Génial, oui ... mais pas toujours ...
Ray Charles, c’est le Genius. Et si plein d’autres
contemporains, dotés d’un talent certain et d’un ego démesuré (James Brown,
Sinatra, Elvis, Miles Davis, Coltrane, …), ne lui ont pas contesté ce titre,
c’est peut-être bien que Charles le méritait.
En une décennie magique (en gros de 1955 à 1965), il
allait faire la synthèse de tous les genres de musique populaire existants et
jeter les bases de nouveaux. Venu du gospel et du jazz, il va s’approprier le
rock’n’roll naissant, le blues, la country et graver la définition du rythm’n’blues et de la soul, laissant à
chaque fois au passage quelques classiques imputrescibles.
Dresser la liste de ceux qui l’ont repris ou qu’il a
directement influencés est totalement impossible tant cette liste est
démesurée. Tous ceux qui se sont inspirés ou servis de la musique noire pour
créer la leur lui doivent quelque chose. Et des morceaux géniaux de Ray Charles
(je ne suis pas un grand connaisseur du bonhomme), il doit y en avoir de quoi
remplir des coffrets de plusieurs Cds.
Le problème de ce « Ultimate Hits
Collection » en deux Cds et trois douzaines de titres, c’est qu’il s’agit
d’une « compile de supermarché » (c’est là que je l’ai achetée
d’ailleurs il y a bien longtemps quand je voulais les versions originales de tous ces morceaux que je connaissais
repris par d’autres. Et même si c’est édité par Rhino, gage de qualité sonore,
de travail sérieux et de notes de livret intéressantes). Une jolie ( ? )
photo consensuelle, un intitulé ronflant, et au final les 2/3 du second Cd qui,
comment dire, … ne sont pas géniaux. Des titres des années 70 et 80 avec de
grandes orchestrations, des cascades de violons, des roucoulades d’armées de
choristes, des morceaux avec Willie Nelson, Chaka Khan, Quincy Jones, … eux
aussi pas dans leurs meilleures périodes.
La faute aux clopes et au bourbon qui ont amoché la
voix de Charles. A l’héroïne qu’il a consommé en quantités industrielles et
qui, comme chez tous les autres, a fini par lui bouffer la créativité et
l’inspiration. Ray Charles, comme tous les autres artistes noirs de sa
génération, a été copieusement détroussé au début de sa carrière par
l’ « industrie musicale ». Et parce qu’il faut payer les
croquettes du chien et l’eau de la piscine, comme tous les autres, il a fini
par faire de l’ « alimentaire » … même si sa soupe à lui est
quand même meilleure que celle de beaucoup d’autres …