Plein d'échos favorables ...
Et même un Top 20 dans les meilleurs disques 2012 du
NME. Et quand on sait à quel point les mags musicaux anglais goûtent ce qui ne
vient pas de chez eux (Melody’s Echo Chamber s’appelle Melody Prochet, elle est
frenchie, cocorico !), on se dit que ce disque est vraiment excellent, ou
que les Anglais sont vraiment putain de mal barrés …
Donc Melody est de l’ancien pays de Gérard
Depardieu, pays qui également ne tarit pas d’éloge sur ce premier disque (en
fait son second, son vrai premier sous un autre pseudo étant passé inaperçu).
Elle donne, pour faire simple, dans la chanson sixties française, yéyé pour
faire encore plus court. Et surtout elle a dans sa manche, ou plutôt en studio,
l’atout maître du moment, Kevin Parker, alias le leader maximo de Tame Impala.
Melody Prochet. Dans l'attente de l'ami Ricoré ? |
« Melody’s … » est un joli disque, c’est
sûr. Qui a quand même tendance à tourner un peu en rond. Il y a un parti pris
systématique de noyer la voix dans des tonnes d’effets (d’où le titre ?),
la rendant quasi-incompréhensible. Egalement un parti pris de construire tous
les morceaux sur à peu près les mêmes mid-tempo. Egalement un parti pris de les
noyer sous des arrangements de synthés rétro tournoyants…
La voix de Melody Prochet évoque fortement celle de
la disparue chanteuse de Broadcast, on lit ça partout. Soit, j’ai jamais écouté
le moindre disque de ce foutu groupe. Moi, ce que cette galette m’évoque, c’est
le shoegazing, cette impression d’écouter de la musique la tête sous l’eau, ces
vagues de synthés analogiques « liquides » tournoyantes, comme les
guitares « liquides » de la bande à Kevin Shields. Ça m’évoque aussi
les tableaux impressionnistes, on voit de quoi il retourne, mais les contours
restent flous, toutes les touches de couleur se mélangent …
« Melody’s … » n’est pas un disque
d’électro, c’est à la base constitué de chansons « classiques » couplets-refrains.
D’ailleurs les guitares peuvent rugir comme sur l’intro de « Some time
alone », les parties de batterie sont au départ certainement bien réelles,
mais sont recrachées et émulées par des machines. Ce qui amène à dire un mot
sur le travail de production de Kevin Parker. Qui n’a pas le talent de David
Fridman, le metteur en sons de Tame Impala. Même si les leçons ont bien été
retenues, Parker a manifestement pris quelques notes durant les sessions de
« Lonerism ».
Des choses se distinguent quand même, l’évident
single « I follow you », le bon cescendo de « Quand tu vas
rentrer » (un des deux seuls titres en français), la
comptine-berceuse « Be proud of your kids » (tiens, par association
d’idées, je pense à « Kids » ou « Kill your sons » de Lou Reed, le
« rock » ou ce qu’il en reste est bien rentré dans la norme …).
Alors peut-être que Melody Prochet qui déjà se situe
au cœur de la « tendance » et de l’actualité aura les moyens (elle a
étudié des années la musique classique, joue il me semble du violon alto comme
John Cale) d’écrire de grands titres (ici, c’est quand même un peu léger, dans
tous les sens du terme). Et le résultat, finalement, n’est guère éloigné de ce
que faisait un Daho dans les années 80-90, comme quoi rien ne se perd jamais
vraiment.
Et ça reste à mon sens très en deçà de Vanessa &
the O’s pour le côté sixties yéyé, ou des productions de Burgalat, vrai esthète
de la chose pop française rétro avec son label Tricatel, et ses masterpieces
comme le « Chrominance decoder » d’April March.
Là, maintenant, Melody Prochet, m’évoque
furieusement, même si la musique n’a rien à voir, les débuts d’Emilie Simon.
J’espère pour elle qu’elle s’en sortira mieux par la suite et ne finira pas à
l’IRCAM …
De la même sur ce blog :
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