Ça donne envie hein, d’aller faire une virée dans
les territoires, comme ils disent les politicards et les gilets jaunes. Ben,
vous fatiguez pas, j’y vis dans la cambrousse et des meufs comme ça, y’en a pas
… parce que maintenant elles se rasent la foufoune ? ouais, mais pas
seulement et … que voilà un post mal … euh embouché, à faire se radiner toutes
les hashtagueuses mal bai … pardon, féministes sous prétexte que je suis censé
causer musique et que je parle pochette de disque …
Ben oui, les disques de Roxy Music ont ceci de
particulier, c’est qu’ils se regardent avant de s’écouter. Faisons les présentations.
A gauche, Eveline Grunwald, à droite Konstanze Karoli. La première est la
petite amie et l’autre la sœur de Michael Karoli, le guitariste de Can.
Rencontrées par Bryan Ferry dans une discothèque portugaise, où les deux
teutonnes mignonnes sont en vacances. Mélange alcool plus herbe qui rend
nigaud, et proposition de séance photo. Achat de sous-vêtements (les mêmes mais
de couleurs différentes, je dis ça pour ça ceux qui se sont abîmés les yeux sur
les pochettes de Scorpions, …) et shooting improvisé devant un massif de
lauriers roses (?). Résultat, une des pochettes de disques les plus scandaleuses
de l’histoire (nous sommes en 1974). Censurée dans plusieurs pays (les USA,
l’Espagne franquiste, …). A l’attention des pervers relevant de la psychiatrie,
on trouve sur le net des clichés non retenus…
Bon, ben voilà, fin de la chronique… Allez salut et
à la prochaine …
Comment, qu’est-ce que tu dis, toi ? Que j’ai
pas causé de la musique ? Tiens, c’est vrai, il y a un disque dans la
pochette … Bon, on se calme et on reprend …
Des disques de Roxy, il y en a deux d’indispensables.
Le second, « For your pleasure » avec une Amanda Lear allumeuse en
fourreau (noir) perchée sur des talons immenses, tenant en laisse une panthère
(noire), aguiche un Bryan Ferry dans sa bagnole ; et le dernier,
« Avalon », avec sa sublime pin-up casquée et de dos … Comment tu
sais que c’est une pin-up, connard, on la voit pas ? Pfff, pose pas questions
comme ça, connard toi-même, t’as rien compris à Roxy … « For your pleasure »,
c’est le sommet artistique de Roxy, avec un Brian Eno sur le départ qui
transmute en beau bizarre tout ce qu’il touche, le disque expérimental le plus facile
d’accès qui soit … « Avalon » c’est un sommet de sophistication
lascive intemporelle …
« Country life », sous-titré « The fourth
Roxy Music album » arrive deux ans après « For your pleasure », et
succède au plutôt dispensable « Stranded ». Et qu’on le veuille ou
pas, pâtit également de l’absence d’Eno. Qui avant de devenir un gourou sonore
conceptuel (par définition chiant), a été un empêcheur de sonner comme il faut,
en gros durant les années septante commencées avec Roxy, et finies avec les
Talking Heads, en passant par des disques solos très recommandables et of
course, la période dite berlinoise de Bowie. Eno a génialement parasité avec
ses bidouillages au jugé les deux premiers Roxy. Certes il y avait dans ces
galettes quelques titres pas exactement mauvais mais qui auraient dû sonner « classique »,
alors que l’aristo dégarni en a fait des trucs inoubliables. Eno, comme tous les
sorciers de studio qui deviennent des dictateurs, se trouvait coincé dans Roxy,
dont le leader naturel était Bryan Ferry. De plus, il détestait la scène (il
injectait ses sons bizarroïdes depuis la table de mixage, on le voyait pas) …
Une fois l’Eno parti, Ferry s’est retrouvé seul
maître à bord. Niveau compositions, c’était pas gênant, c’était lui le
pourvoyeur essentiel de titres (paroles et musique). Mais Roxy qui était un
groupe assez fou (voir les extravagantes tenues de la pochette intérieure de
« For your pleasure », qui font passer les délires vestimentaires du
Bowie de l’époque pour la garde-robe d’Edouard Philippe) est devenu un groupe
« normal ». Du pop-rock dans la ligne du parti, sans trop de place
pour les dérapages sonores. Et c’est parfaitement criant sur « Country
Life ». Des titres comme « Three and nine » (ballade lascive
avec Ferry dans le rôle du crooner lascif qui sera sa marque de fabrique pour
les décennies à venir, et le sax omniprésent de MacKay), « If it takes all
night » (cabaret jazzy sur rythmique lourde boogie), « Casanova »
(la guitare de Manzanera en avant sur un rock mid-tempo) sont convenus, sans
surprises.
Roxy Music, dans les seventies, laissait pas mal de
gens dubitatifs, enfin surtout ceux qui aiment bien ranger et étiqueter ce
qu’ils écoutent. Au gré des lectures, on trouve le groupe à la rubrique prog
(le penchant Manzanera pour le sinistre genre, il a fricoté avec quelques
progueux, mais en fait avec tous ceux qui lui laissaient brancher sa gratte sur
un ampli), dans la rubrique glam (écouter ici « Prairie Rose » un
jurerait un morceau du Bowie – Aladdin Sane), dans la rubrique lounge – crooner
(le côté chic de Ferry). En fait, Roxy est le groupe des malentendus. Il est
certes un peu de tout ça, mais surtout inclassable, passant du coq à l’âne d’un
titre à l’autre, en multipliant les fausses pistes. Un seul exemple, Bryan
Ferry, qui a cultivé toute sa carrière une image de dandy chic aristocratique
est un fils de paysans tout ce qu’il y a de pauvres, un vrai working class
hero.
« Country Life » part dans tous les sens,
mais sonne plus décousu qu’aventureux. Les titres pris séparément tiennent la
route, mais il manque une vision, une direction, un marquage sonore (un coup la
rythmique très lourde en avant, une autre fois le sax, une autre fois Manzanera).
Même la voix de Ferry, qui deviendra par la suite une marque de fabrique
instantanément reconnaissable, suit les tempos et batifole dans plusieurs
registres. Surnagent quand même du lot des évidences comme « The thrill of
it all », « All I want is you » (deux titres que Bowie a dû disséquer,
ça ressemble à ce qu’on trouvera sur « Lodger » un lustre plus tard),
ainsi que « Prairie Rose » ou « Out of the blue » …
Bon, pas vraiment de quoi se relever la nuit … sauf
si on s’appelle Bryan Ferry et qu’on est sûr de rentrer avec deux gazelles pas
très farouches …
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