JEAN-CLAUDE BRISSEAU - CHOSES SECRETES (2002)

 

Et qui auraient mieux fait de la rester, secrètes ...

Brisseau, c’est au mieux des films d’auteur à l’odeur de soufre. Au pire, un pervers qui finit devant les tribunaux … C’est pas moi qui vais le juger, des gens dont c’est le métier s’en sont chargé. Mais je n’en pense pas moins …

Jean-Claude Brisseau

Brisseau, c’est un prof de français qui s’est défroqué et s’est emparé d’une caméra. D’ailleurs son premier (et seul) succès public et un peu critique sera « Noce blanche » (sur lequel il n’y a pas lieu de s’extasier) avec Bruno Cremer et Vanessa Paradis, en gros un remake à l’envers de l’affaire Gabrielle Russier, qui avait traumatisé la France pompidolienne (et déjà amenée sur les écrans par André Cayatte, « Mourir d’aimer »).

« Choses secrètes », c’est une purge. Du niveau des téléfilms érotiques de feu La 5 de Berlusconi (et de ceux de CStar et M6 aujourd’hui). Avec comme gage de « qualité » l’interdiction aux moins de 16 ans. Scénario : inexistant. Acteurs : pitoyables. Mise en scène : grotesque.

Bon, reprenons dans le désordre. Brisseau, il a le niveau d’un caméraman de France 3 Périgord. Pas de technique, zéro imagination. Des raccords plus que problématiques. Dans une scène champ – contre-champ, ses deux actrices boivent de temps en temps une gorgée de champ(agne), et plus elles boivent, plus le verre est plein … Dans la scène finale, alors qu’il pleut à verse et que les deux mêmes se font face, il y en a une qui ruisselle et l’autre qui n’est pas mouillée. En étant très indulgent, on passera ça sur le budget riquiqui du film …

Coralie Revel

Le casting aussi ça craint. Deux débutantes, ou pas loin, peu frileuses devant la caméra, Coralie Revel (la brune) et Sabrina Seyvecou (la blonde). Les deux assez vite disparues des radars et condamnées à des troisième rôles de séries TV. Rayon mâles, Fabrice Deville (catastrophique) et Roger Mirmont (rebaptisé Miremont dans le générique, un peu mieux que figurant, des centaines de références à son actif, jamais un rôle majeur).

Le scénario .. pff, le scénario. Un ramassis de clichés éculés (de ta mère). L’ascension sociale à la force des poils pubiens, les promotions canapé, la décadence genre fin de l’Empire romain, un final « moral ». Faut imaginer un improbable mix de «  Emmanuelle », « Histoire d’O », un pompage ( !) éhonté de la scène de partouze de « Eyes wide shut » (un château, lumières rouges et noires, et des dizaines de participants à l’orgie), et l’inspiration du stakhanoviste Bénazeraf (le mélange de fesse et de marxisme, les deux nanas du lumpenprolétariat qui détruisent le grand méchant Kapital, tiens, moi j’aurais pris Arlette Laguillier pour jouer la brune …).

Sabrina Seyvecou

Initialement prévu pour consacrer Brisseau, « Choses secrètes » est le film qui le fera tomber (mais pas de bien haut). De sordides histoires de castings un peu trop explicites pour les rôles féminins, des plaintes, des procès, et au final des condamnations pour Brisseau.

Le problème de « Choses secrètes » c’est pas son voyeurisme malsain, sa provocation à deux balles (Pasolini, Fassbinder, pour les plus célèbres, Ken Scott, Kenneth Anger pour les moins connus mais pas moins frappadingues, sont allés beaucoup plus loin dans la transgression tous azimuts). Ce qui rend ce film insupportable c’est sa pseudo prétention « politique », l’aura sulfureuse savamment entretenue dans sa bande-annonce, ses personnages ultra caricaturaux et surjoués (le ci-dessus nommé Deville en PDG amoral et incestueux), et un trop évident manque de talent de tous les participants de cette … chose.

EBay direct …




1 commentaire:

  1. Pas vu, mais je me souviens effectivement qu'on parlait du film davantage pour les coulisses du casting.

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