Woody Guthrie still alive ...
Il y a des disques qui ont une histoire. Celle de
« Mermaid Avenue » est étonnante.
A l’origine du projet, on trouve Billy Bragg, le
Besancenot du folk anglais et créateur dans les années 80 du Red Wedge, courant
musical et politisé (contre les exactions en tous genres du gouvernement
Thatcher). Un Billy Bragg à la carrière sympathique mais à la célébrité
confinée par essence à l’Angleterre.
Un jour qu’il se produisait dans un festival folk aux
Etats-Unis, il reprend une chanson de Woody Guthrie. Dans le public, la fille
de Guthrie, qui le contacte et lui montre des textes se son père jamais mis en
musique.
Bragg s’attelle au travail et a l’idée d’appeler à la
rescousse Wilco, groupe de country-rock méconnu, auteur d’un « Being
there » salué par la critique et boudé par le public, et dirigé par Jeff
Tweedy et Jay Bennett.
Le résultat sera ce « Mermaid Avenue », du nom
de la rue où vivait Woody Guthrie à Brooklyn.
C'est pas bien de piquer les chemises à Neil Young ... |
Le 1er titre, un honky-tonk avec chœurs genre
chansons de marins montre que tout est possible dans ces adaptations.
« California Stars » suit sur un mid-tempo éclairé par de lumineuses
parties de slide. « Way over … » fait tellement penser à du Gram
Parsons qu’on s’attendrait à voir arriver le contre-chant d’Emmylou Harris. En
fait, c’est celui de Natalie Merchant (10 000 Maniacs) que l’on retrouve
ensuite seule au chant sur le merveilleux « Birds and Ships ».
« Hoodoo Voodoo » est construit comme un
morceau de REM dans les 80’s, un exercice de style troublant et parfaitement
réussi. « At my Window » renvoie à l’axe Byrds - Petty, avant qu’arrive, au mitan du Cd le
plus roots (juste Bragg et une guitare acoustique) et le plus court des titres,
une déclaration d’amour à Ingrid Bergman (l’irradiante actrice de
« Casablanca ») dont Guthrie était secrètement amoureux.
Un bluegrass sautillant ensuite (« Christ for
President »), « I guess I planted » lui sonne comme un inédit du 1er
Traveling Wilburys, « One by One » est du Dylan période « Blood
on the Tracks », « Eisler on the go » ressemble à une de ces
ballades post-nebraskaïennes comme Springsteen en tartine sur ses albums depuis
trente ans.
« Hesitating Beauty » est lui juste un
country-rock de base, le seul titre anecdotique du Cd. Un court morceau pianoté
à la Randy Newman introduit le final épique, « The Unwelcome guest »
grandiose ballade dévastée avec slide larmoyante, piano et harmonica traînards.
« Mermaid Avenue » : 15 titres et pas un
seul à jeter. J’en connais pas beaucoup des Cds comme ça.
Il y a eu une suite « Mermaid Avenue 2 », comme
toutes les suites, moins réussie.
Billy Bragg a continué à faire du Billy Bragg.
Wilco ont sorti l’année d’après un
« Summerteeth » excellent et qui a commencé à vraiment faire
parler d’eux. Avant en 2002, après un imbroglio ubuesque avec leur maison de
disques un « Yankee Hotel Foxtrot » d’anthologie, accessoirement un
des deux-trois meilleurs disques des années 2000.
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