Film culte, comme n’importe
quel film sorti qui est culte pour quelqu’un. En l’occurrence, « le
Loup-Garou » (« The Wolf Man » en V.O.) est considéré comme
l’ancêtre des films de … loups-garous. Et si le nanar de George Waggner n’est
pas le premier film à traiter du sujet, il reste le plus connu des temps
préhistoriques du cinéma. Parce qu’il y a (surtout) un casting. De seconds
couteaux qui sont pas loin d’être des premiers. Genre Claude Rains (toujours là
pour jouer le méchant de service), Ralph Bellamy, Patrick Knowles pour les
messieurs, Evelyn Ankers et Maria Ouspenskaya pour les dames. Sans oublier les
deux noms qui brillent le plus en haut de l’affiche, Bela Lugosi et Lon Chaney.
Précision : Lugosi a en tout et pour tout sept répliques (vu son accent,
il vaut mieux) et se retrouve vite dans (where else) un cercueil, quand à Lon
Chaney c’est Jr., le fils de son père « l’homme aux mille visages »
et une des plus grandes stars du muets.
George Waggner |
Le fiston se contentera de
décliner son personnage de Larry Talbot / Le Loup-Garou (il a eu de la chance, c’est
Boris Karloff qui était pressenti pour le rôle) dans les suites du film,
finissant même, après avoir affronté Dracula ( ! ) et Frankenstein
( ? ), par donner la répliquer aux inénarrables Abott et Costello (duo de
comiques troupiers) pour un très improbable « Deux nigauds contre
Frankenstein » (c’est fou comme on apprend plein de trucs inutiles en
matant les bonus des Dvd …). Et le fiston n’arrivera jamais à la cheville de
son paternel, qui lui foutait vraiment les jetons dans ses apparitions …
« Le Loup-Garou »,
scénario de Curt Siodmak (un Allemand fuyant les nazis) et réalisation de
George Waggner. Suffit d’aller voir sur Wikichose leurs pédigrées et les films
auxquels ils ont contribué, pour voir qu’on est là au cœur de la série Z.
D’ailleurs, toujours section bonus (y’a de la place pour les bonus, le film ne
dure que 67 minutes), une sorte d’universitaire du film d’horreur (Tom Weaver)
nous assène (heureusement sous-titré) avec un débit de mitraillette à faire
passer Scorsese pour un bègue, toutes les incohérences scénaristiques (le film
est la conjonction de plusieurs scénarios bâclés) et tous les raccords
hasardeux ou foirés, même si le gars a l’air assez fan ...
Chaney & Ankers |
Faut dire qu’à la vitesse où
allaient les choses (deux mois entre le premier coup de manivelle et la version
montée présentée à la critique, même si on était dans les années quarante, ça
fait rapide …), fallait pas être trop regardant …
L’histoire, exploitée des
dizaines de fois (la plus célèbre étant tournée par John Landis au début des
80’s), est archi-connue. C’est celle du type qui avant de tuer un loup-garou se
fait mordre et devient à son tour loup-garou. Soit. Ce qui en soi n’est pas
plus con que le concept d’Alien…
Et parce que le scénario tient
sur la tranche d’un feuillet à cigarettes, on y rajoute les événements qui vont
« meubler ». L’histoire familiale compliquée (entre papa Rains et
fiston Chaney), l’histoire d’amour (entre Ankers et Chaney, les deux sous
contrat avec Universal ont tourné plusieurs films ensemble et se détestaient
comme c’est pas permis), la pseudo enquête policière entre chasse à courre pour
débusquer le toutou tueur et intrigue métaphysique et psychologique (à laquelle
on ne comprend rien, pas plus que les acteurs si on en juge par leur jeu). Et puis
les indispensables à ce genre de film, le château familial (en carton, ça se
voit plus que beaucoup), les arbres en carton (ça se voit bien aussi) baignés
par un brouillard artificiel (le préposé aux fumigènes faisait un peu n’importe
quoi). Sans oublier les gens du voyage mystérieux chargés de pouvoirs
surnaturels et de lourds secrets (Lugosi et Ouspenskaya, il est son fils, alors
que dans la vie il est plus âgé qu’elle, ça se voit aussi …).
Number of the Beast ? |
Le plus remarquable pour l’époque,
tout le monde se plaît à le souligner, c’est le maquillage nécessaire à
transformer Chaney en loup-garou, qui est l’œuvre d’un cador du genre, Jack
Pierce, référence culte de tous les spécialistes d’effets spéciaux à base de monstres
encore aujourd’hui. Selon les intervenants des sections bonus, Chaney en avait
pour des heures à se faire coller des poils de yak sur le museau (entre trois et
six plombes) et quasiment autant pour retrouver apparence humaine. Petit détail :
Pierce et Chaney se détestaient (apparemment le Chaney avait pas beaucoup de
potes dans le métier), c’est pourquoi à mon sens, une fois grimé en loup-garou,
il faisait plutôt rire que peur (je sais, c’est facile et méchant, le film a
quasiment 80 ans, y’avait pas la motion capture assistée par des multitudes d’ordinateurs)
…
Bon, ben voilà, si vous avez un
peu plus d’une heure à perdre … ou alors regardez « Dr Jerry et Mister
Love » avec Jerry Lewis, c’est pas seulement un pastiche de Jekyll et
Hyde, c’est aussi dérivé du « Loup-Garou », et c’est beaucoup plus
fun …
Ça serait pas plutôt "Loup y ES-tu ?"
RépondreSupprimerSinon bon ben voilà quoi...
Ah, Claude Rains... "Casablanca", "Mr Smith au sénat", "les Enchainés"... mais pour rester dans ta thématique, "L'homme invisible" de James Whales, le mec de Frankenstein. Quel film cet "Invisible man" !
RépondreSupprimerPas sûr d'avoir vu ce Loup Garou, pourtant je me régale de ce cinéma, les "Momies" avec Karloff, les films de Lon Chaney. Y'avait du talent... Et quels cadrages, quelles photos !
Bon, comme tu aimes les vielles badernes, tu as été voir le dernier Eastwood. Tu en parles quand ?
Loup y es-tu ... effectivement, je corrige...
RépondreSupprimerJ'ai pas vu l'homme invisible ... non, c'est pas une joke ...
Si seulement c'était le dernier Eastwood ... non, pas vu non plus ...