Pour nous les hommes ?
Les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures,
faudrait qu’ils arrêtent bientôt. Parce que là, hum, comment dire, c’est un peu
… gros leur truc. Ou doit-on dire son truc, tant il n’y en a que pour la Beth
Ditto dans cet ersatz de groupe de rock. Et la pauvre batteuse (très moche, il
va de soi) en gros plan sur la pochette doit se demander ce qu’elle fout là,
elle dont absolument tout le monde ignore le nom.
Ce « Music for men », c’est du vide bien orchestré.
Très bien, même. Il y a un son d’enfer, des petits arrangements roboratifs de
partout (peuvent dire merci à Rick Rubin, sans qui ce disque serait une horreur
absolue) au service de ce qu’on appellera charitablement des morceaux
misérables. Tous construits de la même façon. Couplets mid tempo, et gros riffs
de guitare sur le refrain up tempo. Deux exceptions, le premier titre
(« Dimestore diamond »), tout en tension larvée et qui laisse à tort
augurer de bonnes choses qui n’arrivent pas, et le dernier (« The
breakdown »), exécrable ballade gluante, bruit de bidet final de cette
sanisette sonore.
Ce qui sauvait quelque peu le précédent (« Standing
in the way … »), c’était la voix de Ditto, qui sans pouvoir être
comparée aux grandes shouteuses (Joplin), ou aux grandes abîmées (Holyday), se
baladait avec une facilité assez déconcertante et bluffante sur les morceaux.
Là, quelqu’un dans sa maison de disques a dû lui dire qu’il fallait assurer,
qu’elle avait en charge une petite entreprise qui tournait bien, ce genre de
plan marketing rance visant le plus grand nombre … Finies les extravagances
castafioresques, on pose bien comme il faut et bien gentiment sa voix, et on
chante tous les titres de la même façon. Le résultat, on a l’impression
d’entendre la fatale Pat Benatar d’il y a trente ans. La Ditto aligne ses
petits rocks gentils-mous teintés de disco sans aucune once d’imagination
vocale, sans aucune prise de risque. Du formatage pour le « grand
public » dans tout ce qu’il a de tragique.
Alors ça fonctionne le temps d’une paire de titres qui
ont fait des hits passables (« Heavy cross », « Love long
distance »), et puis ça lasse, mais lasse … Et il y avait finalement
quelque chose de pathétique à voir la Ditto venir faire dans les shows télé son
numéro de diva transgressive (enfin, transgressive tu parles, tout est
« on control », on est quand même loin de Divine, l’égérie de John
Waters), maquillée comme un semi-remorque volé, pour être sûre qu’on la
remarque bien … Cette fille a certainement du talent, elle le gâche pour son
warholien quart d’heure de gloire. Il semble d’ailleurs que la supercherie a
assez duré, le dernier pensum de la Gossip girl s’est fait descendre par à peu
près tous les médias dits ou prétendus spécialisés …
Pour faire bonne mesure, comme d’hab, quelqu’un dans la
maison de disques s’est cru malin en rajoutant à la fin du Cd trois remixes
d’une insondable crétinerie …
Des mêmes sur ce blog :
Standing In The Way Of Control
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