A la croisée des chemins ...
Les Shamen c’est un groupe de rock emmené par Colin Angus
et Will Sinnott, qui a viré techno. Ils ont bien fait, leurs premières années à
guitare ont pas laissé des souvenirs impérissables. Par contre, lorsqu’ils se
sont mis à jouer des disquettes, ils sont devenus une des figures de proue
(avec leurs potes de Orbital) du mouvement techno-house naissant, et
l’attraction la plus courue des premières raves « sauvages » de masse
…
Colin Angus & Will Sin |
Les Shamen, c’est dans le désordre, du rap, des chansons
et de la techno, et ils sont les premiers, et encore aujourd’hui pratiquement
les seuls, à avoir mixé ces trois genres que tout le monde croit antagonistes.
Les Shamen c’est un hit (entendez un morceau populaire, écoulé par camions),
nommé « Move any mountain » dans sa version ultime, un titre qui a
subi une lente transmutation au gré des réenregistrements et des remixes, et
qui était d’abord sorti sous le titre « Progen 91 ». Ce titre
d’abord underground, deviendra un succès des free parties, obtiendra la
reconnaissance de tous les pionniers de l’underground techno.
Et tous viendront apporter leur pierre à l’édification de
ce « En-tact », premier disque des « nouveaux » Shamen. On
trouve au casting, au gré des éditions différentes de ce disque (trois en tout,
la première en 1990, deux suivront l’année suivante, l’essentiel des titres
étant commun et identique) Orbital, Paul Oakenfold, William Orbit, 808 State,
les Beatmasters, Renegade Soundwave, … tous gens ayant eu leur quart d’heure
(ou plus) de gloire au début des années 90…
Comme Soul II Soul, mais avec le côté funky de
supermarché en moins, les Shamen
s’efforcent de faire en sorte d’écrire des chansons. Entendez par là un
truc avec des couplets, un refrain, des ponts, des breaks, une intro, … et avec
leurs premières influences (le pop-rock psychédélique) affleurant un peu
partout. Sans négliger pour autant de suivre tous les wagons techno qui se
succèdent à grande vitesse. « Omega amigo » renvoie aux balearic
beats de l’énième été de l’amour made in Ibiza, « Make it mine » le
plus « rock » lorgne vers les grosses guitares qui feront la fortune
des Prodigy et autres Chemical Bros, « Human energy » (les Shamen, en
référence à leur patronyme, véhiculent mysticisme de bon aloi, écologie et good
vibrations) a des faux-airs de « Funky town », la scie disco de Lipps
Inc, « Hyperreal orbit » est la transposition des mantras des 60’s dans les années Atari,
« Lightspan » est juste un putain de grand morceau …
The Shamen 1992 |
Evidemment, pour faire comme tous leurs semblables, les
Shamen n’ont pas pu s’empêcher, de garnir leur rondelle de quelques remixes, la
plupart bêtes comme chou (« Make it minimal », « Hyperreal
selecter »).
Les Shamen avaient tous les atouts pour devenir the big
thing de la chose électronique, et de ratisser bien au-delà de cette seule
chapelle. La noyade d’un des membres essentiels du groupe, Will Sin(nott) sera
vécue par les autres comme un traumatisme, ses potes envisageant longtemps la
dissolution du groupe, avant de revenir sans trop de conviction en studio pour
des disques passant plus ou moins inaperçus.