BELLE & SEBASTIAN - TIGERMILK (1996)


Comme un conte de fées ...

L’histoire est devenue célèbre, c’est celle de quelques amis écossais qui enregistrent en quelques heures un disque dans le cadre de travaux pratiques d’une école de marketing musical. Un disque pressé (en vinyle) à mille exemplaires. Qui fera l’objet d’un buzz colossal lorsque le suivant, « If you’re feeling sinister » rencontrera le succès. Et sera dès lors bien évidemment réédité …
Hey, t'as vu ? On est sur le blog de Lester ...
Et pour une fois, les rumeurs étaient dans le vrai. Ce « Tigermilk » de 1996 renoue avec des ambiances, des sons, une simplicité que l’on croyait à jamais disparues de la perfide Albion, noyée sous les mille-feuilles de guitares saturées des frères Gallagher. « The state I’m in » qui inaugure, renvoie dès son intro au troubadour neurasthénique Nick Drake, et quand les instruments se mettent en place, surgissent les lointains échos sixties des mélodies de Donovan, Cat Stevens, Fairport Convention … Du folk 60’s donc, mais macéré dans trois décennies d’évolution musicale. Le tout porté par la belle voix grave et voilée de Stuart Murdoch, leader et âme du groupe … La mélodie et la tristesse sont chez Belle & Sebastian au cœur de tous les morceaux, mais par un de ces hasards que seul un réel talent peut provoquer, le résultat est tout à l’opposé d’un disque sinistre. Ces morceaux comme en apesanteur, se voient nimbés parfois de cordes, de synthés discrets et légers, … Voire même de trompettes comme les Pale Fountains les utilisaient dans les 80’s. Parfois, c’est la structure rythmique qui est discrètement originale, « I could be dreaming » débute comme un ska épaulé par de petits riffs de guitare très Mick Jones (le bon, celui des Clash).
Mais c’est surtout la référence évidente aux Smiths, archétype du groupe typiquement anglais, sur de nombreux titres (« Expectations », « You’re just a baby », « I don’t love anymore » …) qui marquera les esprits. La recette de cette pop triste et mélancolique, que l’on croyait disparue avec le split du groupe de Marr et Morrissey, réapparaît conjointement chez Belle & Sebastian et leurs cousins sonores de Tindersticks.
Toute une frange de la presse musicale anglaise, relayée par ici par le fan-club des Smiths (Les Inrocks) va être intarissable de superlatifs et lancer la carrière de ces deux groupes.
Aujourd’hui, le soufflé est quelque peu retombé, on parle davantage de Belle & Sebastian comme de l’ancien groupe de la belle Isobel Campbell (présente mais bien discrète sur ce « Tigermilk »). Reste tout de même ce premier disque, un des debut-albums les plus réussis et les plus marquants des années 90.
A une exception près … Il y a un titre absolument horrible au milieu du Cd (« Electronic Renaissance ») qu’on jurerait échappé de chez les new waveux Orchestral Manœuvres In the Dark et dont on se demande ce qu’il vient faire là …