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RADIOHEAD - OK COMPUTER (1997)


Computer blues ...

Alors là, attention chef-d’œuvre … c’est ce que vous diront avec des trémolos dans la voix tous les maniaco-dépressifs, et tous ceux qui n’écoutent que de mauvais disques.
Non, non, mes petits chéris, il n’y a pas de quoi se relever la nuit. Tout au plus je serai d’accord avec vous pour dire que c’est un disque intéressant, le meilleur des tristos Radiohead. Des types pourtant prometteurs, dont j’attends encore qu’ils sortent un bon disque. Qui ne viendra jamais, ils sont maintenant trop vieux, trop rances, trop perdus dans leur cérébralité neurasthénique …
« OK Computer » est un disque qui n’eut pas grand mal à surnager dans cette seconde moitié des années 90, à la qualité musicale en chute libre (on avait commencé avec Nirvana et fini avec Mumuse, c’est dire l’ampleur des dégâts) et globalement très affligeante. « OK Computer » est un ramassis assez bien torché de tout ce qui pouvait « fédérer » la génération désenchantée comme disait l’autre. Des choses, des sons, des structures de titres déjà entendus mille fois chez d’autres, vaguement ripolinés d’une humeur morose et d’un pathos geignard. Et comme point de ralliement, la voix sous Prozac pleurnicharde de Thom Yorke. Que je ne supporte pas, il y peut rien et moi non plus …
Musicalement, ça tient globalement assez bien la route. « OK Computer » sera certainement le dernier grand disque conçu pour les chaînes hi-fi, avant que l’hyper compression pour mp3 et iPod lamine tout. Les Radiohead et leur producteur Nigel Godrich, de fait le sixième membre du groupe, ont effectué un travail considérable et le plus souvent réussi sur la structure sonore. « OK Computer » est un disque qui s’écoute, qui ne se subit pas. Avec suffisamment de prise de risques pour se démarquer du troupeau indie-rock dans lequel s’ébrouait jusque-là le groupe.
On a souvent qualifié ce disque de « floydien ». Ouais, si on veut, quand bien même « Subterranean homesick Alien » doit autant à Dylan par son titre qu’aux disques solo de Roger Waters des 80’s. Comparaison plus pertinente quand il s’agit des brouillages radios de l’intermède « Fitter happier » et surtout du très « Echoes » « The Tourist ». Rayon seventies, « Lucky » me semble inspiré par le « Red » de King Crimson, même s’il est juste pleurnichard quand le disque de la chose à Fripp suintait le tragique et le désespéré. Les deux titres les plus révérés m’ont toujours gavé, que ce soit le patchwork « Paranoid android » (du folk, du bruitisme, du chant grégorien, etc, etc …, me fait penser au fuckin’ prog ce machin …), et la ballade qui s’énerve sur la fin comme il y en a des milliards de « Karma Police ». J’ai aussi beaucoup de mal avec cette sorte de heavy metal qu’est « Electioneering », et avec la bouillasse free-rock sans intérêt de « Climbing up the walls ».
Le reste, je suis preneur. Avec mention particulière pour « No surprises » la comptine mélodique simple mais efficace, « Exit music for a film », qui réveille le fantôme de l’excellent Jeff Buckley, pour une fois bien chantée (comme quoi il en est capable, mais pourquoi diable alors ces sempiternels funestes gémissements ?) par Yorke, et la pop-rock de « Let down », sorte de « Ruby Tuesday » des années 90.
Au vu et surtout à l’entendu de ce qu’ils ont fait par la suite (curieusement, j’ai toujours apprécié un de leurs plus ignorés, le politisé « Hail to the thief »), il semble aussi que les Radiohead aient voulu conclure avec « OK Computer » un cycle de leur carrière, s’acheminant de façon de plus en plus kamikaze vers l’électronique envisagée par eux de façon quasi lugubre. Rien que pour ça, ce pied de nez à tous les schémas de rentabilité immédiate, ils auront gagné ma miséricorde …

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In Rainbows



DINOSAUR Jr - WHERE YOU BEEN (1993)


Des guitares, toujours des guitares, rien que des guitares ...

Dans le rock énervé US des années 90, Dinosaur Jr., le groupe de Jay Mascis et (aux débuts) de Lou Barlow, n’a pas eu l’aura d’un Nirvana, la noirceur d’Alice in Chains, ou le succès de Pearl Jam.
Faut dire qu’ils l’ont bien cherché aussi, avec leurs titres tartinés jusqu’à plus faim de grosses guitares saturées, ce qui a valu au groupe une filiation évidente avec Sonic Youth et Neil Young. Mais sans le sens de la trouvaille sonore des premiers et sans le talent mélodique du second.
Dinosaur Jr. livre des morceaux qui ont tendance à tous se ressembler, basés sur des mid-tempos écroulés sous d’imposantes couches de guitares bruyantes. Ajoutez à cela la pauvre voix traînante de Jay Mascis et des pochettes de disques toutes plus affreuses les unes que les autres (sauf, allez savoir pourquoi, celle de « Green mind »), et vous avez de quoi largement rebuter le chaland moyen.
Mais parfois, la chape de plomb des six-cordes se desserre, et la mélodie (« What else is new ») s’impose. Quelquefois des titres quasi acoustiques (« Not the same ») contribuent aussi à alléger l’atmosphère. Le dernier titre du disque, « Keeblin’ » est même un folk biscornu avec guitare acoustique et sans batterie. Ajoutez à cela une attitude sans compromission de Mascis, qui a toujours fait (et continue encore aujourd’hui) son truc, insouciant du temps, des modes, et du succès ou pas de ses productions, et qui risque pas de vendre un de ses morceaux pour un fond sonore de pub Gap ou Calvin Klein. Un type bien, quoi …
Ainsi, au fil des ans, Dinosaur Jr. est devenu une référence qui compte dans l’indie-rock. Surtout américain, le groupe restant relativement confidentiel dans le reste du monde.

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Bug

THE VINES - HIGHLY EVOLVED (2002)


Dans le rouge ...

Ceux-là, les Vines, ils demandaient rien à personne et se sont retrouvés dans la fumeuse liste des groupes en « The » apparus au tournant du siècle. Pourtant, ils n’étaient pas Anglais (Libertines), Américains (White Stripes, Strokes), ou Scandinaves (Hives). Ils venaient d’Australie, pays-continent au passif lourdement encombré de groupes violents, ils n’avaient certainement pas vent de l’existence du NME, du Melody Maker ou des Inrocks. Et se sont retrouvés à leur corps défendant dans la même charrette que les autres. Condamnés à n’être qu’un groupe de revivalistes garage-rock de plus.
Ce qui n’est pas totalement infondé mais sacrément réducteur, remarque également valable pour leurs congénères cités au-dessus, tant ces groupes ont peu de choses en commun et se distinguent entre eux dès les premières mesures. Mais bon, y’a plus rien à faire, cette étiquette un peu méprisante et condescendante ne les quittera plus.
Les Vines, c’est le traditionnel groupe de potes agencé autour de Craig Nicholls, guitariste, chanteur et auteur ou co-auteur de tous les titres de ce « Highly evolved » leur premier disque. Cette rondelle est bordélique, à l’image de Nicholls. Dont à la suite de quelques pétages de plombs hystériques, on se rendra compte qu’il souffre d’une forme d’autisme aiguë et rare. Dès lors, on comprend mieux tout ces entrelacs de sons, de climats, d’ambiances, ces passages du coq à l’âne ininterrompus. Bien dans la tradition des surdoués de l’écriture un brin rétamés qui ont marqué l’histoire de la musique des djeunes. Il y a chez ce garçon un peu de la folie et de la démesure des Brian Wilson, Arthur Lee et autres Syd Barrett.
Sauf que le terrain de jeu n’est pas le même. Déjà le disque est produit par Andy Wallace, le genre de très gros calibre aux consoles qu’on ne séduit pas avec une ritournelle de guingois ou du folk acoustique. En 2002, Wallace avait déjà vu son nom associé à du rock qui déménage (de Nirvana à Slipknot, en passant par Sepultura, System of a Down, et en gros tout ce la Terre a porté de bruyants et d’enragés dans les 90’s) et d’entrée chez les Vines, le premier titre « Highly evolved » entre décharge punk et garage épileptique, déménage salement.
Seulement voilà, le sieur Nicholls ne se cantonne pas à fournir de la mitraille pour buveurs de bière en Perfecto. Il est fan maladif des Beatles et comme eux, entend bien partir dans tous les sens. Le second titre est une ballade très propre, très classique, contrastant avec le brûlot précédent. Et dès lors, dans ce curieux disque, vont s’entrecroiser mortiers soniques de deux minutes et des choses beaucoup plus complexes, travaillées, sur des tempos nettement moins frénétiques. Avec dans ce rayon-là une nette prédisposition pour des titres qui renvoient à la pop psychédélique des sixties.
Certes, parce que ce devait être plus facile « à vendre », les morceaux mis en avant ont été les plus rapides (« Outthathaway » a même fait un petit hit). Moi, ce sont les titres un peu plus élaborés qui m’interpellent davantage, avec mention particulière à la délicatesse pop avec son piano à un doigt de « Homesick », ou encore le final « 1969 » (rien à voir avec les Stooges), un morceau mélodique très Pink Floyd (« Us and them », ce genre) entrelardé de giclées d’électricité boueuse avant un final louchant vers le prog metal, le tout rendant une atmosphère sourde, lente et noire. Tout n’est pas parfait, il y a quelques titres anecdotiques, la ballade folk qui vire bubblegum  (« Mary Jane »), voire même une grosse bêtise, un truc niaisement sautillant avec refrain à la Offspring (« Factory », le « Ob la di Ob la da » du disque).
Un disque en tout cas étrange et intéressant, fruit d’un cerveau en perpétuel chantier. La Nicholls-dépendance du groupe fera que l’aggravation de l’état du santé du leader l’empêchera de donner une suite correcte à ce premier jet plein de promesses. Ils sont semble t-il revenus après une longue période de passage à vide et un Nicholls chargé de médocs, rendant très improbable le renouvellement déjanté et insouciant de ce bon « Highly evolved ».

PIXIES - TROMPE LE MONDE (1991)


Ça sent le sapin …

Et pas seulement parce qu’il y a de la neige et des yeux ( pourquoi ? ) à la place des boules sur la pochette, une des plus moches de chez 4AD … Tout dans ce disque indique que le groupe part en sucette (oui, je sais, plus de vingt ans après, c’est facile d’écrire çà, mais même à l’époque, y’avait des détails qui trompaient pas – le monde – on y reviendra …).
Les Pixies, c’était un des rares groupes dont quelques cinglés comme moi attendaient vraiment les disques à cette époque. Avec les Jesus & Mary Chain, le compte était vite fait … et encore, les frangins Reid commençaient à se vautrer dans la redite et le quelconque. Tandis que les Pixies, ils devenaient, phénomène rarissime, meilleurs à chaque disque… Jusqu’à ce « Trompe le monde ».
Pourtant, les Pixies c’était un des assemblages les plus improbables à avoir sévi dans le milieu des musiques plus ou moins trépidantes adressées aux djeunes. Un gros patapouf excité au centre de la scène, une bassiste raide def qui commençait aussi à s’envelopper, un métèque porto-mexicain ou un truc du même genre à l’autre guitare, un batteur genre vieux beau surfeur qui revient sur la plage en ayant perdu sa planche … Fringués comme des beaufs au camping, charisme zéro …
Mais les disques, putain, c’était quelque chose, ma bonne dame … les Beach Boys repris par les Sex Pistols, les Herman Hermitt’s par les Ramones, les Supremes par les Damned … des mélodies époustouflantes, des rythmes épileptiques, des guitares surf, des harmonies vocales célestes, des morceaux tellement crétins qu’ils en devenaient géniaux, … et puis un truc (qu’ils avaient certes pas inventé), mais qui allait faire la fortune de tout un tas de chevelus à chemise à carreaux, Nirvana en tête, cet assemblage ce couplets quiet et de refrains loud… Les Pixies c’était ça, les ploucs totaux qui jouaient la meilleure musique de la galaxie …
Et puis, là, avec « Trompe le monde », y’a des trucs qui ont commencé à coincer. Et d’abord, putain c’est quoi ce bordel, on n’entendait plus la voix de Kim Deal. Les supputations y allèrent cinq minutes bon train, avant de se rendre à l’évidence, le gros qui écrivait tous les titres avait décidé que sa voix de goret qu’on égorge suffisait, et exit vocaux, chœurs et contre-chants de la toxique bassiste. Pas cool … Et « Trompe le monde » est autant un disque en solo de Black Francis qu’un disque des Pixies. Et si on dissèque la bestiole, on se rend compte que finalement, de ces trouvailles folles, de ces gimmicks cinglés qui rendaient « Doolittle » et « Bossanova » cruciaux, ben ici, ils sont moins nombreux (si on est gentil), ou ont à peu près disparu (si on est lucide). Alors voilà, un groupe qui vend que dalle ou presque, et qui se met à faire son Simple Minds, qui répète sa formule en moins bien ? On n’y était pas habitué. Sauf que quand même, un disque plutôt foiré des Pixies, c’est quand même mieux foutu qu’un de réussi des Simple Minds …
Parce que d’entrée, « Trompe le monde » le morceau et « Planet of sound » te collent une balle entre les yeux, c’est bourrin et mélodique à la fois, y’a des breaks zarbis de partout, … terrain connu. « Alec Eiffel » est assez étonnant (moi, je prends, mais beaucoup avaient froncé les sourcils devant ce titre, un des plus pop et légers écrits par le gros), le suivant (« The sad punk »), une bêtise hardcore qui vire « climatique », commence à interpeller. Ils vont où, là ? Et Kim Deal, on l’entend plus ?
Cool as Kim Deal
Bon, tout n’est pas à jeter, mais quand même, on trouve sur « Trompe le monde » des choses douteuses, fades, déjà entendues sur les disques précédents. Les Pixies n’avancent plus, ils commencent à tourner en rond. Des choses comme « Palace of the brine » récite des pans entiers de « Here comes your man », « Letter to Memphis » c’est du classic rock come Bon Jovi ou Billy Idol en faisaient quelques années plus tôt, « Distance equals » est tellement court que ça ne vaut pas la peine d’en dire tout le mal qu’il mérite, … c’est dire si les Pixies font du sur-place. A l’inverse, des choses comme « Space (I believe in) », ou « Motorway to Roswell » en plus d’énoncer les thématiques sci-fi tordues chères à Black Francis, voient idées sonores et trouvailles diverses se bousculer, le second étant même fini au piano, ustensile jusque-là peu mis en avant dans le groupe.
Faute de mieux ailleurs, il a bien fallu s’en contenter de ce « Trompe le monde ». Un disque qui empestait la fin programmée, le manque de discussion dans le groupe passé sous la totale grosse pogne de Black Francis. Qui, grenouille voulant se faire plus grosse que le bœuf, a sorti une paire de rondelles correctes en solo (les deux premières), avant une longue litanie de skeuds dont strictement personne n’a plus rien à foutre. Kim Deal, en plus d’inspirer des titres de chansons aux Dandy Warhols, a réactivé son ancien groupe Breeders pour quelques disques hétérogènes juste passables. Les deux autres, le métèque et le surfeur, on s’en fout …
Tout ce beau ( ? ) monde s’est retrouvé dans les années 2000 pour une séquence nostalgia – reformation bien  plus rémunératrice que quand ils étaient « vivants ». Thanks God, ils n’ont pas poussé la mauvaise blague jusqu’à revenir en studio … pour le moment …

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THE BIRTHDAY PARTY - JUNKYARD (1982)


Fine party ...

Birthday Party, c’est le groupe de Nick Cave. Et de la plupart des futurs Bad Seeds. Un groupe de jeunesse donc. Assez hors-norme et terrifiant. En un mot extrémiste.
Avec ses potes, l’indéfectible Mick Harvey, Phil Calvert, Howard S. Howard, Tracy Pew, Nick Cave végète en Australie, pays-continent où succès d’AC/DC oblige, le hard-rock bluesy et sauvage écrase tout. Un genre qui n’est pas exactement la tasse de thé des Birthday Party, troupe punky d’amateurs de ce rock qu’on appelait « décadent » (le glam pour faire simple), et de leurs pères à tous, Lou Reed et Iggy Pop. Du premier, Cave retiendra l’aspect littéraire sombre et torturé des lyrics, du second un jeu de scène outrancier et apocalyptique.
Birthday Party 1982
Les Birthday Party (et la copine-muse de Cave Anita Lane) quitteront l’Australie pour l’Angleterre. Une Angleterre quelque peu fantasmée, qu’ils imaginent tout entière sous la coupe de groupes punks ou post-punk. Quand ils arrivent fin 80 à Londres, c’est pour s’apercevoir que Spandau Ballet, Human League et Orchestral Manœuvres sont en haut des charts, que leurs groupes punks fétiches ont pris du plomb dans l’aile ou n’existent plus et que la scène post-tout ce qu’on veut (rock, punk, …), a une audience famélique. Gros coup de blues pour les Birthday Party, qui vont se jeter à corps perdu dans la dope, et pousser au paroxysme un genre qui commence à sortir de l’underground, le rock dit « gothique », issu de la scène batcave. Un genre musical à la base austère et tourmenté, servi par des officiants tout de noir vêtus.
Birthday Party pousseront les curseurs nettement plus loin que la plupart des poseurs issus de ce mouvement. Les messes noires deviendront avec Birthday Party des cérémonies sabbatiques. S’appuyant sur une batterie plus percussive que rythmique, des guitares qui découpent la masse sonore façon scalpel, et un Cave possédé, hurlant, grondant, menaçant, jurant, … au chant. Des prestations dangereuses, voire choquantes, en tout cas très agressives…
Birthday Party est plus ou moins une démocratie dirigée par Cave, chacun apporte sa contribution. A l’écoute de ce disque, on a l’impression que c’est souvent en ordre dispersé, que les gens jouent leur truc sans trop s’occuper de ce que joue le voisin. D’où un son assez unique, hyper sauvage et déstructuré, sur lequel Cave vient déclamer et hurler ses histoires malsaines, glauques et tordues. Une performance d’allumé intégral, bien loin des ballades de crooner déglingo qui feront son succès, voire sa fortune, à partir du milieu des années 80. En d’autres termes, on ne risquait pas d’entendre dans un disque de Birthday Party des duos avec Kylie Kylie Minogue ou PJ Harvey …
Nick Cave dans une imitation d'Iggy Pop
Le disque, enrobé dans une pochette comics madmaxienne (que perso je trouve à chier), œuvre d’un dessinateur underground pote de Cave, renfermait à l’origine 10 titres. Dans l’édition Cd qui maintenant fait foi, on en trouve trois de supplémentaires, l’inaugural « Blast off » (qui porte bien son nom, et évoque effectivement un blast sonore, tout en syncope et hurlements), et nichés en fin de Cd, une version notablement différente de « Dead Joe » et le 45 T sorti en éclaireur « Release the bats », encore plus sauvage que les titres « officiels » et qui on s’en doute, n’a pas grimpé à la cime des hit-parades.
Le disque original est un gros pavé d’agression sonore, manifeste de déglingue rock’n’roll, textes noirs, musique crissante et crispante. Guère de nuances, tout au plus peut-on distinguer deux familles de titres, ceux à base d’incantations lancinantes (« She’s hit »,  « The dim locator », « Hamlet … », « 6’’ gold blade », « Junkyard »,…), et quelques agressions soniques citant des racines rockabilly ou rock’n’roll (« Dead Joe », « Big Jesus trash can », « Kiss me black », …). Le reste oscillant entre noir et sombre, boucan et bruit blanc au service de la prestation vocale théâtralisée de Nick Cave.
« Junkyard » n’est pas un disque « facile », cherche à marquer les esprits par son extrémisme, tente de définir une nouvelle frontière jusqu’auboutiste à la manière d’un « Fun house » ou d’un « Raw power », modèles évidents. L’accueil en Angleterre (et ailleurs) fut tellement enthousiaste (sourire) que des dissensions entre les musiciens entraînèrent la fin du groupe, et le départ de Nick Cave et de celui qui lui resta fidèle (Mick Harvey) vers Berlin, où là les choses seraient claires, exit le « groupe » et place à Nick Cave & The Bad Seeds …

JANE'S ADDICTION - NOTHING'S SHOCKING (1988)


Addictif

A sa sortie, ce disque est passé relativement inaperçu. Faut dire qu’il tombait assez mal. Dans le grand supermarché du rock, au rayon heavy, les Guns’n’Roses vendaient des disques par millions, écrasant toute velléité de concurrence. Même si Jane’s Addiction et les Gunners ne sont pas vraiment concurrents.
Certes ils viennent tous les deux de Los Angeles et du hard-rock des seventies, mais les similitudes s’arrêtent là. Ils deviendront même incompatibles parmi ceux qui les citent comme références. Autant les Guns ne sont finalement que le dernier stade de dégénérescence d’un show-biz à l’américaine ultra-prévisible, autant Jane’s Addiction va devenir, sans l’avoir vraiment cherché ou provoqué, le porte-drapeau de tous ceux qui veulent faire du rock fort en gueule, mais rejettent tout son côté strass et paillettes. Autant les premiers seront débinés par les tenants du tsunami grunge et du rock indie en général (qui ont oublié au passage que « Appetite for destruction » est un disque colossal), autant le groupe de Perry Farrell deviendra le symbole d’un rock dur intransigeant et intègre.
Un peu à leur corps défendant, ils n’avaient rien au départ de porte-drapeaux de quoi que ce soit. Il s’est toujours dégagé de ce groupe des vibrations malsaines, dérangeantes. Ils ont toujours fait se côtoyer des agressions frontales classiques, basiques, avec des titres plus sournois, plus retors, et ont toujours préféré le choc des mots et des photos au boucan des Marshall.
Jane’s Addiction, c’est pourtant nettement la famille hard. Mais la section rythmique s’éloigne souvent des sentiers battus et des chemins balisés du genre. Perry Farrell est un chanteur atypique, il n’a pas la voix des ténors chevelus qui ont fait la légende du rock lourd, et cultive un aspect physique androgyne loin des clichés machos de mise. Quant à Dave Navarro, c’est tout simplement le dernier guitar-hero, caractériel misanthrope et défoncé, débiné par beaucoup (et notamment les fans des souvent pénibles Red Hot Chili Peppers), mais qui laisse une trace définitive sur tous les titres … une sorte de Ritchie Blackmore version années 90 …
Tout ce côté atypique de Jane’s Addiction, on le découvre d’entrée. Alors que n’importe qui essaie avec le premier titre d’accrocher l’oreille de l’auditeur, on a ici un quasi instrumental tendu comme un string de bimbo, la voix de Farrell est filtrée, et Navarro se signale déjà à l’attention de ses contemporains par quelques descentes de manche tarabiscotées. Par la suite, ça s’arrange pour ceux qui aiment le boucan, « Ocean size » et « Had a Dad » (le premier zeppelinien en diable, le second heavy bien saignant), ont de quoi contenter le headbanger de base. Et de nouveau les Jane’s Addiction surprennent leur monde, embrayant sur le titre le plus long du disque, « Ted, just admit it … », sorte de planerie psyché et mystique, adressée à un serial-killer, avec un Farrell qui se pose en conscience des victimes. On est quand même assez loin des odes célébrant les gonzesses, les bagnoles et la picole de la plupart des concurrents.
Ce sont d’ailleurs ces digressions sonores, et ces écarts aux « fondamentaux » littéraires du hard qui font de Jane’s Addiction un groupe totalement à part dans son époque. Attention, ils ne font pas n’importe quoi pour autant (enfin, si, il y a un titre heureusement très court de swing jazz vers la fin), on sent bien qu’ils ont écouté et pas qu’une fois l’intégrale de Led Zeppelin, et à ce titre « Standing in the shower … » est le « Stairway du heaven » de ce disque, du moins par sa construction. Musicalement aussi, on s’éloigne des sentiers archi-battus du genre, un morceau comme « Janes says », tant par son titre que par son côté acoustique, faisant inévitablement penser au Velvet Underground. Une seule réserve, « Idiots rule », funk-rock (avec même des cuivres) à la Red Hot Chili Peppers n’est pas réellement convaincant.
Transgressif, Jane’s Addiction ne l’est pas seulement par son approche toute particulière du hard-rock, le groupe l’est aussi par des visuels glauques ou dérangeants, comme cette photo de pochette avec ses deux siamoises nues et en flammes, plus encore avec la peinture du suivant (Farrell en train de peloter deux femmes nues), le successful « Ritual de lo habitual ».
Le groupe sera somme toute éphémère, et aura une existence en pointillés avec épisodiquement des reformations (le dernière en date cette année ne semble pas faire l’unanimité). Il faut dire qu’entre-temps Farrell sera très occupé avec le festival indie, crossover et itinérant qu’il a monté (Lollapalooza), tandis que de son côté Navarro, entre disques solos inégaux et participations diverses (l’excellent « One hot minute », disque et tournée avec les RHCP, étant la plus connue et allez savoir pourquoi, également la plus controversée), fera beaucoup parler, pas toujours en bien …


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GRANDADDY - SUMDAY (2003)


Le coin des grabataires ?

Suffit de voir leurs bobines aux Grandaddy, improbable mix entre bûcherons canadiens, truckers américains et ZZ Top pour savoir que l’on n’a pas affaire à un phénomène de mode. Des types bedonnants et hors d’âge, de grand dadais (trop facile, celle-là) à la ZZTopesque pilosité, issus de Modesto, Californie.
Grand Manitou du groupe, Jason Lytle … qui a tout d’un grand, auteur unique de tous les titres de ce « Sumday ». Qui est un disque américain atypique, puisque c’est un des meilleurs disques anglais de la décennie. Lytle et ses potes sont fans de pop anglaise, et ça s’entend au détour de chaque chanson. Un fan qui en plus sait écrire des trucs imparables, d’une évidence sidérante. Un des grands songwriters américains, à ranger aux côtés de son contemporain Elliott Smith, rayon surdoués mélodiques. Sauf que là où l’auto-poignardé faisait plutôt dans l’enrobage austère, les Grandaddy poussent leurs titres dans une exubérance de sons, d’arrangements, d’harmonies vocales, retrouvant les alchimiques formules qui faisaient fonctionner les chansons dans les lointaines sixties.
Mais Grandaddy ne sont pas que des revivalistes béats, obnubilés par les instruments en bois et les amplis à lampes. Ils montrent qu’ils s’y entendent à faire tourner toutes les bécanes électroniques dans des studios modernes. Les machines sont là et bien là, omniprésentes, mais reléguées au second plan pour offrir un écrin aux chansons.
On pense quelque fois, et même plus que de raison aux Beatles, « I’m on standby » semble un inédit de « Let it be » (l’album), « Saddest vacant … » va encore plus loins dans le côté « Let it be » (le titre) avec son intro au piano, même si c’est pas le meilleur titre de ce « Sumday ». Pour en terminer avec le syndrome Fab Four, il convient de citer le fantastique « Stray dog … », qui utilise les mêmes gimmicks rythmiques déjà entendus sur leur reprise de « Revolution » pour la B.O. du film « I am Sam », ou le piano très « Imagine » de « The warming sun ».
La voix fluette et aiguë de Lytle oblige à citer Neil Young (sacré mélodiste celui-là aussi), et on pense souvent au country-rock du Canadien de ses débuts en solo ou de l’époque Buffalo Springfield, flagrant sur le renversant et inaugural « Now it’s on », sur « Yeah is what we had » (avec sur ce titre des bribes mélodiques de « Watching the wheels » de Lennon me semble t-il). Parce que çà, exhiber la madeleine proustienne sonore, ils savent faire Lytle et ses Grandaddy et que celui qui ne pense pas à « Mrs Robinson » de Simon & Garfunkel en écoutant « El Caminos … » prenne rendez-vous chez son ORL …
Bon, il faut quand même avouer, et c’est parfois le reproche fait à ce disque, que l’immense majorité des titres étant sur le même tempo et faisant appel aux mêmes recettes, on a l’impression de tourner en rond sur la même chanson. Si on n’aime pas au bout de quelques mesures, pas la peine d’insister …
Moi j’ai choisi mon camp, des disques qui font penser à l’orfèvrerie des Beatles, des Beach Boys, ou des plus oubliés magiciens de la chose pop qu’ont été Left Banke ou les Zombies, eh bien je suis preneur …
Grandaddy a existé dix ans avant de se dissoudre au milieu des années 2000, et a laissé une poignée de disques dont ce « Sumday » constitue le dernier volet d’un triptyque majeur comprenant « Under the western freeway »«  et « The sophtware slump ».

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(On trouve de tout sur YouTube, même un blaireau qui met ses photos de vacances avec Grandaddy en fond sonore ...)

DRIVE LIKE JEHU - YANK CRIME (1994)


Cryptique ...

Ils n’ont duré que le temps que le raz-de-marée grunge monopolise l’attention, quelques années au début des 90’s. Autant dire qu’ils ont pas fait les unes des JT. D’autant plus qu’ils ne faisaient pas du grunge, mais un bouillon sonore pas simple à définir, assez original en tout cas …
A l’origine de Drive Like Jehu, deux guitaristes, John Reis venu de Rocket From The Crypt dont je connais juste le nom, et Rick Froberg qui après moultes péripéties finira bien des lustres plus tard leader du très intéressant garage band Obits. Ce sont ces derniers que j’avais repérés, et je suis arrivé à Drive Like Jehu en remontant l’écheveau … et ma foi, je regrette pas.
C’est de la musique pour hommes, et le genre de groupe qui fonce droit dans le mur et réfléchit après. Non pas que ce soit un truc speed et bourrin, ce serait même plutôt le contraire. Mais c’est le genre de musique qui se veut « crédible », et qui fuit donc comme la peste tout ce qui pourrait être joli, sympathique, radiophonique (ça y est , le gros mot est lâché).
Les Drive Like Jehu font leur truc, sans se soucier du résultat. Evidemment, les majors n’ont pas voulu de pareille chose, ils sont sur un (très gros) label indépendant, Interscope. Plein d’étiquettes sont accolées à la musique de Drive Like Jehu ( post-hardcore ( ? ), alternative pop ( ? ), emo ( ? ), …), autant dire que c’est pas quelque chose de simple, qu’on entend à tout bout de zapping …
Ça commence en tout cas très fort, avec un tir de barrage hardcore impressionnant (« Here comes the Rome plows ») de presque six minutes, où surnagent des éléments que l’on retrouvera tout au long du disque, une rythmique implacable (avec mention particulière au batteur Mark Trombino), des guitares qui tronçonnent (Reis), et le chant hurlé de Froberg. Et curieusement, alors que beaucoup de choses tirent vers le côté hardcore, (genre musical habituellement servi par des brûlots pied au plancher de deux minutes), les titres les plus marquants de Drive Like Jehu sont les plus longs (on parle là de morceaux taquinant les dix minutes). Les plus retors vont alors insinuer que c’est du fuckin’ prog planqué sous une carapace métallique. Et pour une fois les tenants de la funeste musique n’auront pas tout à fait tort, on pense quelquefois aux dérives noirâtres et tendues de King Crimson époque « Red » (l’épopée bruyante et torturée de « Luau »), voire aux Metallica circa « … and justice for all » à l’écoute de « Super Inison ».
Les titres d’une durée plus « raisonnable » allient pression rythmique oppressante à la Black Flag ou Big Black. Quand le rythme se ralentit, mélangeant climat oppressant et tempos lourds et torturés, on n’est pas très loin d’Alice In Chains (« Do you compute »). Le dernier titre (« Sinews »), le plus construit et alambiqué du disque passe d’une intro « atmosphérique » avant que des riffs lents et lourds, malsains et dérangés, prennent le dessus, et se dirigent vers un final sauvage.
Trois bonus ont été rajoutés, la « version originale » de Sinews (maquette ?) qui montre la transformation du titre par le boulot accompli en studio, et les deux titres d’un 45T paraît-il légendaire mais sans grand intérêt (« Bullet train to Vegas » / « Hand over fist »), « Bullet … » étant une sorte de hard incantatoire à la Iron Maiden, c’est dire si on s’en fout …

SPIRITUALIZED - LADIES AND GENTLEMEN WE ARE FLOATING IN SPACE (1997)


Il rêvait d'un autre monde ...

Où la Terre serait ronde, et la Lune blonde … Ou un truc de ce genre, car il carburait pas au Vichy-fraise Jason Pierce. Parce que malgré un casting pléthorique (les Spiritualized se sont adjoints cordes, cuivres, grands orchestres et quelques guests de renom, comme Dr. John qui n’a pas l’habitude de se déplacer pour des baltringues), il ne fait aucun doute que ce disque est d’abord le sien.
D’ailleurs, pour bien montrer qu’on est là dans le vécu, et que cette musique, avant de l’enregistrer en studio, Jason Pierce l’a bien des fois entendue dans sa tête, il s’est rebaptisé, bêtement et pas très modestement « Spaceman ». Et plutôt qu’un hommage aux Byrds ou à Babylon Zoo ( ? ), il faut voir dans ce nouveau choix patronymique peu finaud un règlement de comptes avec son ancien complice Pete « Sonic Boom » Kember, son alter ego dans les Spacemen 3. Pierce semble peu modestement s’arroger l’héritage entier de son ancien groupe, ce qui me semble quelque peu présomptueux et démesuré … Et tout cela fait finalement querelle de cour de récréation …
Il n’empêche que ce « Ladies & gentlemen … » est pour moi le meilleur des Spiritualized. Déjà le packaging est une merveille de trouvaille. La  pochette pastiche le design d’une boîte de médicaments, et le livret en devient la notice (formule active, posologie, recommandations d’administration, effets secondaires, persistance des symptômes, …). Gimmick génial d’amateurs éclairés de pilules de toutes les couleurs …
Spiritualized live Black Sessions 1997
La tonalité globale du disque repose sur des mélodies planantes « spatialisées », noyées dans l’écho et la reverb, modèle déposé et breveté par Barrett aux débuts du Floyd … on reste dans la « famille » (des amateurs de substances). Les ronchons diront que tout ça n’est que shoegazing au ralenti (« I think I’m in love » est à peu près le seul titre qui corresponde à cette définition), ce serait faire fi de tout un travail pour jouer dans toutes les nuances du rock à guitares, qu’elles soient furieuses ou accompagnent de lentes ballades. « Ladies and gentlemen … » est un disque beaucoup plus varié que l’on pourrait croire.
On passe du « Come together » qui n’a rien à voir avec les Beatles, mais plutôt avec les Stones, et en tout cas reprend les choses là où les à peu-près cousins de Primal Scream les avaient laissées avec « Screamadelica » ou de « Electricity » (évidemment pas une reprise d’Orchestral Manœuvres), tout en guitares saturées qui me fait penser à Clapton quand il était le soliste des Bluesbreakers circa 1965, à des titres beaucoup plus apaisés (la traîtresse « Stay with me » lente ballade qui finit par s’engloutir dans un maelström de guitares, « Broken heart » qui pourrait passer pour le meilleur titre du Floyd post « Wall ».
Et entre rage et accalmie, on a droit à toute la panoplie des émotions musicales, du trou noir « Home of the brave » dans lequel tous les instruments semblent aspirés, titre enchaîné avec « The individual » très marqué lui par le krautrock bruyant (Can, Faust, Amon Düül, ce genre …). Evidemment un disque de Jason Pierce aurait un goût d’inachevé s’il n’y avait pas quelque envolée mystique genre gospel ou prière. Ici, c’est « Cool waves » qui s’y colle, et même si on s’y attend, ça le fait, ce titre est un des plus beaux du disque. En fait, il n’y a à mon avis qu’une balourdise qui cache derrière un bon titre (« No God only religion »), une sorte de vilain free jazz manouche …
La conclusion de ce « Ladies and gentlemen … » est une longue pièce (17 minutes tout de même), débutée par un piano jazzy (Dr John ?), zébrée par des chorus de guitares zeppeliniennes, qui s’abîme dans une purée de pois électrique, avant de revenir au thème initial. Bel exercice de style tout de même un peu vain mais qui ravira les fans de prog (si tant est qu’il en reste).
Le chef-d’œuvre de Jason Pierce et de ses Spiritualized, et comme c’est écrit dans le livret :
For aural administration only
Protect from light
Keep out of reach of children … 

GREEN ON RED - THE KILLER INSIDE ME (1987)


Retour aux fondamentaux
Green On Red est dans les livres d’histoire (quand ils y sont mentionnés, ce qui loin d’être toujours le cas) rattaché au mouvement dit Paisley Underground. En gros, un tas de groupes essentiellement basés en Californie, redécouvrant au milieu des années 80, les bienfaits d’une musique puisant son inspiration dans les sixties psychédéliques américaines (le folk-rock et le rock garage assaisonnés au LSD, toute cette sorte de choses …). Un retour aux sources et les prémices de ce que l’on finira par appeler americana.
Et une forme de réaction au punk, au hair metal, au revival rockabilly qui monopolisaient l’attention du « grand public ». Le mouvement Paisley Underground est composé de rustiques qui s’assument (la plupart des membres de Green On Red sont d’ailleurs des « immigrants », venus de Tucson, Arizona).
Leur musique présente un rock de facture classique, old-school, serait-on tenté de dire. La lecture des crédits, et celle du nom du producteur Jim Dickinson (l’homme des studios Trident de Memphis, et le metteur en sons des derniers soubresauts du Big Star d’Alex Chilton), commence à baliser le terrain. Le premier titre annonce la couleur sonore, avec un chanteur (Dan Stuart) à la voix fleurant bon clopes et alcool forts consommés en quantités déraisonnables, et un guitariste (Chuck Prophet), économe de notes, mais au toucher et à l’inventivité assez uniques. Un des rares guitaristes qui sera célébré par la suite (et deviendra un sessionman très recherché), beaucoup plus pour son originalité que par sa vitesse sur le manche …
« The killer inside me » présente une collection de chansons (les Green On Red savent en écrire et les jouer plus que correctement) de facture classique, bien en ligne avec ce que produisaient les stars célébrées du classic-rock des mid-eighties (Springsteen, Seger, Mellencamp, …). Tout en évitant le ronronnement dans lequel ces gens-là commençaient à tomber. Les Green On Red ont tout à prouver et se « lâchent ». Dan Stuart ne s’économise pas et son timbre vocal n’est pas sans rappeler celui de Dan Zanes, des malheureusement également oubliés Del Fuegos qui sévissaient à la même époque. L’ombre des Stones du début des seventies plane souvent sur ces compositions, celles de Dylan ou Springsteen aussi. Quand le tempo s’énerve et l’ambiance s’obscurcit (« Ghosthand »), on pense aux Cramps ou au Gun Club, quand un titre (« Track you down ») est lancé par un riff  voisin de celui de « Rebel Rebel », s’ajoute une touche plus glam-rock et sautillante.
Chuck Prohet marque son territoire sur tout le disque, survole de façon évidente quelques titres (« Clarkesville », « No man’s land », « Born to fight » « Killer inside me »). Le seul gros point noir est pour moi un son de batterie très typé (en gros celui du « Born in the USA » de Springsteen) et forcément daté, qui parasite quelque peu l’ensemble et relègue au second plan l’orgue et les claviers pourtant cruciaux dans ce genre de musique.
Il faut être clair, on n’a pas avec Green On Red et ce « Killer inside me » affaire au groupe génial honteusement ignoré, pas plus qu’à un disque « maudit » oublié qui mériterait toutes les louanges. C’est juste du bon boulot de fans, qui allaient à contre-courant des tendances de l’époque, et jetaient avec d’autres (Dream Syndicate, Rain Parade, Long Ryders, …) les bases d’une americana qui allait devenir un des genres majeurs des années 90 et suivantes aux USA.

ALICE IN CHAINS - DIRT (1992)


Dark side  ...

Allman Brothers at Fillmore ? 

Vingt ans après, il en reste quoi, du grunge et par extension-assimilation du Seattle sound ? A mon humble avis, pas grand-chose … Tout un tas de jeunes poseurs, fils de bonne famille au look savamment négligé qui moulinent pour des générations de nostalgiques ou des gamins qui n’étaient pas nés au début des 90’s, une pop noisy et vaguement énervée … La référence des milliards de fois citée Kurt Cobain et Nirvana, que tout le monde a essayé de copier de façon plus souvent risible que convaincante … Une génération de groupes plus ou moins voisins ou cousins apparus au début des années quatre-vingt dix dont il ne reste plus grand-monde et surtout plus grand-chose de bon. Qui se soucie que Mudhoney existe encore, des derniers disques de Pearl Jam, quelqu’un regrette t-il Soundgarden ?
Reste le cas Alice In Chains ... Le vrai Alice In Chains, s’entend, avec Cantrell et Staley, pas le machin « reformé » qui a sorti un disque y’a deux-trois ans avec une pochette tellement moche qu’il ne faut pas l’écouter, il y a des signes qui ne trompent pas. Déjà un peu à part dès leurs débuts, les Alice In Chains ont symbolisé et plus encore après le suicide de Cobain la face sombre, torturée du rock des années 90, avec leur sorte de heavy metal dépressif. Et plutôt qu’à leurs lointains cousins grunge, ils m’ont toujours fait penser à leurs frères de sang (glacé) gothiques Joy Division ou Bauhaus. Même électricité stridente, même chant incantatoire, même ambiance désespérée latente.
« Dirt », tout le monde vous le dira, c’est leur chef-d’œuvre. Parce que celui qui les a vraiment fait connaître, parce que leur plus vendu, parce que celui dont a extrait le plus de singles, de clips, parce que le ying de Cantrell et le yang du junkie Staley, bla-bla-bla, toute cette sorte de choses … Sauf que tout ça est très discutable, les ceusses qui ont un tant soi peu écouté leurs disques et ne font pas confiance aux bonnes consciences centristes du rock, savent depuis longtemps que le meilleur disque d’Alice In Chains sera le suivant et « vrai » dernier, celui dit « du chien à trois pattes ».
Ce qui n’enlève rien à la qualité de « Dirt », très recommandable, avec des choses comme « Would », « Them bones », « Rooster », « Down in a hole », …

Des mêmes sur ce blog : 
Alice In Chains


THE BESNARD LAKES - ... ARE THE DARK HORSE (2007)


Beauté crépusculaire

Un couple de Montreal, Québec, sur un label indépendant, qui sort des disques dans les années 2000 … ça vous fait penser à personne ? J’en vois qui sont abonnés aux Inrocks et qui hurlent « Arcade Fire ! ». Perdu, je parlais d’un bon groupe … Celui dont au sujet desquels il est question là présentement est The Besnard Lakes. Les qui ?
Les Besnard Lakes, groupe formé autour de Jace Lasek, un rat de studio d’enregistrement (le sien, spécialisé dans le rock indie plutôt undergroung), et sa moitié Olga Goreas. Tous deux multi-instrumentistes et chanteurs, compositeurs et of course producteurs de ce « … are the Black Horse ». Black Horse ? ça vous fait aussi penser à un autre canadien ? Neil Young ? Gagné … enfin presque, Neil Young surtout à son époque guitares distordues de la fin des années 80, circa « Freedom – Ragged glory – Weld ». Parce que les Besnard Lakes (un vrai groupe, au-delà du couple leader) prennent un malin plaisir à étirer leurs morceaux, tartinées de guitares lancinantes qui rappelleront aussi les furieux freaks d’Hawkwind, les Warlocks, voire le shoegazing.
Mais les guitares ne sont qu’un accessoire comme tant d’autres, voir la liste impressionnante des instruments présents sur ce disque, on ne risque pas de confondre Besnard Lakes avec le Brian Jonestown Massacre. Il y a sur ce « … Black Horse » des mélodies à la pelle, bien en avant, et tout le monde chante ou fait les chœurs, mettant en place des harmonies vocales évoquant les Beach Boys tristes de « Surf’s up ». Rajoutez  à cela des titres résolument optimistes (« Disaster », « Devastation », …) et les textes barrés-flippants qui vont avec, et vous obtenez un disque qui empeste la descente d’acide, la fin de trip noirâtre …
Evidemment, du glauque’n’roll de ce genre, beaucoup s’y sont essayé. Peu ont cependant réussi à en tirer quelque chose de majestueux. Les Besnard Lakes y sont parvenus, et ce disque est pour moi une des meilleures rondelles des dix dernières années. L’album suivant (« … are the roaring night »), empêtré dans une sophistication progressive et pompière (pléonasme), ne sera malheureusement pas du même niveau …

THE DANDY WARHOLS - WELCOME TO THE MONKEY HOUSE (2003)


Un disque qui a la pêche ...

Un des groupes les plus aimés de la critique rock mais qui n’a jamais vraiment réussi à recueillir les suffrages du public. Vitrine ambulante de tous les fantasmes rock’n’roll, les Dandy Warhols de Portland, Oregon, ont au tournant des années 2000, sorti une poignée disques plus ou moins bordéliques, mais réussis, avant de s’enliser, de tomber dans l’auto-parodie, et de n’intéresser plus personne.
Et contrairement à ce que pourrait laisser croire la pochette de ce « Welcome to the monkey house » (leur quatrième et dernier « bon »), ce Cd ne se situe pas quelque part entre « Sticky fingers » et le 1er Velvet Underground. S’il faut à tout prix le définir, ce serait plutôt un hybride entre glam-rock et boucles technoïdes.
Après un premier titre « bizarre » déboule le magnifique « We want to be friends » et la machine à plaisirs (sonores) s’emballe. Les quatre branleurs malicieux menés par Courtney Taylor (bis) progressent d’inventivité à chaque album. Qui en ce début de triste siècle, était capable de faire se côtoyer des morceaux aussi classiques, purs et efficaces que « We want to be friends » (très énorme titre), « We were the last high » (avec Evan Dando des Lemonheads), les ballades « Heavenly » et « I am sound », recevoir l’adoubement de Bowie himself pour la crétinoïde « I am a scientist », et enrober l’ensemble du Cd d’arrangements travaillés et subtils parsemés de boucles techno ? A mon humble avis pas grand monde.
Alors, même si ce disque n’est pas forcément le meilleur des Dandy Warhols (pour ça, voir plutôt les deux précédents « … come down » et « Thirteen tales from urban bohemia »), il mérite quand même largement le détour. On parle (dans l’indifférence générale) d’un nouveau disque ces jours-ci …

PAVEMENT - SLANTED & ENCHANTED (1992)


Les équilibristes
La filiation est connue, revendiquée, et saute immédiatement aux oreilles. Pavement descend en droite ligne du Velvet, de Sonic Youth et des Pixies, ce qui en fait de prime abord des gens éminemment sympathiques. Pavement se démarque en étant moins grinçant et abrasif que Velvet ou Sonic Youth, moins épileptique que les Pixies. Ce que le groupe drivé par le guitariste-chanteur-compositeur Stephen Malkmus place au-dessus de tout, c’est d’abord la mélodie. Malkmus écrit des chansons simples et évidentes, qui se retiennent …
C’est ensuite que ça se complique. Volontairement, mais aussi par manque de moyens, ces titres se retrouvent sur disque tout cabossés, esquintés, avec cet aspect bâclé et bancal qui sera la marque de fabrique du groupe. On sent à chaque seconde ces titres tout prêts à s’effriter, se disloquer dans du sonique bruyant, et miraculeusement, par la grâce de quelque prouesse d’équilibriste, réussir à rester tout du long cohérents.
Pavement semble réinventer à chaque titre l’art d’écrire une chanson simple. En moins de temps qu’il n’en faut à un junkie pour trouver une veine sans piqûre, Pavement torche ses petits hymnes post-grunge approximatifs, pour lesquels sera inventée l’expression « lo-fi ». 
« Slanted & enchanted » est leur premier disque, et pour moi leur meilleur, même si les deux suivants « Crooked rain, crooked rain » et « Wowee Zowee » valent aussi le détour. Pavement ne retrouvera qu’occasionnellement par la suite l’excellence de choses comme « Summer Babe », le très Pixies « In a mouth a desert », « Zurich is stained » (le « Afterhours » des années 90 ?), ou la vénéneuse ballade jesusansmarychainesque « Here ».
Le groupe perdurera à peu près une décennie, vendra peu, splittera avant les obligatoires reformations (comme tout le monde), les mésententes,  les carrières solo …


Des mêmes sur ce blog :



SPIRITUALIZED - LAZER GUIDED MELODIES (1992)


Enter The Void
Au commencement étaient les Spacemen 3, avec ses deux têtes pensantes et chercheuses, Jason Pierce et Peter « Sonic Boom » Kember. Trop d’egos au mètre carré et split du groupe.
Jason Pierce monte son propre projet, Spiritualized, en fait les Spacemen 3 moins Kember. Autant dire qu’on navigue en terrain déjà connu. Les tempo ralentis, les guitares bourdonnantes qui tournent en boucle sur quelques notes, les mélodies languides, l’influence du Velvet, des Jesus & Mary Chain, du shoegazing, les échafaudages sonores à la Brian Wilson, les relents de gospel halluciné …
« Lazer guided melodies » est le premier disque de Spiritualized. Qui sonne comme s’il avait été enregistré d’une traite, alors qu’il résulte de pratiquement deux ans de séances en studio. Un disque bizarre, déroutant, limite dérangeant. Conçu comme un trip sous hallucinogènes, et quand on connaît les antécédents de Pierce et ses rapports avec toutes sortes de substances chimiques, on sent le vécu …
Un début fait de morceaux courts, faciles d’accès, quasiment très radiophoniques. La lentissime et sublime ballade d’ouverture, « You know it’s true », descent en droite ligne du troisième Velvet. « I want you » n’a rien à voir avec Dylan, mais beaucoup avec Jesus & Mary Chain et Primal Scream, à un moment, on jurerait que The Edge est venu faire une pige à la gratte, avant que le titre s’abîme dans un fracas funhousien. « If I were with her now » , malgré son côté chanson, joue avec nos nerfs, son mid-tempo avec un seul accord de guitare sursaturée lui confère une violence latente …

Au bout du troisième titre, les fêlures apparaissent, les psychotropes commencent à faire effet. « Run » est … je sais pas trop, un boogie techno peut-être, auquel viennent s’enchaîner une paire de titres irréels, cotonneux. Et puis, à partir de « Symphony space », c’est vraiment parti pour le trip mystique et halluciné. La durée des titres s’allonge sensiblement, les ambiances deviennent planantes, oniriques, et Jason Pierce se mue en un Jerry Garcia des nineties, pilotant son vaisseau vers quelque dark star que lui seul semble voir. Au fil des morceaux, le plus souvent enchaînés, les basses deviennent bourdon, les guitares moulinent métronomiquement le même accord qui devient mantra, la batterie n’est plus qu’une pulsation cardiaque, la voix quand elle est là, est toujours lointaine et brumeuse. Quelque mauvais karma fait parfois rugir les guitares (la fin de « Angel sigh ») avant qu’une sorte de gospel (une des marottes de Pierce) autiste, marque la fin du voyage (illumination, ou bien le dream est-il over ?). Retour sur Terre avec le final de « 200 Bars » qui renoue avec la pop entrevue au début du disque…
Il est certain que ce « Lazer … » , qu’on pourrait méchamment réduire à un disque de new age farineuse, a été conçu pour inciter au rêve, à la planerie, à la méditation. Il doit s’écouter d’une traite et pas en mode « lecture aléatoire », l’ordre des morceaux, leur enchaînement est primordial. Pendant que je l’écoutais, j’ai souvent pensé au film de Gaspar Noé, « Enter The Void », et à sa B.O. On retrouve dans le Cd de Spiritualized, cette langueur morbide, ces sons comme aquatiques, cette longue dérive de l’âme du trépassé Oscar au-dessus du Tokyo nocturne avant qu’elle se rematérialise … Et pourtant j’étais à jeun …
Quand même une réserve, et pas petite, la même d’ailleurs que pour le film de Noé. C’est extrêmement original, mais aussi hyper chiant. Spiritualized affinera son propos, toujours selon les mêmes ingrédients, avant de produire son chef-d’œuvre (« Ladies & Gentlemen, we are floating in space », … what else ?). Pour Noé, c’était déjà fait, ça s’appelait « Irréversible » …

Des mêmes sur ce blog :
Ladies And Gentlemen We Are Floating In Space


WILD FLAG - WILD FLAG (2012)


Girl power (pop)

Wild Flag, on peut voir çà comme une sorte de super groupe féminin d’indie rock énervé. Dont les deux filles les plus connues (Carrie Brownstein et Janet Weiss) étaient les deux tiers du défunt band Sleater-Kinney. Dont j’ai pas grand-chose à dire, j’ai qu’un seul de leurs disques, « Dig me out », acheté à cause d’une pochette pastichant celle de « Kontroversy » des Kinks, et que j’ai même pas du écouter… Sleater-Kinney, c’était l’époque des riot grrls, loin en matière de notoriété derrière L7 ou Hole … Une version féminine, féministe et militante du grunge, ou quelque chose comme ça…
Et donc, après la proverbiale traversée du désert, retour aux affaires sous forme d’un quatuor dont le nom est paraît-il inspiré du « Pink Flag » de Wire. Why not, même si ça saute pas aux oreilles. Les Wild Flag ne sont pas des poulettes de l’année, mais des quasi quadras bien entamées par des lustres de pratique rock’n’roll et des silhouettes qui commencent à s’envelopper, ce qui nous évite la farce de la hype éventée des nymphettes top glamour sans aucune consistance musicale. On ne retiendra d’elles que leur boucan, elles le savent, et ont donc mis le paquet sur cet aspect …
Même si de l’indie-rock à guitares en avant, on n’entend plus que cela depuis … toujours ou au moins bien longtemps. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est une certaine chaleur, une forme d’entrain printanière et réjouissante. Un parti pris mélodique indéniable, c’est un disque « écrit », et non pas un vaste grabuge électrique fourre-tout trop souvent entendu, où, faute d'être capable de mieux, on préfère mettre de lourdes grattes saturées plutôt que des refrains qui se retiennent. Deux filles se partagent le micro, il y a plein de chœurs derrière, c’est bien foutu, soigneusement mis en place, très mélodique. Beaucoup plus proche de la power pop énervée de la fin des 70’s que d’un quelconque métal bourrin…
Et ce sont finalement les morceaux les plus rentre-dedans qui sonnent le plus quelconques (« Boom », « Short version », « Black tiles »). Par contre, quand l’accent est mis sur la mélodie et l’arrangement classieux, le résultat me semble bien meilleur, qu’il s’agisse de power pop énergique (« Romance » et son refrain pétillant), de titres d’obédience très 60’s (« Endless talk »), de facture très classic-rock (« Electric band »), d’embardées lo-fi très Pavement (« Something come over me »), ou d’une ballade mid-tempo psychédélique se concluant en bouillie sonique (« Glass tambourine ») …
Mention particulière pour mes deux morceaux préférés, « Future crimes », tournerie très pop à l’entêtant gimmick de claviers, qui pourrait faire un très radiophonique single ; et le titre le plus long et le plus ambitieux du disque, « Racehorse », avec son intro à la Breeders et son refrain en forme d’hymne.
« Wild Flag » est un disque réussi, qui cherche pas à en mettre plein la vue (on s’éternise pas, on trie, on garde que le meilleur, les quarante syndicales minutes et basta), le filles assurent, avec mention particulière à Janet Weiss, très impressionnante derrière ses fûts (non, non, elle se prend pas pour Phil Collins, mais c’est quand même autre chose que Moe Tucker ou Meg White). Evidemment, dans un marché phonographique en totale déconfiture, et dans un créneau dans lequel la concurrence foisonne, il faudra un sacré paquet de concours de circonstances pour que ce disque, qui à mon avis ne fera quand même pas partie des oeuvres marquantes de ce siècle, devienne un best-seller. En tout cas, il surnage de la mélasse fadasse qui semble de mise aujourd’hui, et c’est déjà bien …