AMON DÜÜL II - YETI (1970)


Pas abominable ...
C’est le genre de disques pour lequel le contexte est au moins aussi important que la musique. La toute fin des années 60 et le début des années 70 vont placer l’Allemagne au premier plan sur le planisphère du rock. L’engagement social et politique est au cœur de la musique d’Amon Düül II, dans une période charnière qui voit se radicaliser les propos. Barre (très à) gauche toute, sous l’influence du printemps 68 français mais aussi de celui de Prague, qui montre les premières fissures d’un socialisme est-européen. Avec également l’apparition idéalisée dans la pensée politique des prétendus modèles chinois ou yougoslaves. Si l’on ajoute la libéralisation (morale, sociale, …) colportée par les utopies hippies venues de Californie, il y a de quoi faire bouillir la marmite sous le crâne des jeunes allemands, toujours à la pointe de l’actualité musicale gràce aux soldats américains des troupes d’occupation …
Amon Düül est à la fin des années 60 un groupe, un collectif, une communauté (au choix) de hippies allemands, qui se scinde en deux entités (I et II), la première plus portée sur l’activisme politique, et la seconde sur la musique.
Hippy allemand : une expression qui fleure bon l’encens, le fromage de chèvre et les soirées macramé où l’on rêve d’Ardèche et de Larzac, sur fond de musique planante. Problème avec Amon Düül II : de musique planante il n’est ici pas question et ceux qui attendent une version teutonne des pénibles Yes et Genesis seront déçus.
Ce Cd est un putain de truc électrique qui ne ressemble à pas grand-chose de ce qui se faisait à l’époque. Seul un violon strident vient rappeler le Velvet Underground furieusement agressif, genre « Sister Ray ». Pour le reste, on pense quelquefois au King Crimson bruitiste de « Red », et bruitisme oblige, aux dérapages guitaristiques d’Hawkwind, Television ou Sonic Youth des débuts, tous postérieurs à ce disque.
Même trois longues impros (et pourtant cet exercice casse-gueule est souvent pénible) en fin de disque sont intéressantes. Comme le suggère la pochette, ce disque est mortel.