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JANE'S ADDICTION - NOTHING'S SHOCKING (1988)


Addictif

A sa sortie, ce disque est passé relativement inaperçu. Faut dire qu’il tombait assez mal. Dans le grand supermarché du rock, au rayon heavy, les Guns’n’Roses vendaient des disques par millions, écrasant toute velléité de concurrence. Même si Jane’s Addiction et les Gunners ne sont pas vraiment concurrents.
Certes ils viennent tous les deux de Los Angeles et du hard-rock des seventies, mais les similitudes s’arrêtent là. Ils deviendront même incompatibles parmi ceux qui les citent comme références. Autant les Guns ne sont finalement que le dernier stade de dégénérescence d’un show-biz à l’américaine ultra-prévisible, autant Jane’s Addiction va devenir, sans l’avoir vraiment cherché ou provoqué, le porte-drapeau de tous ceux qui veulent faire du rock fort en gueule, mais rejettent tout son côté strass et paillettes. Autant les premiers seront débinés par les tenants du tsunami grunge et du rock indie en général (qui ont oublié au passage que « Appetite for destruction » est un disque colossal), autant le groupe de Perry Farrell deviendra le symbole d’un rock dur intransigeant et intègre.
Un peu à leur corps défendant, ils n’avaient rien au départ de porte-drapeaux de quoi que ce soit. Il s’est toujours dégagé de ce groupe des vibrations malsaines, dérangeantes. Ils ont toujours fait se côtoyer des agressions frontales classiques, basiques, avec des titres plus sournois, plus retors, et ont toujours préféré le choc des mots et des photos au boucan des Marshall.
Jane’s Addiction, c’est pourtant nettement la famille hard. Mais la section rythmique s’éloigne souvent des sentiers battus et des chemins balisés du genre. Perry Farrell est un chanteur atypique, il n’a pas la voix des ténors chevelus qui ont fait la légende du rock lourd, et cultive un aspect physique androgyne loin des clichés machos de mise. Quant à Dave Navarro, c’est tout simplement le dernier guitar-hero, caractériel misanthrope et défoncé, débiné par beaucoup (et notamment les fans des souvent pénibles Red Hot Chili Peppers), mais qui laisse une trace définitive sur tous les titres … une sorte de Ritchie Blackmore version années 90 …
Tout ce côté atypique de Jane’s Addiction, on le découvre d’entrée. Alors que n’importe qui essaie avec le premier titre d’accrocher l’oreille de l’auditeur, on a ici un quasi instrumental tendu comme un string de bimbo, la voix de Farrell est filtrée, et Navarro se signale déjà à l’attention de ses contemporains par quelques descentes de manche tarabiscotées. Par la suite, ça s’arrange pour ceux qui aiment le boucan, « Ocean size » et « Had a Dad » (le premier zeppelinien en diable, le second heavy bien saignant), ont de quoi contenter le headbanger de base. Et de nouveau les Jane’s Addiction surprennent leur monde, embrayant sur le titre le plus long du disque, « Ted, just admit it … », sorte de planerie psyché et mystique, adressée à un serial-killer, avec un Farrell qui se pose en conscience des victimes. On est quand même assez loin des odes célébrant les gonzesses, les bagnoles et la picole de la plupart des concurrents.
Ce sont d’ailleurs ces digressions sonores, et ces écarts aux « fondamentaux » littéraires du hard qui font de Jane’s Addiction un groupe totalement à part dans son époque. Attention, ils ne font pas n’importe quoi pour autant (enfin, si, il y a un titre heureusement très court de swing jazz vers la fin), on sent bien qu’ils ont écouté et pas qu’une fois l’intégrale de Led Zeppelin, et à ce titre « Standing in the shower … » est le « Stairway du heaven » de ce disque, du moins par sa construction. Musicalement aussi, on s’éloigne des sentiers archi-battus du genre, un morceau comme « Janes says », tant par son titre que par son côté acoustique, faisant inévitablement penser au Velvet Underground. Une seule réserve, « Idiots rule », funk-rock (avec même des cuivres) à la Red Hot Chili Peppers n’est pas réellement convaincant.
Transgressif, Jane’s Addiction ne l’est pas seulement par son approche toute particulière du hard-rock, le groupe l’est aussi par des visuels glauques ou dérangeants, comme cette photo de pochette avec ses deux siamoises nues et en flammes, plus encore avec la peinture du suivant (Farrell en train de peloter deux femmes nues), le successful « Ritual de lo habitual ».
Le groupe sera somme toute éphémère, et aura une existence en pointillés avec épisodiquement des reformations (le dernière en date cette année ne semble pas faire l’unanimité). Il faut dire qu’entre-temps Farrell sera très occupé avec le festival indie, crossover et itinérant qu’il a monté (Lollapalooza), tandis que de son côté Navarro, entre disques solos inégaux et participations diverses (l’excellent « One hot minute », disque et tournée avec les RHCP, étant la plus connue et allez savoir pourquoi, également la plus controversée), fera beaucoup parler, pas toujours en bien …


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DEATH - FATE / THE BEST OF DEATH (1992)


Killed by Death

Aujourd’hui, jour des Morts, plutôt que le sempiternel vase de chrysanthèmes sur la tombe des aïeux, déposez sur le marbre cette compile de Death, c’est de circonstance … sait-on jamais, ça pourra peut-être les réveiller (les morts).
Amateurs d’ambient en général et de Brian Eno en particulier, passez votre chemin, cette rondelle n’est pas faite pour vos oreilles habituées à la musique d’aéroports. Ou alors la musique d’aéroports au décollage d’une escadrille d’Airbus. Parce que Death, comment dire … c’est bête comme chou (plus con que ce genre de musique, malgré les efforts louables de quelques-uns, y’a pas), mais ça déménage.
Les gentils à l’air tout méchant qui écoutent ce genre de choses avancent même que cette bande de chevelus floridiens seraient les pionniers du death metal (vu leur blaze, ça semble logique) et du grindcore (ah bon, moi à l’école on m’avait dit que le grindcore c’était Napalm Death). Foin de ces considérations paléontologiques …
L’âme (morte ? comme dirait Gogol, non pas celui de La Horde, le Russe, l’écrivain) du band, c’est un certain Chuck Schuldiner, guitariste, chanteur, auteur ou co-auteur de tous les titres, et même responsable (c’est le mot) du logo du groupe. Le genre de gars qui a du écouter les 33T de Black Sabbath en 78T et qui a essayé de faire pareil. Ça joue vite, très vite (trop vite, d’ailleurs, ils sont obligés de faire des breaks, pour que le batteur ait le temps de se reposer les avant-bras), ça chante ( ? ) avec la voix d’un type en train de se faire étrangler, et les textes sanguinolents sont pas inspirés par la Comtesse de Ségur (« Zombie ritual », « Suicide machine », « Baptized in blood », « Left to die »).
Bizarrement, on trouve plein de guitares surf au milieu du baston sonique, et puis, horreur malheur, quand ils ont commencé à devenir « techniques », des ponts venus en droite ligne des funestes Yes (flagrant sur « Suicide machine »), ou des repiquages de riffs de hard FM (celui de « Eye of the tyger » à la fin de « Baptized in blood »).
Apparus sur la mauvaise côte américaine (ce sont les trashers de la Bay Area californienne qui allaient toucher le jackpot), la notoriété toute relative de Death a eu du mal à s’exporter, le groupe s’engluant dans des changements incessants de personnel, et la mort de Schuldiner il y a une dizaine d’années mettant un terme à l’aventure. 

KISS - DESTROYER (1976)


Des clowns ?

Me manquait plus que de causer (encore) des Bozo le Clown du hard pour passer pour un sourd total … donc je vais prendre la tangente, et pas trop parler de ce « Destroyer » (un de leurs plus gros succès). En gros un skeud aussi dénué d’intérêt que la plupart de leurs autres rondelles.
De toutes façons, Kiss n’est pas un groupe de studio (pas des virtuoses, quoi que puissent en penser leurs fans, et çà, si t’es pas super-technique dans le monde des hardos, logiquement t’es foutu, mais avec Kiss rien n’est logique), c’est un groupe de scène, où, à grand renfort de morceaux simpl(ist)es, de lasers, de fumigènes et autres effets pyrotechniques, ils offrent un spectacle qui a plus à voir avec le cirque que la musique, mais un spectacle qui fut et demeure très couru (leur « Alive ! » de 1975 est un sacré disque).
Un phénomène assez incompréhensible, reposant sur un look de comics Marvel revisités glam (c’est avec ce « Destroyer » que leurs « personnages » prendront leur apparence définitive), un culte de la personnalité et une immodestie totale qui raviront des millions de bouffeurs de hamburgers. Parce que la foire à la ferraille de Kiss, hors des USA, ça reste marginal. Kiss est un concept, idiot au départ, qui avec le temps tourne de plus en plus en leur faveur. Leurs armures et leurs kilos de fond de teint, ça laisse moins apparaître l’outrage des ans, suffit pour ça de voir la bobine de leurs plus ou moins contemporains qui ont traversé les seventies dans un grand nuage de poudres blanches (n’est-ce pas Mr Keith Richards). Kiss ont été, plus encore que les Beatles, le groupe qui a développé un merchandising pléthorique, toutes les babioles portant leur estampille leur assurant depuis toujours plus de revenus que leurs ventes de disques. Et maintenant, Paul Stanley, un des deux « survivants » depuis le tout début, peut asséner que le groupe est devenu une trademark, et pourra continuer des décennies sans aucun de ses membres originaux … ça fout les jetons, mais dénote d’un sens particulièrement aiguisé de la survie (et surtout des affaires) dans le monde sauvage du rock.
« Destroyer », c’est le virage pop et prétentieux du groupe. Qui embauchent Bob Ezrin aux manettes. Lequel Ezrin ne s’en vante pas trop de ce skeud, qui dans l’estime populaire n’arrive pas à la cheville d’autres de ses productions (« Berlin » de Lou Reed, « The Wall » du Floyd, « Welcome to my nightmare » d’Alice Cooper, …). Tiens le Coop, justement, auquel les Kiss ont piqué pas mal de choses, surtout le rimmel, d’ailleurs. Et avec ce « Destroyer », les Kiss font ce qu’ils peuvent (rien de renversant) et Ezrin de l’Ezrin (des arrangements venant de la musique classique, des bruitages, des discussions, des cordes, des pianos ou des synthés). Le manque de modestie des protagonistes conduit à des sommets de suffisance (dans l’intro de « Detroit Rock City », on entend démarrer une voiture de sport avec son autoradio qui beugle « Rock’n’roll all nite » de …  Kiss, of course). Pire, Ezrin a sorti de sa manche deux kouglofs sonores, deux ballades pourries avec synthés, cordes et tout le tintouin, dont une (« Beth ») est devenue un des gros classiques de Simmons & Co … Comprenne qui pourra …
On a vite fait le tour des choses à sauver (un méchant morceau sans trop d’esbroufe, « Shout it out loud », et c’est tout pour moi) sur cette chose qui annonce les funestes Foreigner, Bon Jovi, et consorts…

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ALICE IN CHAINS - ALICE IN CHAINS (1995)


Apocalypse now ...

Ce disque, le « dernier » de la formation originale d’Alice In Chains, est une de ces pierres tombales du rock, comme seuls des esprits torturés peuvent en produire, et pour moi le parallèle et l’analogie sont assez saisissants avec le « Disintegration » de Robert Smith – Cure. Sauf que dans les faits, ce Cd va encore plus loin, puisque si Fatbob Smith est encore de ce monde, Layne Staley, l’âme chantante d’Alice In Chains, a lui tiré sa révérence, ce disque est son dernier en studio avec son groupe, avant sa mort par overdose trois ans plus tard.
Ce Cd n’est pas sombre, triste, désabusé. Il est pire que ça. Il est glauque et morbide.
Le grunge, auquel Alice In Chains est plus ou moins à son corps défendant rattaché, était une urgence, un cri. Ce Cd est une plainte, un gémissement, un râle. Qui s’avèreront définitifs.
Ce disque a quelque chose d’épuisant et d’inexorable par son accumulation de mid-tempos lourds, ses solos de guitare de guingois, ce son mat et caverneux. La musique évoque souvent du Black Sabbath joué au ralenti, dans une ambiance sinistre et malsaine à la Joy Division. Un folk halluciné, le très beau « Heaven beside you » présage une éclaircie qui n’arrive pas, et la chape de plomb inexorable se referme. Le même espoir d’éclaircie s’insinue avec « Shame on you », chanson pop malsaine, mais chanson pop quand même. Le reste est un monument de déprime que l’on ne peut pas supposer être mise en scène. Ces types ne trichent pas, et si l’histoire a retenu la figure de martyre de Staley, c’est Cantrell le pourvoyeur essentiel des musiques (et parfois des textes), et il ne donne pas vraiment l’impression d’être un joyeux luron. Les deux étaient bien l’âme d’Alice In Chains, et la complémentarité de leurs voix est excellente, renforcée par un gros travail de production qui met en valeur ces harmonies vocales létales, pleines d’écho et de phasing …
Ce Cd fait remonter des images, des sons (les ballets d’hélicoptère d’ « Apocalypse now », les séances de roulette russe de « Voyage au bout de l’enfer », la noirceur désespérée du « Tonight’s the night » de Neil Young)
« Alice In Chains » est un aboutissement, une fin en soi.
Ames sensibles s’abstenir.

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DRIVE LIKE JEHU - YANK CRIME (1994)


Cryptique ...

Ils n’ont duré que le temps que le raz-de-marée grunge monopolise l’attention, quelques années au début des 90’s. Autant dire qu’ils ont pas fait les unes des JT. D’autant plus qu’ils ne faisaient pas du grunge, mais un bouillon sonore pas simple à définir, assez original en tout cas …
A l’origine de Drive Like Jehu, deux guitaristes, John Reis venu de Rocket From The Crypt dont je connais juste le nom, et Rick Froberg qui après moultes péripéties finira bien des lustres plus tard leader du très intéressant garage band Obits. Ce sont ces derniers que j’avais repérés, et je suis arrivé à Drive Like Jehu en remontant l’écheveau … et ma foi, je regrette pas.
C’est de la musique pour hommes, et le genre de groupe qui fonce droit dans le mur et réfléchit après. Non pas que ce soit un truc speed et bourrin, ce serait même plutôt le contraire. Mais c’est le genre de musique qui se veut « crédible », et qui fuit donc comme la peste tout ce qui pourrait être joli, sympathique, radiophonique (ça y est , le gros mot est lâché).
Les Drive Like Jehu font leur truc, sans se soucier du résultat. Evidemment, les majors n’ont pas voulu de pareille chose, ils sont sur un (très gros) label indépendant, Interscope. Plein d’étiquettes sont accolées à la musique de Drive Like Jehu ( post-hardcore ( ? ), alternative pop ( ? ), emo ( ? ), …), autant dire que c’est pas quelque chose de simple, qu’on entend à tout bout de zapping …
Ça commence en tout cas très fort, avec un tir de barrage hardcore impressionnant (« Here comes the Rome plows ») de presque six minutes, où surnagent des éléments que l’on retrouvera tout au long du disque, une rythmique implacable (avec mention particulière au batteur Mark Trombino), des guitares qui tronçonnent (Reis), et le chant hurlé de Froberg. Et curieusement, alors que beaucoup de choses tirent vers le côté hardcore, (genre musical habituellement servi par des brûlots pied au plancher de deux minutes), les titres les plus marquants de Drive Like Jehu sont les plus longs (on parle là de morceaux taquinant les dix minutes). Les plus retors vont alors insinuer que c’est du fuckin’ prog planqué sous une carapace métallique. Et pour une fois les tenants de la funeste musique n’auront pas tout à fait tort, on pense quelquefois aux dérives noirâtres et tendues de King Crimson époque « Red » (l’épopée bruyante et torturée de « Luau »), voire aux Metallica circa « … and justice for all » à l’écoute de « Super Inison ».
Les titres d’une durée plus « raisonnable » allient pression rythmique oppressante à la Black Flag ou Big Black. Quand le rythme se ralentit, mélangeant climat oppressant et tempos lourds et torturés, on n’est pas très loin d’Alice In Chains (« Do you compute »). Le dernier titre (« Sinews »), le plus construit et alambiqué du disque passe d’une intro « atmosphérique » avant que des riffs lents et lourds, malsains et dérangés, prennent le dessus, et se dirigent vers un final sauvage.
Trois bonus ont été rajoutés, la « version originale » de Sinews (maquette ?) qui montre la transformation du titre par le boulot accompli en studio, et les deux titres d’un 45T paraît-il légendaire mais sans grand intérêt (« Bullet train to Vegas » / « Hand over fist »), « Bullet … » étant une sorte de hard incantatoire à la Iron Maiden, c’est dire si on s’en fout …

NAPALM DEATH - SCUM (1987)


De bruit et de fureur ...

Radical est forcément le premier mot qui vient à l’esprit à l’écoute de ce Cd des Anglais de Napalm Death.
Radical par les propos. Incompréhensibles tant la voix est noyée dans le magma bruitiste. Mais au seul vu de la pochette hautement symbolique (un dessin en noir et blanc à l’encre baveuse sur lequel des logos de multinationales trônent au milieu des ossements de leurs victimes), on imagine que les Napalm Death doivent flirter avec les structures issues des squats politisés d’extrême gauche ou anarchistes.
La musique, ou plutôt le bruit blanc qui en tient lieu, ne fait pas dans le détail ou la dentelle. Des rythmes trépidants (les fameux blastbeats), des guitares tronçonneuses et 28 titres en une demi-heure. De quoi faire passer les Ramones pour du rock progressif..
Ce « Scum » revendique la paternité d’un sous-genre du métal, en l’occurrence le grindcore.
Un Cd toutefois plus proche du slogan de manif que de la musique au sens large. Oreilles délicates s’abstenir.

DEEP PURPLE - THE HOUSE OF BLUE LIGHT (1987)


Un disque de Bon Jovi ?

Ils ont du se gourrer quelque part … Y’a pourtant écrit Deep Purple sur la pochette… Deep Purple, ceux qui en 1970 ont rédigé le manifeste définitif du hard-rock, le toujours pas égalé « In Rock », et dans la foulée quelques hymnes-brûlots genre « Highway Star », « Smoke on the water », « Burn », « Mistreated », qui bien qu’englués dans des disques studio prétextes à de grosses batailles d’égos ou des live plein de farineuses jams interminables, ont marqué leur temps et à jamais l’esprit de toute une génération de collégiens… Deep Purple, géniteurs d’une innombrable descendance d’avatars plus ou moins dispensables (tous ces Rainbow, Whitesnake, Ian Gillan Band, n’en jetez plus …).
Deep Purple, comme les autres dinosaures 70’s (Stones, Who, Led Zep, …), balayés par le punk et la new wave, qui se reformera (à moins qu’ils n’aient jamais arrêté) dans les 80’s. « House of blue light » est le second disque de cette réapparition…
« Bad attitude » pour commencer, avec intro par les grandes orgues de Lord, un bon riff de Blackmore, et puis … Oh ! C’est qui qui chante ? Coup d’œil sur le livret … Ian Gillan ?? Le gosier en feu de « Child in time » et « Highway star » ? Ben , il a morflé sévère Gillan, perdu en route la moitié de ses octaves … Et pourtant, c’est bien le Purple de la légendaire Mark II, comme disent les spécialistes, avec Paice et Glover en plus à la rythmique …
Mais à mesure que les titres défilent, on va de déception en déception. Le son général est celui d’un disque de hard FM comme il en sortait à l’époque tous les jours. Lord a oublié sur la plupart des morceaux son Hammond et s’escrime sur des claviers high tech à la (Depeche) mode, Glover n’a pas pu s’empêcher de poser ses pattes sur la console pour ce son limite middle of the road, Gillan, paix à ses cordes vocales élimées, n’en parlons plus, Blackmore ne distille que parcimonieusement son talent (1er solo un semblant concerné sur « Mad dog », et seulement à son vrai niveau sur la cavalcade à la Iron Maiden de « Spanish archer », c’est quand même peu …). Seul Paice semble ne rien avoir perdu de sa capacité à malmener les fûts.
Pour ne rien arranger, les compos ne sont pas fameuses, pour un Deep Purple s’entend … « Call of the wild » semble sortir d’un disque de Toto, « Hard lovin’ woman » pourrait passer pour du rythm’n’blues s’il ne sonnait pas comme du Genesis des années 80, « Unwritten law », c’est du hard FM débité à la tonne … « Strangeways », ouh les copieurs, avec ses motifs arabisants recycle des plans de « Kashmir », et « Mitzi Dupree » ballade vaguement bluesy rappelle au détour de sa mélodie le « You can’t live your hat on » de Randy Newman repris par Joe Cocker à peu près au même moment …
« The house of blue light » est un ratage total, juste un disque indigne d’un des plus grands noms du rock des seventies. Le dernier titre s’appelle  … « Dead or alive », vous voulez vraiment mon avis sur cette question ?

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CROSSOVER - CROSSOVER (1993)


Bring the noise ...

« Agitateur culturel », c’était le slogan de la FNAC … il y a longtemps, avant que ça devienne une épicerie se contentant de mettre du Lady Gaga et du Guetta en tête de gondole.  Mais il y a une vingtaine d’années, la FNAC s’investissait et investissait dans la musique. Via son propre réseau de distribution, et en signant pas mal de labels ne faisant pas toujours dans le convenu et l’air du temps. Et pressant elle aussi du Cd, support au développement quasi exponentiel.
Alice In Chains mais aussi en cage
Cette compilation « Crossover » est un objet soigné, avec son boîtier sérigraphié, et son livret (en français) qui présente succinctement certes, mais suffisamment, les groupes dont au sujet desquels il est question. Groupes répondant à plusieurs critères : être supposés avoir un avenir de tête d’affiche, s’adonner à des genres musicaux extrêmes (et surtout extrêmement bruyants), et censés pratiquer une « fusion » (mot à la mode en ce temps-là) entre plusieurs genres. Evidemment, la plupart surfent sur la vague Nirvana qui est en train de tout emporter sur son passage, générant des cohortes d’adeptes d’un non look (savamment codifié tout de même) s’escrimant sur fond de guitares rageuses saturées. Les photos du livret nous montrent donc une ribambelle de mâles américains, grassouillets, en bermudas, et tatoués. Aucune fille dans tous ces groupes, et seulement deux groupes « étrangers », français en l’occurrence. Les Burning Heads, signés sur un label englobé dans la galaxie FNAC Music, ceci expliquant sans doute cela, même s’il s’agit d’un groupe non dénué d’intérêt, et aussi les terroristes sonores de Treponem Pal.
Pour le reste, le choix, avec le recul, est assez curieux. Ont été oubliés (volontairement ou pas, on n’en sait rien) des gens connus voire en haut des charts pour les RHCP et Pearl Jam, ou des précurseurs admis comme références, à l’instar des Bad Brains, Ministry ou Living Colour, et censés représenter cette fusion, objet de la compilation. Mais globalement, ce « Crossover » est un bon Cd.
Il y a du très lourd, des groupes qui vont devenir énormes, comme Alice In Chains (avec « Would », leur premier très gros succès) ou Soundgarden (un peu vite baptisés les Led Zeppelin américains).
Il y a du lourd, des gens qui seront pas loin des sommets, Suicidal Tendencies et son projet parallèle et funky Infectious Grooves, Prong, Biohazard.
Il y a des figures mythiques de l’underground US, le Rollins Band ( de Henry Rollins, et son projet « éthique » de Straigth Edge), Danzig (à l’honneur sur l’EP de reprises de Metallica) et Bad Religion (le groupe de Brett Gurevitz, fondateur du label Epitaph qui comptera dans son catalogue tous les groupes « punk » américain des 90’s, comme NOFX, Offspring, Green Day, …).
Il y a des groupes obscurs qui auraient mérité meilleur sort (Mordred, Mucky Pup, Victims Family)
Il y a des groupes obscurs qui ont bien fait de le rester (Cromags, Method Of Destruction, Stormtroopers Of Death), qui moulinent leur boucan sans aucune imagination …
Au final, un Cd thématique assez intéressant, qui permet de se faire une idée de la bouillonnante scène métallique américaine du début des années 90. Vu les circonstances (la FNAC a stoppé ses activités de label), cette rondelle ne se trouve plus que d’occase sur les sites dédiés…

SCORPIONS - LOVE AT FIRST STING (1984)


Plus très venimeux ...

C’est à partir de ce disque que les fans de la première heure et les accros de « Tokyo Tapes » ont commencé à se méfier. Et avec le recul des ans, se pose THE question : « Love at first sting » est-il le premier d’une longue série d’enregistrements soit pas bons soit mauvais, ou bien est-il plutôt le dernier d’une série de bons disques du groupe.
Klaus Meine n'a pas de guitare ... bientôt il n'aura plus de cheveux ...
Ce Cd n’est en tout cas pas pire que ceux que sortaient les têtes d’affiche du classic hard, et réussit sur le fil du rasoir un improbable équilibre entre la tentation FM (avec en ligne de mire le succès aux USA) et la pression vraiment hard. Les morceaux sont mélodiques, les guitares omniprésentes et le vieux complice Dieter Dierks réalise des prodiges tout au long d’une production impeccable, et sauve quelque peu de l’écroulement une baraque qui commence à tanguer sur ses fondations.
Et puis il y a bien sûr « Still loving you », la meilleure ballade des Scorpions qui cette année-là (1984) disputera le titre de slow de l’année à rien moins que le « Purple rain » de Prince, dans le même style rétro-seventies. Effet pervers, les Teutons se sentiront dorénavant obligés de mettre une scie gluante (« Wind of change » sur le suivant, et d’autres dont je ne veux rien savoir) sur tous leurs Cds …
Le succès de « Love … » sera colossal, boosté par une tournée mondiale exceptionnelle en terme de succès populaire. Non, vraiment , avec « Love at first sting », les Scorpions n’avaient pas encore « trahi ». Ils inventaient juste le hard centriste …

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UFO - STRANGERS IN THE NIGHT (1977)


Et pourtant c'est un bon live ...

Rarement disque en public aura vu le jour sous des auspices aussi défavorables. Car avant même d’écouter la moindre note, on sait déjà que :
- les musiciens sont alcoolos, drogués, et se foutent régulièrement sur la gueule entre eux tant ils se détestent.
- « Strangers in the night » (clin d’œil à Sinatra) est présenté sous le visuel le plus moche jamais créé par Hypgnosis, les graphistes auteurs des pochettes précédentes du groupe et des visuels de Pink Floyd dans les 70’s.
Et pourtant la mayonnaise prend. Les haines réciproques qui minent le groupe entraînent une tension et une envie de se surpasser, ingrédients indispensables pour une bonne prestation live.
Et surtout, il ne faut pas oublier que le répertoire de UFO est un des tout meilleurs du hard anglais des années 70, qui comptaient quand même de sacrés clients dans le domaine. Les talents d’auteur de Mogg, Way, et Schenker, les superbes parties de guitare du même Schenker (avant, que complètement carbonisé par les poudres blanches, il s’en aille poursuivre de son côté une carrière totalement erratique), l’indiscutable qualité intrinsèque de chansons comme « Doctor, doctor », « Lights out », « Love to love », « Too hot to handle », « Rock bottom », et le final explosif (« Shoot, shoot ») contribuent à faire de ce Cd un des sommets (le sommet ?) de la carrière de UFO, le plus pop des groupes hard anglais des seventies (ou le plus hard des groupes pop, c’est vous qui voyez).

TRUST - TRUST IV (1983)


A côté de la cible et de ses pompes ...
Bernie, rentre le ventre, c'est pour la photo ...
Ce "Trust", quatrième du groupe est un album-concept, et qui tant qu’à faire développe deux thèmes : le premier (1ère face du 33 T à l’époque) basé sur la situation politique de la Pologne, d’où la pochette lourdement symbolique sur fond de drapeau polonais. « Solidarité », dans le titre « Varsovie » scandé en hommage à Solidarnosc, le syndicat libre de Lech Walesa opposé au régime communiste de Jaruzelski, fait de Bernie une sorte de Bernard-Henry Levy (Metal) peu crédible. Non pas que rock et conscience politique n’aient rien à voir (Dylan, le MC5, les Clash entre autres ont fait de grands morceaux ou de grands disques « politisés ») mais le public de base de Trust n’attendait pas (que) cela de ses héros. Et donc Trust, enfin plus particulièrement Bernie, se retrouve dans une situation délicate, lui le prolo enragé des années Giscard ne veut pas tirer sur la Gauche au pouvoir, et part donc dans des concepts elliptiques et mondialistes, qui vont à peu près aussi bien à sa grande gueule qu’un bon texte à Bigard …  Et ce n’était pas le hard-rock FM de « Idéal » avec ses cuivres genre « Urgent » de Foreigner qui pouvait rattraper le coup, tant il dénotait avec le boucan si particulier produit jusque-là.
La seconde partie du disque s’attaque carrément au mythe de Faust, plutôt réservé jusque-là à la musique classique et à l’opéra. Rock pompier à tendances progressives, chœurs de salle Pleyel, rien n’est à sauver.
Malgré une popularité, renforcée par un échange standard de batteurs avec les pénibles Iron Maiden quand avait fait grand bruit à l’époque chez tous les forgerons à blouson de jean, et une crédibilité sans failles jusque-là, ce disque totalement foiré sera un échec pour Trust et ne sera pas pour rien dans la dissolution du groupe deux ans plus tard, la France perdant du coup son seul groupe de hard crédible au niveau international.
Depuis, on attend la relève …
Enfin, y’en a qui attendent …


KISS - ALIVE ! (1975)


Rock'n'roll circus
Pour moi, les Kiss, tout du long de leur interminable carrière, c’est soit mauvais, soit sans intérêt. Et pour ce que je connais de leurs disques studio, seul le « unmasked » « Lick it up », trouve grâce à mes oreilles.
Mais si les Kiss sont aujourd’hui une entreprise (y’a pas d’autre mot) très florissante (vendant une foultitude de produits dérivés, et envisageant de transformer le groupe en trademark, c’est-à-dire que Kiss pourrait perdurer encore des décennies, sans aucun de ses membres originaux), c’est sur les planches américaines qu’ils ont acquis leurs titres de gloire au milieu des années 70. Et pour les fans du groupe, ce « Alive », premier d’une longue série numérotée, reste la pierre angulaire de leur édifice. Et pour une fois, les fans ont raison.
Parce que comparés aux versions des trois albums studio précédents, les titres présents ici déchiquettent tout. Les Kiss, les rockers « sérieux » s’en méfiaient. Ces gugusses new-yorkais avaient piqué leur idée de super-héros aux comics de la Marvel, et leur look et leur musique, souvent de façon un peu trop voyante et honteuse, à des gens comme Alice Cooper, les New York Dolls et le glam anglais. Des copieurs, même pas foutus, malgré tous leurs efforts pour se faire remarquer, d’avoir un semblant de petit hit.
Leur idée de génie, ce sera d’aller à contre-courant. Le prog est en pleine vogue, le rock devient sérieux, ce n’est plus une musique pour faire la fête, c’est quelque chose que l’on va écouter quasi-religieusement en concert, en s’extasiant devant des titres de demi-heure perclus de solos à rallonge. Sur scène, Led Zeppelin et Yes, même combat (putain, je vais me faire des amis, là …). Le rock est devenu une musique faite par des trentenaires pour des trentenaires, et surtout les concerts de rock donnent l’occasion de voir des types habillés comme ils se sont levés, éclairés par quatre loupiotes clignotantes. Les Kiss, dès le départ et leurs premières années de galère, ont envisagé la scène comme un exutoire, présentant un spectacle qui en mette le plus possible plein les yeux et les oreilles, et qui s’adressait à une nouvelle catégorie de public, le jeune nerd boutonneux, qui ne comprenait rien aux savants concepts de « Tales from topographic oceans ».
Et s’il n’y avait eu que les costumes de Bozo le Clown, Gene Simmons qui crache du feu et du sang, des batteries qui tournoient en s’élevant en l’air, des light-shows élaborés, des fumigènes à profusion, tout ça n’aurait pas duré. Les Kiss sur scène assuraient grave. Et intelligemment. Pas de grand virtuose chez eux ? Les morceaux dureraient trois minutes. Pas de grand chanteur charismatique ? Ils se relaieraient au micro.
Il y a dans ce « Alive » une énergie brute, primaire (et bien que comme à peu près tout les live, celui-ci ait été plus ou moins remanié en studio, cette rage-là transparaît de partout). Il y a dans ces titres exécutés pied au plancher, plus à voir avec le punk-rock qu’avec Deep Purple et ses « Space fuckin’ » qui durent toute une face de vinyle. Même si les Kiss utilisent les plus grosses ficelles, un navrant solo de batterie de dix minutes (ils n’auraient pas dû), et tout ces « rock’n’roll » dans les titres, ou hurlés entre les morceaux. Un tantinet démago, pour que le spectateur de base comprenne bien de quoi il s’agit, même si quand on entend lâcher un « rock’n’roll » tous les trois mots, Eddie Cochran doit se retourner dans sa tombe, et Presley revenir manger un sandwich au beurre de cacahuète dans ses chiottes en or de Graceland …
Alors, mine de rien, ces quatre épouvantails bruyants ont jeté les bases de ce que doit être un concert de rock et un spectacle en même temps. Et sorti avec ce « Alive », un des disques majeurs du hard des seventies.

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KISS - LICK IT UP (1983)


Sans fard ...
1983: les Kiss sont dans le métier depuis plus de dix ans et ont un gros succès aux USA où ils alternent le bon (quelques fois) et le pas terrible (le plus souvent) en studio. Mais sur scène, le Kiss Circus est une affaire qui tourne plus que bien, boostant et déchitequetant son répertoire, et offrant à son public de puceaux boutonneux moults fumigènes, débauche de sons et de watts, et effets pyrotechniques divers. Au tournant des années 80, deux membres originaux du groupe sont partis : le batteur Peter Criss et le guitariste Ace Frehley (trop défoncé) .
Les Kiss brushés de frais ... Parce qu'ils le valent bien ?
Et à presque 35 ans, les musiciens décident de laisser tomber les costumes de Kiri le Clown et la couche de fond de teint pour faire un disque de hard-rock carré, brut, méchant et efficace.
Les Kiss deviennent (enfin, serait-on tenté de dire) un groupe de rock et non plus une attraction de cirque. Malheureusement pour eux le succès cette fois ne sera guère au rendez-vous, leur public ayant été refroidi par le ridicule album-concept précédent (« The Elder »), et ne suivra guère ce groupe de tous les (gentils) excès qui se présente sous une apparence « normale ». Et pourtant ce « Lick it up » est un bon disque, un de leurs tout meilleurs, porté par des titres forts comme le mélodique morceau-titre ou le ratatinant « Gimme more ».
Resserré autour des deux anciens  Gene Simmons et Paul Stanley, ce « nouveau » groupe au sein duquel le guitariste fraîchement embauché Vinnie Vincent tient une place primordiale (c’est un excellent compositeur) sera musicalement la meilleure formation de Kiss, même si leur succès des années 70 sera désormais loin d’être égalé.
Et logiquement, dans ce hard-rock, genre dans lequel personne n’est jamais démodé ou ringard, les années 2000 verront les clowns sexagénaires revenir pour des tournées générant des millions de dollars de bénefs … Elle est pas belle, la vie (de clown) ?

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RAGE AGAINST THE MACHINE - RAGE AGAINST THE MACHINE (1992)



Accusés, levez-vous ...

Comparaissent devant nous aujourd’hui les ci-devant Rage Against The Machine qui avec l’album du même nom en 1993 sont présumés coupables d’avoir :

- prétendu dénoncer les méfaits du capitalisme et du libéralisme en étant signés et distribués par la multinationale Sony via sa filiale Epic.

A l'Ouest, et rien de nouveau ...
- mélangé sans l’autorisation de quiconque du rap et du heavy metal

- essayé de faire depuis toujours le même disque, mais sans jamais faire aussi bien que ce premier

- généré une légion de suiveurs en bermudas (Limp Bizkit, Linkin Park, Blink 41, Sum 182, …) qui sous de nombreux tatouages et leur allure méchante sont à peu près aussi rebelles que, au hasard, Saez et Cali.

Sentence requise : que soit apposé sur le disque le sticker « Rebelles d’opérette »

De son côté, la défense déclare que :

- signer sur une major en gardant sa totale liberté artistique n’est ni une trahison ni un renoncement, mais plutôt le moyen de faire entendre par le plus grand nombre des propos subversifs.

- que si l’influence de Led Zeppelin et Public Enemy est évidente, il vaut mieux s’inspirer de ces deux-là que de Julien Doré et Céline Dion

- que tous leurs disques se ressemblent, et le premier étant bon, les suivants le sont donc aussi

- que si les groupes qui les ont copiés sont mauvais, ce n’est pas de la faute de RATM

Verdict réclamé : décoration de l’ordre de Che Guevara.

Le jury, après en avoir délibéré, décide, au vu des reformations only for the money de RATM ces dernières années, que ces guignols ne présentent plus aucun intérêt …

Affaire suivante …






NINE INCH NAILS - PRETTY HATE MACHINE (1989)


 Sound Machine

Nine Inch Nails, c’est Trent Reznor. Point Barre. C’est d’ailleurs écrit dans le livret de « Pretty Hate Machine », premier disque paru à la toute fin des 80’s. Un disque qui ne sera pas un gros succès, sorti sur un label indépendant… il faut dire que la musique proposée et les thèmes abordés avaient de quoi faire fuir les directeurs artistiques des majors.
Nine Inch Nails au grand complet
Reznor n’est pas un joyeux (drogues et dépressions semblent être ses seuls amis durables), son univers musical non plus. Tout est fait pour choquer, agresser, dérouter. Le matériau de base, c’est une techno industrielle (beaucoup de choses ressemblent aux Belges radicaux de Front 242) lacérée de gros riffs de guitare. Assez proche également de ce que produisent les héroïnomanes déjantés de Ministry, le côté rock’n’roll circus en moins. Nine Inch Nails est beaucoup plus sombre, plus glauque, sans la moindre trace d’humour ou de second degré qui caractérisent le « groupe » de Jourgensen …
Mais Reznor est très fort en studio. Il va mettre en place un design sonore qui va durablement marquer la décennie des 90’s et faire la fortune de son plus célèbre « disciple » Marylin Manson, dont il produira les premiers disques avant une série de brouilles, embrouilles, carambouilles et réconciliations …
Dans « Pretty Hate Machine », de l’électricité sale gicle de partout, lézardée d’interférences électriques, de sons distordus et parasités. Une masse sonore inquiétante, brouillonne en apparence, déstabilisante … La voix de Reznor, toute en plaintes, gémissements et hurlements contribue également pour beaucoup à la noirceur des titres. En fait, ce qui est le plus gênant dans ce premier disque, et d’ailleurs comme dans la plupart de ceux qui suivront, c’est l’absence ou du moins la rareté de titres construits. De chansons pour dire les choses simplement. On suppose que c’est un parti pris volontaire car « Head like a hole » (de la mélodie, des machines, des guitares, que demande le peuple ?) ici, « Closer » ou « We’re in this together » plus tard, montrent que Reznor est capable d’écrire de grands morceaux de structure classique.
Il y a d’autres bonnes choses dans ce disque, « Something I can never have » avec son piano triste et sa touche lyrique, « Sin », débuté comme du Depeche Mode avant de s’abîmer dans du metal chauffé à blanc, le noir « Sanctified » avec son passage bien trouvé de chant grégorien … Il y aussi pas mal de titres qui marquent moins les esprits, englués dans des effets sonores quelque peu foire à la ferraille et bugs électriques divers … Ce disque doit cependant être considéré comme un tout, et plutôt qu’une succession de « chansons »,  comme une porte d’entrée intéressante mais pas exceptionnelle pour l’univers très particulier de Nine Inch Nails …

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The Fragile

QUEENS OF THE STONE AGE - SONGS FOR THE DEAF (2002)


Supergroupe et superdisque ...

QOTSA 2002, du beau monde ...
Ce disque était attendu comme le Messie, il devait sauver le rock, ou au moins lui conférer une nouvelle vision, une nouvelle dimension. Josh Homme, leader et théoricien du groupe avait réuni un casting exceptionnel : l’encore fidèle Nick Oliveri, bassiste virtuose et allumé notoire ; Mark Lanegan, une des meilleures voix du rock alternatif US ; enfin Dave Grohl, plus grand batteur vivant (« Nevermind » de Nirvana).

Avec une telle équipe, on se prenait à rêver. Eux seuls étaient capables de faire ressurgir les pères fondateurs (Led Zep et Black Sabbath), réaliser la synthèse des précurseurs  américains (Hüsker Dü, Pixies et Nirvana), le tout baignant dans la violence blanche des Stooges ou du MC5.

« Songs for the deaf » est bâti comme les antiques concept-album des seventies, et d’ailleurs il sonne pas mal seventies, il est construit comme un road-movie rythmé par le son d’une radio FM. Résolument orienté rock lourd, la radio FM. Qui balance des titres d’anthologie (« No one knows », « First it giveth », « Another love song », le Nirvanesque « Go with the flow », « God is in the radio » qui remémore les freaks défoncés d’Hawkwind,…), mais aussi quelques ratés (l’inutile agression frontale de « Sex shooter », la linéarité de « Do it again », également ces bruitages radio qui renvoient aux pires heures de Roger Waters période post-Floyd et font retomber la pression).

Mais la balance est très largement favorable et « Songs for the deaf » est un des tout meilleurs disques des années 2000 et à ce jour la pièce maîtresse des Queens of the Stone Age.

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IRON MAIDEN - PIECE OF MIND (1983)


Comment creuser sa tombe ...

Fin des années 70, début des années 80, le hard en Angleterre avait tout du cimetière des éléphants. Les deux groupes emblématiques Deep Purple et le Zep finis, pour les amateurs du genre, Iron Maiden avait constitué la solution. Moins mauvais de cette New Wave of British Heavy Metal et pourvus d’un « classique » (« Number of the beast »), les Maiden remettaient le fer sur l’enclume avec ce « Piece of mind ».
Perfecto, cheveux longs et jean moule-burnes ... Iron Maiden 1983
Pas de guitar-hero, des batteurs interchangeables, un chanteur limité (tant qu’il faut hurler, tout va bien, mais s’il faut moduler et s'il y a une mélodie à suivre l’affaire se complique), un bassiste discret (pléonasme) comme leader, Iron Maiden était un groupe compact peu enclin à mettre ses musiciens en avant (le « personnage » le plus connu du groupe est leur zombie-mascotte Eddie).
Tout passait par la musique. Or ici ça coince. Des influences classiques (pourquoi diable tant de métalleux (Blackmore, Malmsteen, liste quasi-infinie) sont-ils fans de Wagner, Beethoven et autres allemands grandiloquents ?), des tentations progressives (l'ombre maléfique de Yes et Genesis plane sur pas mal de titres), « Piece of mind » est finalement pesant et indigeste, car il manque le riff évident, le refrain qui accroche, et surtout le fun et la simplicité.
De plus, en accélérant encore quelquefois le tempo, Maiden va chercher le bâton pour se faire battre par toute une  cohorte de jeunes hardeux (Venom, Slayer, Metallica, …) qui vont bientôt venir occuper le terrain du speed à sa place en bannissant de leurs morceaux toute dérive classique ou progressive.
Avec « Piece of mind », Iron Maiden avait voulu trop bien faire. Ils en ont juste fait trop.
Un groupe pour moi à consommer à dose homéopatique et uniquement en live, où là ils envoient le bois sans trop réfléchir …



THE CULT - ELECTRIC (1987)


Furieusement électrique

Ian Astbury : chapeau pointu turlututu ...
Ce Cd est considéré comme le meilleur du Cult. Un groupe qui en 1987 revenait déjà de loin. Emmené par le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy, ayant tour à tour été post-punk, batcave, gothique, hippy, le groupe a vu en quelques années rétrécir son nom de Southern Death Cult en Death Cult pour finir en Cult.

« Electric » est un disque de hard-rock « à l’ancienne ». Guitares Led Zeppelin, riffs AC/DC, les glorieux ancêtres sont présents tout au long de ce Cd. A des lieues du hair metal américain et du cirque bruyant d’un Iron Maiden en Angleterre. Des morceaux courts, carrés, pêchus, très seventies, avec aux manettes Rick Rubin, producteur des Beastie Boys mais aussi des speed métalleux de Slayer.

Et reprendre « Born to be wild », l’hymne des Hell’s Angels de Steppenwolf montre que l’on a clairement choisi son camp : tous les potards à onze et roulez jeunesse.

Astbury et Duffy n’égaleront plus le coup de maître d’ « Electric », Astbury finira même par « remplacer » Jim Morrison lors d’une reformation douteuse d’une partie des survivants des Doors.


DINOSAUR Jr - BUG (1988)


Prehistoric sounds

Dinosaur Jr. ont toujours fait peu ou prou le même disque. Comme à peu près tout le monde … Le rock étant toujours affaire de guitaristes et de chanteurs, et Jay Mascis cumulant les deux postes, écrivant même tous les titres, Dinosaur Jr. est son groupe.

Dinosaur Jr. : hommes des tavernes ?
Et que ce « Bug » soit le dernier avec son ami le bassiste Lou Barlow qui suite à une fâcherie s’en ira former Sebadoh, ne change pas fondamentalement la donne. C’est un disque à guitares saturées, sales, distordues, avec force effets de feedback et de larsen, et comme point de référence les pionniers bruyants de Sonic Youth. Ebauche de ce que sera quelques années plus tard le grunge des Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et consorts … Et contemporain de Hüsker Dü, Pixies et du retour à l’électricité rageuse (« Freedom », « Ragged glory ») de celui qui est leur grand-père à tous, Neil Young …

Doté d’une pochette assez repoussante (là aussi une constante dans la carrière de Dinosaur Jr.), ce « Bug » est néanmoins un de leurs plus abordables. Peut-être bien leur plus « joli », celui qui ne se contente pas de seulement mettre en place le raffût électrique du groupe, mais l’organise autour de titres bien construits, avec des mélodies bien fichues, qui se retiennent …

Les titres les plus aboutis, « Freak scene », « Pond song », « Budge » accrochent immédiatement l’attention. Au contraire de la conclusion « Don’t », remplie de cris, dissonances et borborygmes métalliques, qui rappelle les premiers disques « difficiles » de Sonic Youth …

Dinosaur Jr. n’a jamais été un groupe « branché », et Mascis continue encore aujourd’hui, contre vents et marées, de martyriser les cordes de sa guitare, indifférent au temps et aux modes. Un type bien …

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Where You Been




LYNYRD SKYNYRD - PRONOUNCED LEH-NERD SKIN-NERD (1973)


Confédérés

Plus doués pour les solos de guitare que pour s'habiller ...
Groupe symbole du rock « sudiste » qui tire son nom de la déformation phonétique du nom d’un prof de gym qui les persécutait au lycée à cause de leurs cheveux longs, Lynyrd Skynyrd avec ce premier album de 1973 a d’entrée joué dans la cour des grands. Les musiciens, buveurs, baiseurs, bagarreurs et cultivant à l’excès (drapeaux sudistes aux concerts, …) une imagerie redneck qui sera leur fonds de commerce, ont joué un hard-boogie traînard et ensoleillé, égayé par un piano, mais surtout porté par trois guitares. Deux fameux solistes, Allen Rossington et Gary Collins et le braillard Ronnie Van Zant au chant, sont les leaders naturels du groupe.

La musique est excellente, un peu comme si l’Allman Brothers Band s’était pris pour les Rolling Stones, et ce Cd contient des incontournables du groupe (« Tuesday gone », « Gimme three steps »). Mais surtout il se termine par l’épique (plus de 9 minutes) « Freebird », le « Stairway to Heaven » américain, désigné il y a quelques années comme le morceau de rock le plus diffusé de tous les temps (devant « Yesterday » des Beatles, c’est dire si c’est une scie …) sur les radios US.

Même si on peut lui préférer le suivant (« Second coming »), ce Cd est indispensable pour avoir un aperçu de la carrière du groupe.