Ils étaient pas forcément au bon endroit (le
Colorado, c’est pas l’Etat qui a fourni le plus de musiciens célébrissimes),
mais surtout ils étaient pas là au bon moment. Flash Cadillac & The
Continental Kids (joke on ne peut plus ricaine, nom à base de bagnoles, la
marque Cadillac et la Lincoln Continental, j’y connais pas grand-chose, mais je
crois que c’est un mix des deux sur la pochette), ils ont commencé dans les
seventies et ont eu leurs cinq minutes de gloire en tant que Herby and the
Heartbeats (le groupe de la scène de bal dans « American Graffiti »
le film de George Lucas).
Flash Cadillac, déjà en 72, ils regardent dans le rétroviseur.
A peu près pile poil dix ans en arrière, soit vers 1962, époque, on nous l’a
appris à l’école, où la musique américaine était pas au mieux. Les antiques
pionniers de la fin des 50’s étaient soit morts physiquement soit, pire,
artistiquement. Bob Dylan, les Byrds, la Tamla, Spector, … n’en étaient au
mieux qu’à leurs premiers vagissements. Les charts étaient occupés par de
jeunes (voire très jeunes) gens (blancs) BCBG, mêlant avec une précision d’experts
comptables relents de doo-wop et restes de rock, et généralement prénommés Frankie
(Avalon, Valli, voire Lymon bien que ce dernier soit – ô scandale – noir). C’est
cette génération et cette époque qu’on voit dans au cinéma « American
graffiti », et un peu plus tard dans « Grease ».
Donc Flash Cadillac etc … ils sont un peu dans un no
man’s land revival, coincés entre Sha Na Na (sorte d’ancêtres américains de Au
Bonheur des Dames, célèbres pour s’être égarés au milieu des hippies à
Woodstock), et le revival rockab initié à partir de 75 par Robert Gordon et jackpotisé
au début des 80’s par les Stray Cats. Les six Flash Cadillac sont soit des
attardés musicaux, soit des précurseurs, en tout cas totalement hors sujet et à
peu près sans équivalents dans l’Amérique du début des 70’s.
La descendance des teen idols est clairement
affichée au verso de la pochette de ce disque, leur premier, avec une dédicace encadrée
d’Annette Funicello, toute jeune star maison de Disney des années cinquante (en
72 en grosse perte de vitesse sinon oubliée), sorte de grand-mère virtuelle des
Britney Spears ou Zendaya … Assez étrangement, alors que le décorum renvoie à
de l’hyper consensuel, c’est beaucoup moins évident à l’écoute de « Flash
Cadillac … ».
Quand ils donnent dans le rockabilly, ils font pas
penser au gentil Ricky Nelson, mais plutôt au Johnny Burnette Trio (« Reputation »),
voire à Eddie Cochran (« Nothin’ for me », étonnante de similitudes).
Mieux, sur un titre comme « Endless sleep », Flash Cadillac etc …
sonne en 72 comme les Cramps de 82. Faut fouiner dans les crédits (maigres, sur
certaines rééditions, dont la mienne, y’a même pas les auteurs des chansons) pour
trouver écrit en petit que le producteur de « Flash … », c’est nul
autre que cette grande asperge déjantée de Kim Fowley, grand amateur de « coups »
musicaux qui verra son obstination à truster le haut des charts par groupes
(manipulés) interposés, obtenir le jackpot avec les gamines trashy et rock’n’roll
des Runaways (Joan Jett, Lita Ford et consorts …). Pourquoi le groupe ou Epic,
leur label, sont-ils allés chercher Fowley, mystère et boule d’opium …
Les Flash Cadillac ont beau être six, ils écrivent
peu (à eux deux, le claviers et le guitariste ont signé trois titres sur douze).
« Flash … » est donc surtout un disque de reprises. Et l’on s’aperçoit
vite que c’est pas « l’authenticité » qui compte, mais plutôt la
façon de sonner, de jouer qui importe. C’est léger, ludique, parfois trop, mais
ça fait partie du concept. Les Flash Cadillac sont au rock’n’roll des origines
ce que Madness des débuts sera à la musique jamaïcaine.
Côté loufoquerie, ça commence d’entrée avec la
reprise de l’antique « Muleskinner blues (Blue yodel # 8) » vieille
scie du countryman Jimmie Rodgers, reprise déjà de multiples fois (de Woody
Guthrie à Dolly Parton qui venait d’en faire un hit national). Après le « Reputation »
évoqué plus haut, les Flash Cadillac font un mauvais, très mauvais sort à « Crying
in the rain », une des plus belles chansons du monde créée par les Everly
Brothers. La filiation gaguesque avec Sha Na Na frappe les oreilles avec le sautillant
« Betty Lou », que les au Bonheur des Dames ont dû écouter, tant leur
« Oh les filles » va lui ressembler … Une reprise instrumentale
(comme l’original) de « Pipeline » des Chantays n’apporte rien à ce
classique de la surf music.
La face B (oui, on cause bien 33 RPM, ce disque n’a
jamais été réédité en Cd) débute avec « She’s so fine », un des deux « classiques »
de Flash Cadillac, qui figurera l’année suivante sur la B.O. de « American
graffiti » (en compagnie de « At the Hop », autre titre du
groupe et leur plus gros succès, qui sera sur l’album suivant, ces deux morceaux
étant il me semble bien les deux seuls à être postérieurs à 1962, année où se
déroule l’action du film). A propos de « At the hop », le dernier titre
du disque « Up on the mountain » semble en être le brouillon avec son
rythme doo-wop accéléré. Le reste de la face, hormis le plagiat ? - hommage ?
de Cochran déjà évoqué ne mérite pas de passer à la postérité …
Et tant qu’on parle de postérité, celle de Flash Cadillac
& the Continental Kids n’a pas traversé les décennies. Certes cet album et
le suivant, boostés par « American graffiti » se vendront un peu, un
troisième paraîtra (en fait une compilation des deux précédents), un autre fera
un four monumental, et vers 75, le groupe se dispersera (avant des tentatives
avortées de reformation à destination du marché nostalgia pendant des
décennies). Aucun membre du groupe ne connaîtra par ailleurs succès et gloire.
Pire, quand le revival rockab initié par les Stray Cats explosera, ils ne
seront jamais cités comme influence par quelque porteur à banane de blouson de
cuir.
Les Flash Cadillac ont joué la carte du gag sonore,
ils n’auront jamais aucune reconnaissance ni crédibilité. Une page anecdotique
du rock américain des 70’s …
« La nuit du
Chasseur » (idem en anglais, « Night of the Hunter »), ce serait
trop facile (mais je vais pas m’en priver) de dire que des films comme ça, on
n’en tourne qu’un dans sa vie …
Charles Laughton & Lilian Gish
Et effectivement, ce sera le
seul passage de Charles Laughton derrière la caméra. Laughton, c’est un Anglais
qui a surtout travaillé aux Etats-Unis (il sera naturalisé américain en 1950).
Et c’est surtout un acteur de théâtre. Un genre exigeant, où on peut pas
tricher, refaire la prise. Faut enchaîner et être juste. Son physique « particulier » (sur lequel il a beaucoup ironisé), lui vaudront au cinéma des rôles de
méchants (l’inoubliable Capitaine Blight dans « Les révoltés du
Bounty » de Frank Lloyd) ou de sournois (Gracchus dans
« Spartacus », où à mon sens il enterre les Kirk Douglas, Laurence
Olivier et autres Peter Ustinov, pourtant pas des débutants). Laughton est
exigeant pour lui, et va devenir un maniaque derrière la caméra.
Enfin, derrière la caméra,
c’est aller un peu vite en besogne. La technique de l’image, de l’éclairage, de
la prise de vue, il n’y comprend rien. Pour « La nuit du Chasseur »,
Laughton est au sens le plus strict du terme, un metteur en scène. La caméra,
elle est confiée à Stanley Cortez, un chef opérateur de l’A.S.C. déjà remarqué
sur « La splendeur des Amberson » d’Orson Welles. Et pendant que
Laughton peaufinera son scénario avec David Grubb (l’auteur du roman « La
nuit du Chasseur »), Cortez placera ses caméras et va concevoir un
éclairage fabuleux, un noir et blanc hyper contrasté, jeux d’ombres
gigantesques et de pénombres.
Parenthèse. En 2019 est sortie
par Wild Side une version restaurée en HD du film. Des Blu-ray de vieux films,
j’en ai. Qui au niveau du film lui-même, ne présentent généralement aucun
intérêt, la haute définition ayant même tendance à amplifier les défauts
techniques de l’image d’origine. Si vous ne devez avoir qu’un vieux film en
Blu-ray, c’est « La nuit du Chasseur » qu’il vous faut. Un travail
tout bonnement extraordinaire, qui montre que Cortez avait dépassé toutes les
contingences techniques de l’époque. Et tout ça avec des moyens certainement
pas pharaoniques.
D’ailleurs, pas de noms
flamboyants en haut de l’affiche au générique. Mitchum en est la star (mais pas
le premier choix de la production). Mitchum est en 1954 lors du tournage
(trente-six jours en tout et pour tout, quasiment tout en studio, y compris la
descente de la rivière) au mieux un bon second rôle avec deux défauts majeurs,
éthylique forcené à faire passer les soirées du Rat Pack pour des séances de
yoga, et pire, plus ou moins « socialiste », ce qui aux U.S.A. à
l’époque était comparé à de la haute trahison. En gros, Mitchum est ingérable.
Laughton l’a vite compris, il organise tous les autres personnages par rapport
au sien.
Robert Mitchum
Autre parenthèse. Dans le
Blu-ray dont au sujet duquel je causais plus haut, il y a parmi les bonus plus
de deux heures et demie (soit quasiment deux fois la durée du film) de rushes
qui montrent la répétition des scènes. Avec un Laughton (à peu près toujours hors
champ) omniprésent, qui donne la réplique à tous les acteurs, jouant tous les
personnages. On voit qu’il vient du théâtre et que c’est un maniaque. Il fait
refaire d’innombrables prises parce que l’intonation d’une seule syllabe, un
clignement de paupières, un geste esquissé, un sourire trop ou pas assez
prononcé ne lui conviennent pas. Passe encore pour quelqu’un qui a fait
l’Actor’s Studio (comme Shelley Winters) mais Laughton tyrannise tout le monde
(les deux gosses - la gamine a vraiment cinq ans et craque parfois – et le
moindre figurant ou second rôle, témoin celui qui joue le vieux pote pêcheur du
gamin, qui sera éjecté au premier jour de tournage et remplacé). N’est guère
épargnée Lilian Gish (qui fut quand même dans sa jeunesse l’égérie de Griffith
et la première star féminine mondiale, avant Louise Brooks ou Marlene
Dietrich), dont on sent que derrière sa bonhommie placide, elle n’en pense pas
moins lorsqu’elle doit multiplier les prises. Il n’y a que Mitchum qui a un
traitement de faveur. Il tient même parfois tête à Laughton parce qu’il ne joue
pas, il est le Révérend Powell et tout s’organise autour de lui …
Powell, c’est le personnage qui
a fait rentrer Mitchum dans la légende du cinéma. Parce que Mitchum en fait
tellement, que ce faux curé devient tout bonnement extraordinaire. Powell joué
par Mitchum n’est plus humain, il est inhumain. La scène où Mitchum mime le
combat du Bien et du Mal avec la bataille entre ses deux mains où sont tatouées
sur les phalanges « love » et « hate » (ça, c’est de l’idée
scénaristique géniale !) repousse les limites du raisonnable, de
l’entendement et même de la folie. Et à la fin, alors qu’il vient de se faire
plomber par Lilian Gish, sa fuite à travers l’appartement, le jardin, les clôtures,
pour aller se réfugier dans la grange se fait en poussant des cris qui n’ont
rien d’humain. Le jeu de Mitchum est totalement hanté, irréel, bestial … Pas
sûr qu’au moment du tournage il ait été au mieux physiquement et mentalement,
mais le résultat est époustouflant, une performance à la Daniel Day-Lewis, sa
seule présence aux dires des témoins électrisait le plateau de tournage avant
qu’il commence à jouer ses scènes … Il y a une anecdote avec Shelley Winters.
Mitchum, sans qu’on sache très bien pourquoi, la détestait, à la limite de la
haine. Quand le pêcheur la retrouve noyée attachée à sa voiture au fond de
l’eau, c’est une prise sous-marine avec un mannequin au visage moulé sur celui
de Winters. Mitchum a fait tout un foin, exigeant de Laughton que ce soit elle
qui soit vraiment attachée à la bagnole au fond de la rivière, sinon le film
allait perdre toute sa crédibilité … Ceci explique que des années plus tard,
lors d’une interview où il revenait sur sa carrière, Mitchum tout en faisant
son Mitchum (air goguenard, énormes lunettes fumées, cigare de la taille d’un
tronc d’arbre), ait décrété que Laughton était de loin le meilleur metteur en
scène avec qui il avait travaillé (sympa pour tous les autres, il a tourné avec
le gotha des réalisateurs américains pendant quatre décennies).
Shelley Winters & Robert Mitchum
« La nuit du Chasseur »
se passe dans l’Amérique rurale (un petit bled au bord du fleuve Ohio) post Grande
Dépression. La crise économique, le chômage, la lutte quotidienne juste pour
avoir quelque chose à mettre dans l’assiette, ont profondément transformé les
gens. Ainsi, un père de famille, Ben Harper (parenthèse, c’est le vrai nom du guitariste
baba cool soporifique, donc pas un pseudo en rapport avec le film), devient un
braqueur de banques pour faire bouillir la marmite à la maison où l’attendent sa
femme Willa (Shelley Winters) et ses deux gosses John (la douzaine), et Pearl
(cinq ans). Un jour son braquage tourne mal, il tue deux types, est serré de
près par la police, et a juste le temps de remettre le butin du casse (dix
mille dollars) à ses enfants (surtout John), exigeant d’eux qu’ils le planquent
et ne révèlent la cachette à personne, même pas à leur mère.
Parenthèse (pff, encore, tu
commences à nous gonfler avec tes parenthèses). Le Ben Harper du film, qui n’a
droit qu’à quelques scènes, est joué par un second couteau, Peter Graves, qui accèdera
à la gloire mondiale en devenant des années plus tard, Jim Phelps, le chef des
agents de la cultissime série télé « Mission Impossible ».
Avant d’être pendu, Harper se
retrouve dans le même cachot que le (faux) révérend Harry Powell et manque lui
révéler en parlant dans son sommeil (fabuleuse scène lorsque Harper marmonne
son histoire et que la tête de Powell apparaît à l’envers - il est dans le lit
au-dessus -, avant que Harper se réveille, l’aperçoive, lui colle une magistrale
torgnole, avant de se mettre un mouchoir dans la bouche pour ne plus pouvoir
parler en dormant).
Powell, on l’a déjà vu au tout
début, roulant dans une voiture, ses tatouages LOVE-HATE sur les doigts, en
train de s’adresser au Seigneur, avant de se tétaniser avec un regard d’assassin
à un spectacle de strip-tease. Powell, c’est une extrapolation de tous ces
évangélistes qui dans les années 30 parcouraient le Midwest sinistré par la
crise pour ramener les âmes dans le « bon » chemin (et qui aujourd’hui
sont les farouches partisans de Trump, la loi et l’ordre, et par-dessus tout le
Seigneur qui nous guide tous). Son truc, à Powell, c’est pas de sauver les
brebis égarées, c’est de séduire les veuves qui ont un petit magot, les buter
et partir avec l’argent.
Il va donc arriver chez Willa
Harper. Autre scène fabuleuse, le petit John raconte à sa sœur une histoire de
croquemitaine, c’est la nuit, ils sont dans leur chambre à peine éclairée par
la lumière de la rue, et se dessine sur le mur l’ombre gigantesque du chapeau
que porte Powell (ces ombres démesurés, que l’on verra souvent dans le film, me
semblent être un hommage de Laughton et plus encore de Cortez au cinéma
expressionniste allemand des années 1920-1930, genre « Le cabinet du
Docteur Caligari », « M le Maudit », etc …). Le plan suivant
nous montrera sa silhouette devant la clôture de la maison, dans la lueur
blafarde des réverbères. Ça vous dit rien cette image ? Ce sera
copié-collé par Friedkin dans « L’exorciste » quand Max Von Sydow
arrivera devant la maison de Linda Blair, elle servira d’ailleurs souvent d’affiche
au film, au Blu-ray, Dvds, etc …
L'exorciste ?
Powell va courtiser la fragile
Willa, poser son emprise sur elle (autre scène folle, celle de l’expiation, où
la pauvre veuve avoue ses péchés devant les voisins, au milieu d’un cercle de torches
enflammées, sous le regard impassible du pasteur en arrière-plan), l’épouser
(autre scène énorme, celle de la nuit de noces), avant de la tuer (encore une
scène démente ponctuée d’engueulades homériques où Powell expose sa vision du
monde et des femmes, qui ne pensent qu’à la luxure alors que le Seigneur ne les
a mises sur Terre que pour procréer, ‘tain, on croirait entendre l’agité du
bocage de Villiers). Ne lui reste dès lors plus qu’à faire avouer aux gosses où
est le magot (nous, on le sait, il est dans la poupée de chiffons que ne quitte
pas la petite fille).
La gamine se laisserait embobiner,
son frangin est beaucoup plus méfiant, et les deux s’enfuient en barque sur le
fleuve, chassés par Powell (un autre plan à montrer dans les écoles de cinéma,
les deux gosses réfugiés dans une grange, avec au loin au soleil levant, la
silhouette menaçante de Powell sur son cheval au pas qui se détache sur l’horizon).
C’est à ce moment-là, le moment de la chasse, qu’on passe du thriller haut de
gamme à autre chose. Finies pour un temps les confrontations et les dialogues
chiadés, on suit la barque qui descend le fleuve filmée depuis la rive avec au
premier plan des lapins, des toiles d’araignée, des hiboux, des tortues, des
crapauds. Comme une relaxation alanguie qui remplace la tension. Un procédé qui
sera repris et sublimé par Malick au point de devenir sa trademark (je sais pas
s’il s’est inspiré de Laughton) qui interrompt l’action pour nous montrer des
rochers moussus, un petit ruisseau, des animaux, du vent qui agite des champs
de blé ou des feuilles dans les branches, …
Le final de « La nuit du
Chasseur » n’est pas celui d’un thriller. Ou si peu. Les enfants échouent
(dans tous les sens du terme) chez une vieille dame, Mme Cooper (extraordinaire
Lilian Gish) qui recueille des enfants abandonnés. Et plutôt que l’action
(quasi inexistante), Laughton choisit de nous nous montrer le combat de deux
esprits qui se revendiquent du même Seigneur. Parce que Powell n’a pas inventé
son personnage de pasteur, il se croit réellement investi d’une mission, sauver
le monde de la perdition, même si ça doit passer par quelques meurtres et en
récupérant du fric au passage. Mme Cooper, elle, veut faire le bien de ses
prochains tout en respectant scrupuleusement les Saintes Ecritures. La scène
clé du film (et une des plus extraordinaires qu’il soit donné à voir sur un
écran), c’est ce face-à-face nocturne devant la maison de Mme Cooper où Powell
et elle se livrent un combat qui se veut définitif par chants religieux
interposés, chacun chantant le sien pour couvrir la voix de l’autre.
« La nuit du Chasseur »
est une œuvre unique, inclassable, où se mélangent poésie, mysticisme, polar,
suspense, humour (noir). En fait la vraie direction du film nous est donnée dès
la première scène, où Lilian Gish récite, façon lecture d’une page des Evangiles,
ce qu’est l’histoire que nous allons voir et sa morale. « La nuit du
Chasseur », c’est une fable biblique …
« La nuit du Chasseur »
a été un bide lors de sa sortie, et Laughton (mort en 62) n’aura plus jamais
les moyens (si tant est qu’il en ait eu l’envie) d’en tourner un autre. Chef-d’œuvre
définitif, il est aujourd’hui très justement toujours cité comme un des plus
grands films de tous les temps …
Animal Collective furent dans les années 2000 les
chouchous de Pitchfork, mag musical ricain spécialisé dans l’avant-garde pop si
l’on veut être diplomate, ou dans les ectoplasmes branchouilles si l’on veut
être réaliste. Ce groupe qui sortait des maxis ou des Lp à la vitesse où Bigard
enchaîne les tristes blagues en-dessous de la ceinture, est originaire du
Maryland, côte Ouest des States.
Chacun sa croix : Animal Collective 2005
« Feels » est leur sixième rondelle en six
ans, et la première de leur tiercé consécutif prétendu « majeur » (« Feels »
donc, « Strawberry jam » et « Merriweather post pavillion ».
J’ai écouté les trois et believe me, y’a vraiment pas de quoi passer des nuits
blanches à les mettre en boucle sur le lecteur.
Mais qui sont ces Animal Collective. Ben voyons, un
« collectif ». Quatre types planqués derrière des pseudos
énigmatiques et aussi couillons qu’un discours de politique générale de Bayrou,
soit Avey Tare, Deakin, Geologist et la « star » Panda Bear (star parce
que ce bisounours a mené de front une carrière solo remplie de disques
extraordinaires – ou totalement inaudibles au choix). Pour ce
« Feels », sont venus prêter main forte Kristin Valtysdottir
(Islandaise, sorte de Björk du pauvre, ce qui n’est pas rien) sous le pseudo de
Doctess et un violoniste d’avant-garde, forcément d’avant-garde Eyvind (Kand), un
joueur d’alto, John Cale devait pas être libre, c’est ballot, ça aurait remonté
le niveau.
« Feels » en Cd, c’est un machin cartonné,
avec les six pseudos des zozos, la liste des titres, un code-barres, et les
trois lignes de mentions légales de copyright du label. Un packaging royal, et
que les mecs viennent pas chouiner que les gens sont pas sympas, ils
téléchargent gratos plutôt que d’acheter de la musique. Sans parler du contenu,
soignez un peu le contenant et ça ira peut-être moins mal …
Derrière les neuf titres du disque, y’a un puissant
concept. Partir d’un open tuning de guitare très désaccordé, et caler tous les
autres instruments (rythmique, piano, synthés) sur cette guitare qui joue faux.
Et rajoutez sur quelques titres des impros en une prise du violoneux. Vous
l’entendez arriver le truc ?
Niveau écriture, Animal Collective donne dans la pop
tendance symphonique (ou pompière, c’est selon) avec deux types de
morceaux : un sur un mid tempo et un sur un down tempo, mais vraiment down.
Manière de bien achever les chevaux, ces titres seront étirés à la limite du
supportable grâce à des intros et surtout des outros interminables, le tout
mixé façon shoegazing (tous les instruments et les voix sont passés à travers
moultes bécanes pour aboutir à une sorte de brouillard sonore d’où émerge …
rien de bon en fait). Parce que se prendre pour My Bloody Valentine rejouant
« Pet sounds » au petit matin blême après une nuit passée sous
substances (les Animal Machin ont avoué chercher l’inspiration dans le LSD),
c’est une chose, arriver à un résultat audible, c’en est une autre …
Le résultat, sur lequel un certain nombre de sourds
se sont extasiés, ressemble à de l’Arcade Fire sous Lexomil pour les morceaux
« rapides » (« Did you see the words », « Grass »,
et « Turn into something ») les six autres plus ou moins à du
Devendra Banhart (barde folk velu contemporain).
Ma préférence va nettement pour les titres les plus
enlevés qui sont écoutables voire plaisants avec mention spéciale pour « Grass »,
pas forcément parce que c’est le meilleur, juste parce que c’est le plus court.
Le plus intéressant (« Did you see the words ») ouvre le disque. On
est intrigué par ce son étrange qui devient quand même assez vite crispant, ça
ressemble donc à Arcade Fire, ou à des Beach Boys qui tels Adjani, seraient au
fond de la piscine (l’atmosphère mate, aquatique). « Turn into
something » clôture la rondelle, c’est plutôt enlevé (surtout par rapport
à la grosse demi-heure qui a précédé), il peut être – toutes proportions
gardées – considéré somme le titre folk-rock de l’album.
Les six autres titres, ils me gavent sévère. Certains
(« Daffy Duck » (?), « Banshee beat ») flirtent avec les huit
minutes, et s’apparentent à de longues ruminations invertébrées.,
« Bees » réussit l’exploit d’être à la fois et sinistre et
minimaliste, « Loch raven », ça commence agonisant, et ça finit en
état de mort cérébrale (ou l’inverse), « Flesh canoe », c’est du
brouillard sonore, léthargique et minimaliste. J’aurais aimé rajouter à la
liste des titres à sauver « The purple botlle », amusant avec son
chant à l’hélium, son tempo frénétique et minimaliste à la Devo, mais il est
beaucoup trop long (plus de six minutes) et comme chacun sait, les
plaisanteries les plus courtes sont les meilleures …
Allez, poubelle direct, et toutes mes excuses à
Gérard Manset dont le titre d’un de ses meilleurs morceaux ne méritait pas
d’être associé à pareille chose…
Nicolas Roeg (claqué en 2018) a
eu sa décennie de gloire dans les 70’s. Notamment en faisant tourner des stars
du rock. Mick Jagger qui faisait du Mick Jagger dans « Performance »,
et David Bowie qui faisait son Ziggy Stardust dans « L’homme qui venait
d’ailleurs ». Ces deux films, qui intrinsèquement valent pas lourd, et
doivent leur postérité et leur notoriété à leurs acteurs principaux, ne doivent
pas occulter le fait que Roeg sait concevoir un film et tenir une caméra.
Christie, Sutherland & Roeg
« Ne vous retournez
pas » (« Don’t look now » en V.O.) en est la démonstration et a
mieux traversé les décennies. Par exemple cité comme un film de premier plan par
des gens ayant pourtant peu de choses en commun, comme Danny Boyle et Justine
Triet.
Pour « Ne vous retournez
pas », Roeg a un scénario et deux stars bankables au générique. Le
scénario est dû à son complice Alan Scott, extrapolé d’après une courte
nouvelle de Daphné du Maurier. Du Maurier, son thème de prédilection, c’est le
polar, avec parfois une touche de fantastique. Pas étonnant que Hitchcock s’en
soit servi à trois reprises (l’oublié « La taverne de la Jamaïque »
et les deux beaucoup plus conséquents « Rebecca » et « Les
oiseaux »).
Les deux stars de Roeg sont le
Canadien Donald Sutherland (carrière aux States, révélé dans « Les douze
salopards », premiers rôles dans « M.A.S.H. », « De l’or
pour les braves », « Klute ») et l’Anglaise Julie Christie
(entre autres l’inoubliable Lara du « Docteur Jivago »). Le reste du
casting, au mieux présent sur quelques scènes (les deux sœurs) est composé de troisièmes
couteaux pas vraiment très aiguisés devant la caméra.
L’histoire de « Ne vous
retournez pas » est chronologique. Dans les premières scènes au montage alterné
intérieur-extérieurs, on voit une petite fille en ciré rouge et son jeune frère
jouer au bord d’un étang aux abords d’une maison cossue. Dans laquelle le père (John
Baxter / Sutherland) visionne des diapos agrandies de vitraux pendant que la
mère (Laura / Christie) lit. Quand le père a la vision d’une tache sanglante se
répandant sur la diapo, il est surpris. Quand il pense que cette vision
irréelle pourrait être une prémonition, il se rue vers l’étang, plonge et
remonte avec dans les bras le cadavre de sa fille qui vient de se noyer. La mère
qui passe derrière une fenêtre voit la scène et pousse un grand hurlement.
C’est à ce moment qu’intervient
une transition remarquable (même si elle pompée sur une similaire vue dans « Les
39 marches » de qui vous savez et si vous savez pas je vous plains) où le
hurlement devient bruit strident d’une perceuse qui fore un mur (avec un léger
décalage, on entend d’abord le son avant d’avoir l’image).
A coté du gars qui tient la
perceuse, Sutherland observe le mur dans un piètre état, le plan s’élargit, on
est dans une église en cours de restauration. Très vite, on comprend que John
est architecte, et supervise un projet de rénovation de bâtiments dans Venise,
qui se passe en hiver, pour ne pas obérer l’activité touristique. Avec Laura,
ils logent dans un hôtel à peu près vide, tandis que leur fils a été placé dans
un pensionnat anglais. Les événements ont lieu (même si aucun repère temporel n’est
précisé) peu après la noyade de leur fille dont on sent Laura beaucoup plus
affectée que son mari. La rencontre d’un couple de vieilles anglaises comme eux,
dont l’une est aveugle et médium sera un tournant dans leur séjour. Une Laura
qui participe avec elles à une séance de spiritisme, au cours de laquelle la
voyante leur recommande de quitter immédiatement Venise, en sort tout ébranlée,
et doit faire face aux remarques narquoises de John, cartésien et rationnel,
qui ne croit pas à ces balivernes.
Laisse les gondoles à Venise ...
Parce que lui est tout de même
intrigué par une petite silhouette en ciré rouge qui semble se cacher et le
fuir, et qu’il aperçoit fugacement une paire de fois aux abords des canaux. Même
si le couple Baxter reste très uni, témoin une longue scène de plumard jugée très
scandaleuse lors de la sortie du film (certains ont prétendu qu’elle n’était
pas simulée, le prétendu réalisme n’est du qu’à un montage malin alternant
plans de quelques secondes du couple en action et les mêmes se rhabillant pour
aller à un dîner), une certaine parano commence à les envahir, elle très sensible aux visions de l’aveugle ( ! ), et lui victime d’un accident de chantier
qui aurait pu lui être fatal. Ça flippe encore plus quand le pensionnat les
appelle pour leur dire que leur fils a eu un accident bénin. John entend rester
pour terminer son boulot, mais il accompagne Laura dans le vaporetto qui la
conduira à l’aéroport pour qu’elle retourne au chevet du gamin en Angleterre. Sauf
que le lendemain, il la revoit en tenue de deuil en compagnie des deux
frangines sur une gondole-corbillard.
Direction le poste de police où
dans un décor très Brazil-Gillian, il raconte tout à un flic qui ne l’écoute
que d’une oreille distraite. Il faut dire que dans cette Venise hors-saison rôde
un serial killer qui donne du couteau dans les ruelles sombres et étroites qui
bordent les canaux, alors l’Anglais avec sa femme et les mystérieuses
frangines, c’est pas une priorité. C’est quand le proprio du pensionnat lui
téléphone et lui passe Laura qui lui annonce son retour à Venise que tout
se complique et pour John et pour le spectateur. Et le dernier quart d’heure du
film va donner lieu à un twist scénaristique remarquable.
Parce que Roeg (dont tous ceux
qui le connaissent affirment qu’il avait quasiment image par image le film dans
sa tête avant d’avoir commencé à tourner) installe une atmosphère à laquelle on
ne peut guère échapper. Le cadre, c’est-à-dire Venise en hiver est glauque à
souhait. Dans ces ruelles sombres, étroites et souvent désertes, dans ces
bâtiments décrépis éclairés par une lumière d’hiver pisseuse, tout l’envers des
cartes postales d’une place Saint-Marc grouillante de vacanciers en goguette au
milieu des pigeons, il ressort des impressions mortifères et angoissantes. Les
couleurs sont mates, sombres, l’éclairage est voulu approximatif, et l’image très
granuleuse, à l’exception évidemment du rouge très vif de ce ciré que portait
la fille Baxter quand elle s’est noyée et dont est aussi vêtue cette petite
silhouette fugace aperçue plusieurs fois à Venise.
Et la parano et le malaise
induits par les images et les scènes vont crescendo à mesure que les incidents,
les accidents et surtout les visions et les prémonitions de la médium rajoutent
des éléments surnaturels à l’histoire.
Le petit chaperon rouge ?
C’est ce mélange de genres qui
fait la qualité de « Ne vous retournez pas ». Est-on devant un drame
psychologique, une histoire surnaturelle, un thriller ? Et certains
parlent du film comme un des très rares giallos non italiens, même si réduire « Ne
vous retournez pas » à ce genre typiquement transalpin de la fin des
années 60 – début des années 70 est plutôt réducteur, même si on retrouve chez
Roeg meurtres sanglants, phénomènes étranges, érotisme, autant de thèmes chers
aux Bava, Fulci, Argento et consorts …
En fait, en 1973 lors de sa
sortie, « Ne vous retournez pas » est un objet cinématographique
plutôt unique, à la marge de tous les genres évoqués. Qui n’a pas affolé le
box-office, les distributeurs américains (Paramount il me semble) ayant exigé
que Roeg en supprime une demi-heure, qui à ma connaissance est restée totalement
inédite (pas de director’s cut sur les derniers supports physiques malgré une
restauration en 4 K). A la longue, c’est devenu un film culte, des cinéastes
plutôt « décalés » le citant comme une référence.
Et il y en a même un (Shyamalan)
qui comment dire, me semble s’en être fort inspiré et qui a cartonné au
box-office, avec Bruce Willis dans le rôle principal …
Parce que « Drunk tank pink » c’est le nom
d’une rose dont la couleur est celle du lettrage de la pochette (et ne me
demandez pourquoi drunk tank pink j’en sais foutre rien). Et tant qu’on cause
pochette, le type en photo dessus est le père d’un des gars de Shame. Et c’est
qui Shame ?
Euh, je sais pas grand-chose sur eux. Ils font du
rock au sens large, et donc intéressent pas grand-monde. C’est une bande de
potes, banlieusards londoniens, plutôt jeunes (la trentaine au max) catalogués comme
tant d’autres (Sleaford Mods, Idles, …) apparus au milieu des années 2010 comme
un groupe post-punk. Vu que le punk, c’était il y a bientôt cinquante ans
(‘tain, cinquante ans …), post punk ça ratisse large. Mais en gros cette
mouvance post punk anglaise actuelle, malgré des références diverses et variées,
a un dénominateur commun, le groupe de l’acariâtre Mark E. Smith (mort il y a
quelques années), lider maximo de The Fall. The Fall, ils ont toujours vendu
des clopinettes, mais un peu comme le Velvet en son temps, ont inspiré pas mal
de gens. Il faut donc s’attendre à des trucs râpeux, des tensions d’électricité
méchante, et une façon de chanter goguenarde, menaçante, genre diatribe de tribun
en colère.
Shame
Il y a aussi plein d’autres choses de la décennie
75-85 qui remontent à la surface à l’écoute de Shame. Des inclassables à
l’époque (devenus classiques maintenant), qu’ils soient américains (Talking
Heads et Devo des débuts) ou anglais (P.I.L., dont l’influence ne cesse de
grandir, alors que le groupe ne faisait pas vraiment l’unanimité à ses débuts).
Et contrairement à beaucoup d’autres qui se contentent d’envoyer du boucan
énervé et parfois énervant, les Shame font des efforts d’écriture, il y a de
vraies bonnes chansons dans ce disque (pas sûr que ce soit le but recherché,
mais le talent de composition, même si t’essaye de le planquer, il ressurgit
toujours).
On n’écrit pas par hasard des choses comme « Alphabet »,
« Water on the well », « Human for a minute », « 6/1 », si on ne
s’est jamais posé la question de quoi faire avec une intro, un couplet, un
refrain, un pont, des riffs, un break, … autant de choses dont beaucoup ne
s’encombrent pas l’esprit par les temps qui courent … En plus, les Shame ont
mis derrière la console James Ford, producteur quasi attitré des Arctic Monkeys,
et qui bosse depuis une quinzaine d’années avec Damon Albarn, que ce soit pour
Blur ou Gorillaz … un type capable d’apporter un gros plus à un titre (comparer
les démos de « Water on the well » et « Alphabet » parfois
rajoutées en bonus sur les versions Cd de « Drunk tank pink », avec
leurs versions « définitives »). Même si on a pas sur ce disque la
team du siècle, on a un attelage groupe – producteur qui tient bien la route … Le
problème majeur est que « Drunk tank pink » fait partie de ces
disques du COVID (enregistrés dans des conditions pas ordinaires, impossibles à
promouvoir parce que pas de concerts possibles, etc …). Résultat, un disque
passé sous pas mal de radars. Et comme on refait jamais l’Histoire, on peut pas
extrapoler sur l’accueil que cette rondelle aurait reçu en temps
« normal ».
Shame's Next ?
Deux singles sont sortis en éclaireurs,
« Alphabet » hymne noirâtre au chant déclamé, musicalement quelque
part entre le Cure de « Pornography », Gang of Four, The Fall. « Water
on the well » suivra, porté par ce qui est au moins le riff du mois sinon
de l’année (qui de nos jours hormis quelques hardeux, ose faire reposer un
titre sur quelques notes de guitares saturée, hein, répondez pas tous en même
temps). Une fois n’est pas coutume, ces titres avant-coureurs donnent un bon aperçu
de l’album qui va suivre, et ce qui ne gâte rien, font partie des meilleurs de
la galette argentée.
Auxquels il convient expressément de rajouter
« Human, for a minute », belle ballade portée par une non moins
agréable mélodie, sur un rythme quasi up tempo et des synthés très 80’s. Un
titre qui se remarque d’autant plus facilement, que les chansons apaisées, ça
semble pas être le signe distinctif de la maison Shame. Preuve avec un autre
grand titre « 6/1 » à peu près à mi-chemin entre les méchants
postillons soniques de The Fall, et les bastons quasi indus de P.I.L.
Shame live
Dans le reste (sept titres de plus dans la version
initiale), il y a quelques machins dispensables, voire crispants. Perso, j’aime
pas « Snow day », harangue sur musique dissonante « élaborée »,
qui dans ses meilleurs moments fait penser à King Crimson période
« Red », et dans les autres, aux pénibles Black Midi. Même verdict négatif
pour « Station wagon », qui musicalement ressemble à une chute de
« Broken English » de Lady Marianne Faithfull (les synthés lugubres)
et sert de bande-son à une longue rumination déclamée … Pas de bol, ces deux
titres sont les plus longs du disque …
Dans la poignée de titres restants, mention bien à
« March day » et « Nigel Hitter » où l’influence des Talkings
Heads époque « Remain in light » (les rythmes sautillants électrocutés,
la façon d’aborder le chant de David Byrne) se fait sentir, ainsi que celle de
Devo sur « March day ». Mention passable au punk bourrin (pléonasme)
« Great dog », à l’abrasif et épileptique « Born in Luton »
(remember le premier Wire ?), au coup de sang limite hardcore de
« Harsh degrees ».
Pas sûr que quelqu’un ait vu dans ce groupe et ce
disque (dont la première parution « Songs of praise » avait été
remarquée) le futur du rock’n’roll … Par contre ce côté rebelle dark semble
devenir la norme de ceux qui ont encore quelque chose à dire et utilisent le
rock pour le dire … faut aujourd’hui savoir se contenter de peu …
Bon, « Un film parlé » n’est pas vraiment
une œuvre de jeunesse. Quand il est projeté en salles, son réalisateur Manoel
De Oliveira a l’âge plus que respectable de 95 ans (il tournera encore pendant
dix ans, il a établi plein de records qui seront difficiles à battre, il avait
commencé du temps du muet …).
De Oliveira et une figurante française ...
Donc « Un film parlé » n’est pas une œuvre
de jeunesse. Ni un film pour la jeunesse. Ne vous attendez pas à voir chez De
Oliveira, un type en collants moule-burnes doté de superpouvoirs qui va sauver
la galaxie. N’espérez pas non plus des gunfights, des bastons haletantes et des
cascades spectaculaires. « Un film parlé », même à la direction des
programmes nuit de Arte, ils doivent pas en vouloir.
« Un film parlé » est un film qui
forcément, s’écoute. Mais surtout qui se regarde, et à la fin, on se sent un
peu moins con ou inculte qu’au début.
« Un film parlé » c’est l’histoire d’une
croisière de Lisbonne vers Bombay en 2001. Les deux personnages principaux
(avant qu’arrivent les stars, on y reviendra), sont une mère et sa fille. La
mère est prof d’Histoire en fac, elle va avec sa gamine rejoindre son mari
pilote de ligne lors d’une escale de son avion à Bombay, où la famille doit
passer ses vacances. Une aubaine pour la prof férue d’Antiquité et qui va
profiter des escales du bateau pour visiter des lieux qu’elle ne connaît que
par les livres, en faisant partager ses connaissances à sa fille très curieuse
aux nombreuses questions pas toujours naïves. Là, on est un peu dans une
version avec des images de « Emile ou l’Education » du grand
Jean-Jacques (Rousseau, pas Debout). Pendant pile la moitié du film (trois
quarts d’heure), on a droit à des visites commentées du port de Lisbonne, des
racines grecques de Marseille, de Naples et de Pompéi engloutie par le Vésuve, de
l’Acropole à Athènes, de Sainte-Sophie à Istanbul, du Sphinx et des Pyramides
au Caire. La dernière escale que nous verrons sera dans le souk d’Aden.
A Marseille ...
Bon, faut aimer l’Histoire ou les vieilles pierres
(ou les deux), je vous le concède, pour pas que le Dvd finisse accroché à un
cerisier pour effaroucher les merles. Parce que « Un film parlé » est
didactique, mais pas spectaculaire pour deux sous. Le bateau de croisière, on a
juste des fois un plan de la proue qui fend l’eau, et d’autres fois une
maquette secouée dans une bassine, qui fait ressembler ledit bateau aux
dimensions censées être imposantes à une planche de surf qui croiserait au
large du Cap Horn par gros temps. De Oliveira en bateau, c’est pas James Cameron
ou Peter Weir …
A la moitié du film, on est quand même obligé de se poser
une question : « Un film parlé », c’est un film ou un documentaire
de Discovery Channel ? Un film, Votre Honneur. Parce que celle qui joue la
mère, Leonor Silveira, c’est une actrice majeure portugaise, et quasiment la
muse de De Oliveira qui figure depuis une quinzaine d’années au générique de
presque tous ses films. Et à l’escale de Port Saïd – Le Caire, le touriste
portugais qui lui donne la réplique est Luis Miguel Cintra, lui aussi un
habitué des castings de De Oliveira. Et puis on a aperçu fugacement rejoindre
la croisière à l’escale de Marseille Catherine Deneuve, à celle de Naples Stefania
Sandrelli, et à celle d’Athènes Irene Papas, sans qu’elles soient par la suite
d’aucune scène, et on se dit que ça peut pas durer, que « Un film parlé »
finira par prendre une autre direction.
A Naples
Et effectivement, on se retrouve dans la salle de
restaurant du bateau, dont le capitaine (John Malkovich) invite à sa table les passagères
célèbres que sont Deneuve (une grande chef d’entreprise française), Sandrelli
(actrice et mannequin italienne), et Papas (chanteuse et actrice grecque). La conversation
entre ces quatre, animée par un capitaine très révérencieux pour ses convives,
va tourner sur la condition féminine, leur relation à la maternité (aucune des
trois n’a d’enfant), l’apport au monde des civilisations des pays traversés.
Chaque convive parle dans sa langue maternelle et « officielle », et
on a droit à des dialogues où alternent (sous-titrés, heureusement) anglais,
français, italien et grec. Et tout le monde comprend tout le monde. Plus qu’une
question d’hyperpolyglottes, on voit ressurgir le fantasme de la Tour de Babel,
cet antique lieu mythique où tout le monde peut se comprendre, à condition d’être
guidé par les bons sentiments. Et voilà comment le quasi centenaire de Oliveira
pose sa patte humaniste sur un scénario jusque-là plutôt ronronnant.
D’autant plus qu’il semble y rajouter une vision
portugaise de la civilisation européenne, mise en avant notamment par le poète
Camoés dans « Les Lusiades » (fin du XVIème siècle). Comme il y a
peut-être des gens qui ont pas lu ce pavé en vers de plusieurs centaines de
pages, je vous la fais rapide, l’auteur explique que les grands navigateurs
venus du Portugal ont découvert et civilisé le monde non-européen. Tout ça dans
de grands élans lyriques patriotiques et religieux, malgré un « ennemi »
présent partout dans les contrées lointaines, le Maure (une théorie plutôt gênante,
reprise trois siècles plus tard par Ernest Renan dans sa «Vie de Jésus »,
où ce très catholique historien, dézingue toutes les sornettes bibliques, mais
rend les Arabes responsables de tous les maux de la région proche-orientale
depuis des siècles) … Oh Jésus Marie Joseph, qu’est-ce que tu viens nous
raconter Lester, Camoés et Renan, wtf ? Ben, j’essaye l’ellipse pour pas
spoiler la fin (dernière escale Aden, film paru en 2003, allez cherchez bien) …
Malkovich et ces dames ...
Oui, Papy De Oliveira n’a pas fait un film
historique ou intello rempli de verbiages courtois et galants, il a fait un
film qui colle à l’actualité du moment en donnant sa vision des grandes civilisations
qui sont issues de la Méditerranée et des luttes (pas seulement d’influences)
qu’elles ont soutenu entre elles.
Alors oui, la fin du film pourrait plaire à tous
ceux qui sont à droite, voire plus, et conforter leurs idéologies rances. Sauf qu’à
mon sens, De Oliveira ne dénonce pas, il explique, dans ce voyage à travers des
siècles d’Histoire, qu’au final, ce sont la culture et l’innocence qui payent
la folie des hommes et des religions.
« Un film parlé » si logiquement il s’écoute
plus qu’il ne se regarde, à la fin il finit par poser des questions
essentielles … et le vieux cinéaste portugais est aussi un vieux sage …
« Braveheart »
est devenu un classique des films populaires des 90’s. Pas vraiment lors de son
exploitation en salles, où il n’a obtenu que des résultats honorables. C’est
plus tard, lorsqu’on louait des VHS dans les vidéo-clubs, et encore plus tard,
lorsque sont arrivés les Dvds, Blurays, jusqu’à aujourd’hui, avec les
plateformes de streaming, que le vrai grand succès populaire s’est concrétisé
et jamais démenti, appuyé par une critique qui a eu tendance à le réhabiliter,
voire l’encenser.
Faut dire que
le projet « Braveheart » est plutôt audacieux. Confier à un type (Mel
Gibson) qui n’a qu’une seule réalisation à son actif (le mélo à peu près oublié
« L’homme sans visage ») un budget de plusieurs dizaines de millions
de dollars pour un film à grand spectacle, biopic médiéval d’une figure
mi-historique mi-légendaire de l’Ecosse de la fin du XIIIème siècle, ça coulait
pas de source. Même si derrière la caméra, et finalement aussi devant, il y a
un acteur bankable, starisé par les sagas « Mad Max » et « L’arme
fatale ».
Mel Gibson
« Braveheart »
met en images la vie de William Wallace, paysan écossais à l’origine et à la
tête d’une révolte contre l’occupant et oppresseur anglais. Le problème, c’est
que Wallace, on sait peu de choses de lui. Et que Mel Gibson va l’introduire
dans l’Histoire, la vraie, celle qui est documentée. Au prix de quelques
incohérences et anachronismes flagrants, voire de tentatives de réécriture. Le
scénariste (Randall Wallace, ce n’est pas simplement une coïncidence
patronymique, on y reviendra) et Gibson le reconnaissent d’une façon plutôt
badine, prétextant la beauté de l’histoire (du film), tout du long de leurs
commentaires sur l’édition Bluray de 2007.
Premier point
à évoquer, la réalité historique, les faits avérés et documentés. De Wallace,
on suppose qu’il est d’extraction très modeste (paysan ?), qu’avec
quelques comparses il a mené quelques actions de guérilla contre les troupes
« d’occupation » anglaises, avant de fédérer une petite armée de bric
et de broc (quelques nobles et leurs hommes, mais surtout des paysans) qui
défait des Anglais pourtant plus nombreux à Stirlink (1297), avant que les
Ecossais soient laminés l’année suivante à Falkirk. Wallace disparaît de la
circulation quelques années (exil en France apparemment), revient mener
quelques actions coup de poing en Ecosse, est capturé (trahison ?) avant
d’être supplicié (émasculé, écartelé, éviscéré, découpé en morceaux et ses
morceaux « exposés » dans plusieurs villes) en 1305.
La bataille de Stirlink
Robert Bruce
(avec qui Wallace a des relations plutôt compliquées dans le film) sera celui
qui par les armes obtiendra une certaine indépendance de l’Ecosse grâce à sa
victoire à Bannockburn (1314, la dernière scène de « Braveheart »)
Le Roi
d’Angleterre Edouard Ier est considéré comme un des grands souverains anglais,
très politique (plutôt machiavélique donc), et qui instaurera la première
mouture de ce qui deviendra le Parlement. Surnommé (par les Anglais) « The
Hammer of Scottish » par son intransigeance et sa cruauté face aux
tentatives d’émancipation des Ecossais. Il mourra deux ans après Wallace (et
non pas le même jour comme dans le film).
Son fils (le
futur Edouard II) sera connu pour sa bisexualité avérée (nombreux
« mignons » et favoris), et sera beaucoup plus dur et rude que la
lopette qui nous est montrée dans « Braveheart ». Il épousera
Isabelle de France, (Sophie Marceau dans le film) alors âgée d’une douzaine
d’années trois ans après la mort de Wallace. Donc elle et Wallace ne se sont
jamais rencontrés.
Quand aux
autres personnages du film (à part quelques nobles qui ont réellement existé,
mais dont les faits et gestes à l’époque ne sont généralement pas connus), ils
sont tous inventés (Murron sa femme, ses compagnons d’armes, …). Les premiers
récits des aventures de Wallace sont généralement attribués à un troubadour
plus d’un siècle après les faits. Il n’en demeure pas moins que Wallace a de
nombreuses statues un peu partout en Ecosse et qu’il est considéré comme le
premier « libérateur » de son peuple.
Edouard Ier - Patrick McGoohan
Bon, une fois
qu’on a dit ça pour démontrer que « Braveheart » est quasi
intégralement une totale fiction, il en reste quoi de ce film ? Une grande
fresque épique, romantique et violente. D’une durée conséquente. A peine un peu
moins de trois heures, il manque dix minutes de « director’s cut »
apparemment jamais vues, dont l’essentiel est composé du supplice de Wallace
(Gibson dit que c’était très réaliste, trop pour une exploitation grand public
en salles).
Le côté
fresque épique, il est dû au scénariste Randall Wallace. Américain bon teint,
et descendants d’émigrés écossais. Qui décide d’aller faire un voyage
d’agrément familial sur la terre de ses ancêtres. Et tombe sur les statues, les
musées, les lieux « saints » où son homonyme aurait écrit un pan
d’histoire écossaise. Troublé par la coïncidence, le très chrétien Wallace
(Randall) va écrire un scénario et faire de Wallace (William) un personnage
mystique et très croyant (la grande place occupée dans le film par les
funérailles, le mariage « clandestin », les prières avant la
bataille, avant le supplice qui a lieu sur une croix horizontale). Evidemment,
quand la 20th Century Fox le mettra en relation avec Gibson qui cherche un film
à réaliser, le côté grenouille de bénitier va pas laisser le Mel indifférent,
lui qui est catho intégriste (parenthèse, il appartient à un courant religieux
ultra réac, et a fort logiquement soutenu le ticket de demeurés Donald-J.D.,
fin de la parenthèse).
Côté
romantique, ça n’y va pas non plus avec le dos de la cuillère. Depuis le
chardon offert par la petite Murron au gamin William lors de l’enterrement du
père Wallace occis par les Anglais et conservé comme une relique, jusqu’au bout
de tissu qui les a liés lors de leur mariage et que Wallace serrera dans sa
main pendant son supplice, en passant par les visions de sa dulcinée, n’en
jetez plus … Et l’entrée en « guerre » de Wallace et son obstination
à lutter quoiqu’il advienne contre les « envahisseurs » aura pour
cause l’assassinat de Murron par un petit notable anglais. Sans parler du coup
de foudre réciproque entre Wallace et Isabelle de France …
Sophie Marceau & Mel Gibson
Mais ce qui a
le plus fait jaser, c’est l’ultraviolence limite gore, du film. Les scènes de
bataille sont particulièrement réalistes, ces mêlées-boucherie où tous les
coups sont permis, tuer ou être tué. Les décapitations, amputations, les corps
traversés par les épées, les lances, les haches, les flèches ou les poignards,
les chevaux empalés. Et hors batailles, on a droit aux égorgements, aux têtes
fracassées par les masses d’armes, … A côté, le supplice final de Wallace est
plutôt soft, il n’y a que de la tension liée à l’agonie du roi, aux larmes
d’Isabelle, à l’émotion des compagnons d’armes et de Bruce, grâce à un montage
malin.
« Braveheart »
a renforcé l’aura de Mel Gibson, parce qu’il joue William Wallace, ce qui
n’était pas prévu au départ. Il avoue s’être fait berner par la Fox, qui
alignait sans sourciller les millions de dollars à mesure que le scénario
avançait, mais qui insidieusement suggérait qu’en plus de réaliser il tienne le
rôle principal. Ce qu’il a fini par accepter, sans se douter de l’ampleur de la
tâche. Rétrospectivement, Gibson avoue avoir fini le tournage (sept mois, dont
plus de deux pour tourner les deux batailles, où il fallait gérer
quotidiennement jusqu’à trois mille personnes sur le plateau) à peu près fou,
les neurones cramés par la pression, le manque de sommeil, et le clap de fin
qui n’apparaissait jamais. Il se sentait capable de réaliser, ayant beaucoup
appris en tournant avec George Miller ou Peter Weir, mais il s’est fait bouffer
par son projet, virant obsessionnel pour le moindre détail.
Les anecdotes
sont légion. Pour donner un semblant d’organisation aux batailles, l’équipe a
tourné sur un camp militaire et engagé les bidasses qui y étaient. Et Gibson a
pu mesurer le fossé physique entre des pros qui s’entraînent tous les jours, et
lui, à presque quarante ans (soit dix-quinze ans de plus que son personnage),
qui devait sprinter comme un forcené pour être devant les soldats figurants
lorsque les Ecossais chargeaient l’armée anglaise. En plus, Gibson a réalisé
pratiquement toutes les cascades, sa doublure prévue passait les journées à se
tourner les pouces. Et pour le final (le supplice de Wallace), Gibson a
complètement disjoncté, et contre l’avis de tout son staff, a exigé d’être
réellement pendu (on l’a descendu quand il a perdu connaissance, il a failli y
passer, et rétrospectivement n’est pas très fier de cette décision aberrante).
A côté de ça, l’utilisation d’une énorme vraie hache pour la décapitation fait
figure de plaisanterie (pour le coup, il a quand même pris la précaution de
filmer le geste de bas en haut, et de passer les images obtenues à l’envers au
montage).
This is the end ...
Le résultat
donne un film à grand spectacle (référence de Gibson, « Spartacus »
le péplum plus ou moins réalisé par Kubrick), les plans filmés en hélicoptère
sont nombreux, notamment lors de l’ouverture, avec panoramiques gigantesques
des Highlands. Bien que sachant qu’il tournait une fiction à peu près
intégrale, Gibson a apporté un soin maniaque aux détails, avec un énorme
travail sur la création de décors en extérieur, les costumes et les
maquillages. Le vice a été poussé jusqu’à rechercher parmi les agriculteurs
écossais ceux qui pouvaient fournir des races centenaires de bovidés juste pour
une scène, lorsqu’on ramène les dépouilles du père et du frère de Wallace morts
au combat. Hormis les deux grandes batailles, tournées dans une base militaire
irlandaise, les extérieurs sont en Ecosse, sous la pluie (invisible à l’écran,
quand on la voit, c’est que de l’eau est versée à seaux sur le plateau) et le
froid la plupart du temps. Quasiment aucun effet numérique n’a été rajouté, un
encadrement médical, vétérinaire et de dresseurs était présent en nombre, aucun
cheval n’a bien évidemment été abattu ou blessé (ceux qui sont empalés sont des
chevaux mécaniques, trucage à l’ancienne), et parmi les centaines de figurants
des scènes de bataille, Gibson est fier de préciser que seuls trois blessés ont
été recensés, deux contusionnés et une fracture de la cheville en tout et pour
tout …
La musique
est dans l’air celtique du temps, et le thème principal est l’œuvre de James
Horner qui en utilisera une version dérivée pour le thème de
« Titanic » qu’il composera deux ans plus tard …
Un mot sur Sophie
Marceau, principal rôle féminin en (future) reine glamour mais déterminée, elle
entamera avec « Braveheart » un lustre de tentative de carrière
internationale, qui malgré un autre succès remarqué au box office (le rôle de
la méchante dans « Le monde ne suffit pas » de la saga James Bond),
n’ira pas plus loin que la fin des années 90.
Alors au
final, il faut en penser quoi ? « Braveheart » est un film
d’action survitaminé et palpitant, et une incontestable réussite visuelle. Le
seul reproche, les libertés prises avec la réalité historique qui enjolivent
quelque peu (pour être gentil) ce biopic de William Wallace. Les Ecossais ont
adoré le film, les Anglais moins …