Du sang frais …
Almost famous, les Kills ? Il y a un peu de ça, aussi inattendu que cela puisse paraître. Parce que quand ils ont débuté, pas grand-monde aurait misé sur ce duo famélique, et son rock(’n’roll) sauvage et minimaliste. Qu’ils ont fait évoluer, tout d’abord légèrement avec leur précédent « Midnight Boom », et plus franchement avec celui-ci … Avec entre les deux Alison Mosshart (W) chantant pour les célébrés Dead Weather de Jack White, et Jamie Hince (Hotel) sous les feux des paparazzi en tant que futur Mr. Kate Moss … De quoi faire de ce « Blood pressures » un disque attendu. Dont il aurait été de bon ton de parler, même s’il avait été mauvais …
Or il est plutôt bon, bien qu’il risque de déboussoler des fans de la première heure. Et même s’il faut attendre le milieu du disque pour atteindre les meilleurs titres. Au début, c’est pas vraiment l’imagination au pouvoir, ça rappelle ce qu’ils faisaient (généralement mieux) avant … Avec quelques effets sonores, arrangements et bidouillages de machines quelques fois envahissants, démontrant que les Kills ont maintenant les moyens de leurs ambitions. Que « Future starts now » résume bien, on trouve derrière le rythme tribal toute une profusion de synthés au second plan, on s’aperçoit que si W a perdu en sensualité et en animalité (dommage), elle a gagné en technique vocale …
Les choses sérieuses et le changement arrivent avec le court « Wild charms » chanté par Hotel. Qu’il vaut mieux qu’ils aient fait écouter à Yoko Ono avant, faute de voir débouler les avocats mandatés par la Veuve Noire, tant ce titre ressemble à du Lennon de la grande époque (période « Imagine »). « DNA » est superbe, grosse perf de W, qui fait ressortir la beauté malsaine de la mélodie. « Baby says », très pop, classique instantané, on dirait du Blondie. Tout cela quand même assez loin de l’époustouflant « The last goodbye », une langoureuse ballade radiophonique, reposant tout entière sur un classieux tapis de synthés dont un antique Mellotron, et sur lequel W pousse la roucoulade avec une justesse et une retenue qu’on ne lui connaissait pas. A ma connaissance, jamais les Kills n’avaient produit quelque chose de semblable, un morceau en lice pour être un des tous meilleurs de l’année.
Alors, pour le contraste, ils balancent une paire de titres sans artifices, basiques, simples et efficaces, reposant sur leur trinité bien rodée guitare - rythmique - voix. On pourrait dès lors croire que les Kills ont refermé la parenthèse et reviennent à des choses « connues » … Que nenni, le dernier titre (« Pots and Pans »), ultime clin d’œil goguenard à ceux qui attendaient d’eux le même disque durant toute leur carrière, est une sorte d’escapade celtique, comme le Zeppelin en glissait parfois entre deux orages électriques …
Je n’ai aucune idée (et même pas l’envie d’en avoir une) sur ce que l’avenir et le public réserveront comme sort à ce « Blood pressures ». Chez moi, il tourne assez souvent dans le lecteur …