Un bon groupe et un mauvais chanteur ...
Quel intérêt peut-il y avoir à écouter un disque
d’AC/DC ? Enfin, depuis que Bon Scott est mort, s’entend … A mon humble
avis, pas beaucoup … et surtout un live récent … les types ont tous cent ans,
font le même disque depuis au moins quatre vingt quinze … et nous sortent là un
live exotique, enregistré dans un stade argentin, et version audio d’un DVD
déjà paru …
Il semblerait d’ailleurs que les Sud-américains
prennent un malin plaisir à s’entasser dans les stades. Il y a quelques temps,
c’était pour prendre au minimum des coups de matraque (voire beaucoup plus si
affinités et refus de coopérer), maintenant c’est pour prendre des milliers de
watts dans les yeux et les oreilles … Tropisme quand tu nous tiens …
Bon, je vais vous dire, ils ont pas eu forcément
tort d’hypothéquer leur baraque (à côté de l’Argentine, la Grèce est un pays
très riche) pour aller voir les Australopithèques à casquettes et culottes
courtes. Autant AC/DC en studio, y’a pas de quoi se relever la nuit (quoique,
il y en a un qui m’avait assez plu y’a bien dix ans, « Stiff upper
lip » il s’appelait) depuis que … enfin, vous m’avez compris, autant là,
devant tous ces types qui sautent partout pour oublier toute la misère qu’ils
s’enquillent, et que la nôtre à côté c’est caviar au tracto-pelle au petit
déjeuner, et bien AC/DC, ça putain de déménage.
Ces gars, Rudd, Evans, les frangins Young, sont
ensemble depuis toujours, jouent depuis toujours un heavy boogie-blues
reconnaissable au bout de trois notes, et en live, ils tressent un mur de
décibels en béton armé. C’est absolument implacable, ils ont remplacé les
cordes de guitare par des rails de chemin de fer, et ne lâchent rien. Mais les
AC/DC, faut bien y revenir, ont un problème. Qui piaille dans les suraigus
depuis 30 ans. L’ineffable Brian Johnson, c’est le type qui a gagné la super
cagnotte au Loto du hard. Alors que tout le destinait avec son look de
camionneur à finir dans un groupe de quinzième zone, à passer sa vie à se
bourrer la gueule dans un pub, et à peloter des catins à forte poitrine, voilà
que maintenant il passe sa vie à se bourrer la gueule dans des pubs, à peloter
des catins à forte poitrine, et qu’en plus il chante (enfin, ça c’est lui qui
le croit) dans AC/DC. Vocalement parlant, ce type est une catastrophe, il hurle
comme s’il venait de se prendre un Boeing dans les roubignolles, sans jamais
chercher à moduler, à faire autre chose … et comme en plus il avance dans l’âge
et commence à avoir un durillon de comptoir respectable, il s’essouffle vite.
Là, sur ce live, pendant « Whole lotta Rosie », soit à demi-heure de
la fin du concert, il avale la trompette comme disait l’autre. Fini, terminé,
aphone le Johnson. Il a du bol, Angus prend un solo d’un quart d’heure ( !
) sur « Let there be rock », le temps certainement que le Brian aille
consulter un ORL en coulisses, prenne quelques pastilles Valda et voilà que
notre Ecossais revient tant bien que mal assurer le final du concert … et non,
je vous assure que tout ce j’écris est véridique, z’avez qu’à acheter le skeud
ou mater la vidéo, vous verrez … A noter aussi les spectaculaires efforts du Brian
pour communiquer avec le public, il connaît trois mots (pas un de plus) en
espagnol (« muchas », « gracias », « amigos »),
et lance même au début un « scusi ». Faudra que quelqu’un essaye de
lui expliquer, s’il est à jeun un jour, que l’Espagne et l’Italie, ça à beau
être au Sud de Glasgow, c’est pas exactement la même chose …
Cin cent millions de Sud-américains et moi et moi et moi ... |
Parce que les quatre autres, ils assurent grave, sur
les vieux titres, parce qu’ils les jouent sans débander depuis plus de trente
ans (la moitié de la setlist, elle date du temps de Bon Scott) et même sur les
autres, parce qu’en fait, AC/DC, c’est toujours la même chose, mais là, avec le
temps, de plus en plus puissant, genre bulldozer inexorable et inarrêtable.
Mais aux débuts, c’était même pas Bon Scott qui
focalisait les regards, c’était ce gosse en tenue d’écolier qui massacrait sa
Gibson comme si le sort de l’humanité en dépendait. Et donc, qu’est-ce qu’il
devient, l’Angus, maintenant qu’il atteint un âge où le commun des mortels
commence à compter les trimestres d’activité en vue de faire valoir ses droits
à la retraite ? Il s’est calmé, enfin juste un peu, fini le temps où il
passait le concert à se rouler par terre en effectuant des descentes de manche
à vitesse supersonique. L’âge, l’arthrose, tout çà, d’ailleurs il montre plus
on cul sur « The Jack », juste un slibard taille XXL floqué AC/DC …
mais de guitariste épileptique, il est devenu bon guitariste, instantanément
reconnaissable la plupart du temps, le côté chien fou en moins. Et puis, il a
ajouté un truc très hendrixien dans son jeu, pas les zigouigouis à grande
vitesse de mise chez tous les nullards présentés comme les
héritiers-successeurs-descendants du gaucher de Seattle, non, juste ces coulis
de notes traînantes que balançait Jimi sur ses blues mutants. Ici, c’est
particulièrement flagrant sur « The Jack », le blues des maladies
vénériennes, avec même une intro qui cite quelques notes de « Manic
depression » on dirait bien … Conclusion : même si c’est pas l’Angus
des 70’s, ça reste quand même un type qui utilise plus que bien (et même mieux
qu’avant selon moi) une guitare …
Résultat des courses, ce live est quand même un peu
saboté (si, si et je suis gentil) par le Johnson à casquette. Et je
n’échangerais certes pas les presque deux heures de ce « River
Plate » contre les quarante minutes de « If you want blood » …
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