WANDA JACKSON - QUEEN OF ROCKABILLY (2000)


Little Wanda ...

Appeler une compilation « Queen of rockabilly », ça peut paraître gonflé … d’un autre côté, la concurrence est pas énorme … Mamie Van Doren ? Mis à part sa forte capacité pulmonaire, elle avait pas trop marqué les esprits. Janis Martin, « The Female Elvis » ? Ouais, bof … Brenda « Miss Dynamite » Lee, ses jupes plissées et ses gros mollets ? Euh, soyons sérieux, là … Donc, titre mérité pour Wanda Jackson. Et pas par défaut …
Wanda Jackson et le jumeau de Jesse Garon
Car ce petit bout de femme impressionna tout le monde à ses débuts dans le rock’n’roll en 1956, y compris le King lui-même qui la prit souvent en première partie. La rumeur (et pas seulement légendaire) prétend même que Wanda Jackson aurait partagé la couche royale, c’est dire si elle était au cœur de la tourmente rock’n’roll qui mettait l’Amérique à ses pieds.
Le rock (accessoirement ’n’roll), n’étant pas un milieu à l’ouverture d’esprit renommée, Wanda Jackson est beaucoup moins célèbre et célébrée que la plupart de ses contemporains masculins. Et pourtant, believe me, Wanda Jackson, ça déménage. Il se dégage de cette miniature (sur la – sublime, ce regard, cette attitude – photo de pochette de cette compilation, la guitare est « normale », c’est vraiment elle qui est petite) une voix d’une animalité, d’une sauvagerie peu commune, mais qui sait rester au plus près de la mélodie, de la chanson. L’égale, ni plus ni moins, d’un Little Richard (qui est, je le rappelle pour ceux qui ont des déficiences auditives, le plus grand chanteur de rock’n’roll de tous les temps). D’ailleurs il n’est qu’à écouter les reprises qu’elle fait de titres figurant au répertoire de Petit Richard (« Rip it up », « Whole lotta shakin’ goin’ on », « Slippin’ & slidin’ », et une phénoménale version de « Long tall Sally ») pour voir qu’on a là affaire à un gosier d’exception.
Wanda Jackson n’a qu’un point faible. Elle écrit peu, et se « contente » de reprises ou de morceaux écrits sur mesure pour elle. Dommage, serait-on tenté de lire, car un des rares titres dont elle est l’auteur (« Mean mean man ») est une tuerie totale, qui par bien des sonorités annonce les Cramps, et le plus sauvage d’un tracklisting dans lequel la ballade n’est pas de mise.
Les deux titres les plus connus de la dame sont bien là (« Fujiyama Mama » et « Let’s have a party ») dans cette compilation irréprochable, et le second qui reviendra comme un leitmotiv dans sa carrière décliné-décalqué-dupliqué (« There’s a party goin’ on », « Man, we had a party », …). Wanda Jackson avait, comme bien d’autres de son époque (Perkins, Lewis), débuté dans la country, et le premier morceau qui l’a fait connaître dans le monde du rock’n’roll est un curieux et unique mix de country et de rockabilly (« I gotta know »). Pour le reste, dans les trente titres de ce disque, on trouve des classiques 50’s (« Searchin’ », « Kansas City », « My baby left me », « Brown eyed handsome man », « Honey don’t »), certains dans des versions incroyablement furieuses et violentes (« Riot in cell block #9 », « Tongue tied »).
Wanda Jackson ne réussira pas à se hisser au niveau des plus grands (en terme de notoriété) dans le monde macho du rock’n’roll et retournera dès le début des années 60 à une carrière strictement country, avant, comme également beaucoup d’autres, de se vautrer dans la religion (elle est christian reborn il me semble) et de se consacrer au gospel à partir des années 70. A peu près disparue de la circulation depuis longtemps, elle a effectué un come-back assez étonnant (et également assez surestimé, mais la dame a bien plus de soixante dix ans, faut pas trop en attendre non plus), avec Jack White (qui d’autre ?) comme Pygmalion, et l’album s’appelle évidemment … « The party ain’t over », comme quoi c’est bien la période rockabilly de Wanda Jackson qui est à retenir …