Rue de la Soif
Ce premier disque de Miossec au milieu des années 90
avait marqué le Landerneau de la chanson rock. On y découvrait un type plus
tout jeune (30 balais), balançant contre vents, marées et sons ambiants ses
folk songs avinées. Le fantôme de Gainsbourg fut réquisitionné pour un
étiquetage facile. Certes, on trouve des choses « écrites » sur les
disques de Miossec (il a été journaliste et nègre pour une maison d’édition),
il se fait photographier clope au bec et regard éteint par l’alcool de la
veille pour une pochette qu’on peut faire voisiner avec celle de Gainsbarre en
trave sur « Love on the beat » … et c’est à peu près tout. Les
univers esquissés par les deux n’ont rien à voir.
Il est des nooôôôtres ... |
Le cadre musical qui entoure les courtes tranches de
vie décrites s’articule autour d’une orchestration minimale, à base seulement
de grattes acoustiques et d’une basse au service d’un talent mélodique
indiscutable. Pas la moindre trace de batterie au long de ce Cd, et seuls
quelques accords martelés de piano sur « Recouvrance » ou de très
rares guitares électriques sursaturées et stridentes (sur « Crachons
veux-tu bien », « Des moments de plaisir », « La fille à
qui je pense », ou le dernier titre caché
plutôt expérimental) sont présents.
On pense quelquefois au minimalisme des Violent
Femmes, à une version acoustique de Noir Désir et forcément à ce que feront
plus tard par ici les Louise Attaque, le pénible crin-crin de la bande à Gaetan
Roussel en moins…
Le talent mélodique, un Cd assez court (les 40
syndicales minutes), et les titres s’enchaînent sans donner l’impression de
répétition … quelques uns surnagent du lot, les deux premiers, « Non, non,
non, non, je ne suis pas saoul » qui définit le cadre acoustique et ce
phrasé de Miossec entre voix parlée et chantée, et « Regarde un peu la
France », le moins intimiste de tous, qui cabosse les portraits du
Ministre de l’Intérieur de l’époque, homme de SAC et de corde et de l’entiaré
du Vatican … La meilleure réussite du disque étant pour moi « La fille à
qui je pense », reprise à Johnny Hallyday et transformée en une sorte de folk-grunge avec ses couplets
acoustiques et son irrésistible refrain hurlé et électrifié.
A noter que Miossec, souvent réduit à son chanteur
et leader Christophe Miossec est un groupe (Miossec, Guillaume Jouan et Bruno
Leroux).
Du même sur ce blog :
L'Etreinte
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