, ça c’est lui qui le croit) dans AC/DC. Vocalement parlant, ce type est une catastrophe, il hurle comme s’il venait de se prendre un Boeing dans les roubignolles, sans jamais chercher à moduler, à faire autre chose … et comme en plus il avance dans l’âge et commence à avoir un durillon de comptoir respectable, il s’essouffle vite. Là, sur ce live, pendant « Whole lotta Rosie », soit à demi-heure de la fin du concert, il avale la trompette comme disait l’autre. Fini, terminé, aphone le Johnson. Il a du bol, Angus prend un solo d’un quart d’heure ( ! ) sur « Let there be rock », le temps certainement que le Brian aille consulter un ORL en coulisses, prenne quelques pastilles Valda et voilà que notre Ecossais revient tant bien que mal assurer le final du concert … et non, je vous assure que tout ce j’écris est véridique, z’avez qu’à acheter le skeud ou mater la vidéo, vous verrez … A noter aussi les spectaculaires efforts du Brian pour communiquer avec le public, il connaît trois mots (pas un de plus) en espagnol (« muchas », « gracias », « amigos »), et lance même au début un « scusi ». Faudra que quelqu’un essaye de lui expliquer, s’il est à jeun un jour, que l’Espagne et l’Italie, ça à beau être au Sud de Glasgow, c’est pas exactement la même chose …
Cin cent millions de Sud-américains et moi et moi et moi ...
Parce que les quatre autres, ils assurent grave, sur les vieux titres, parce qu’ils les jouent sans débander depuis plus de trente ans (la moitié de la setlist, elle date du temps de Bon Scott) et même sur les autres, parce qu’en fait, AC/DC, c’est toujours la même chose, mais là, avec le temps, de plus en plus puissant, genre bulldozer inexorable et inarrêtable.
Mais aux débuts, c’était même pas Bon Scott qui focalisait les regards, c’était ce gosse en tenue d’écolier qui massacrait sa Gibson comme si le sort de l’humanité en dépendait. Et donc, qu’est-ce qu’il devient, l’Angus, maintenant qu’il atteint un âge où le commun des mortels commence à compter les trimestres d’activité en vue de faire valoir ses droits à la retraite ? Il s’est calmé, enfin juste un peu, fini le temps où il passait le concert à se rouler par terre en effectuant des descentes de manche à vitesse supersonique. L’âge, l’arthrose, tout çà, d’ailleurs il montre plus on cul sur « The Jack », juste un slibard taille XXL floqué AC/DC … mais de guitariste épileptique, il est devenu bon guitariste, instantanément reconnaissable la plupart du temps, le côté chien fou en moins. Et puis, il a ajouté un truc très hendrixien dans son jeu, pas les zigouigouis à grande vitesse de mise chez tous les nullards présentés comme les héritiers-successeurs-descendants du gaucher de Seattle, non, juste ces coulis de notes traînantes que balançait Jimi sur ses blues mutants. Ici, c’est particulièrement flagrant sur « The Jack », le blues des maladies vénériennes, avec même une intro qui cite quelques notes de « Manic depression » on dirait bien … Conclusion : même si c’est pas l’Angus des 70’s, ça reste quand même un type qui utilise plus que bien (et même mieux qu’avant selon moi) une guitare …
Résultat des courses, ce live est quand même un peu saboté (si, si et je suis gentil) par le Johnson à casquette. Et je n’échangerais certes pas les presque deux heures de ce « River Plate » contre les quarante minutes de « If you want blood » …

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