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UFO - STRANGERS IN THE NIGHT (1977)


Et pourtant c'est un bon live ...

Rarement disque en public aura vu le jour sous des auspices aussi défavorables. Car avant même d’écouter la moindre note, on sait déjà que :
- les musiciens sont alcoolos, drogués, et se foutent régulièrement sur la gueule entre eux tant ils se détestent.
- « Strangers in the night » (clin d’œil à Sinatra) est présenté sous le visuel le plus moche jamais créé par Hypgnosis, les graphistes auteurs des pochettes précédentes du groupe et des visuels de Pink Floyd dans les 70’s.
Et pourtant la mayonnaise prend. Les haines réciproques qui minent le groupe entraînent une tension et une envie de se surpasser, ingrédients indispensables pour une bonne prestation live.
Et surtout, il ne faut pas oublier que le répertoire de UFO est un des tout meilleurs du hard anglais des années 70, qui comptaient quand même de sacrés clients dans le domaine. Les talents d’auteur de Mogg, Way, et Schenker, les superbes parties de guitare du même Schenker (avant, que complètement carbonisé par les poudres blanches, il s’en aille poursuivre de son côté une carrière totalement erratique), l’indiscutable qualité intrinsèque de chansons comme « Doctor, doctor », « Lights out », « Love to love », « Too hot to handle », « Rock bottom », et le final explosif (« Shoot, shoot ») contribuent à faire de ce Cd un des sommets (le sommet ?) de la carrière de UFO, le plus pop des groupes hard anglais des seventies (ou le plus hard des groupes pop, c’est vous qui voyez).

TRUST - TRUST IV (1983)


A côté de la cible et de ses pompes ...
Bernie, rentre le ventre, c'est pour la photo ...
Ce "Trust", quatrième du groupe est un album-concept, et qui tant qu’à faire développe deux thèmes : le premier (1ère face du 33 T à l’époque) basé sur la situation politique de la Pologne, d’où la pochette lourdement symbolique sur fond de drapeau polonais. « Solidarité », dans le titre « Varsovie » scandé en hommage à Solidarnosc, le syndicat libre de Lech Walesa opposé au régime communiste de Jaruzelski, fait de Bernie une sorte de Bernard-Henry Levy (Metal) peu crédible. Non pas que rock et conscience politique n’aient rien à voir (Dylan, le MC5, les Clash entre autres ont fait de grands morceaux ou de grands disques « politisés ») mais le public de base de Trust n’attendait pas (que) cela de ses héros. Et donc Trust, enfin plus particulièrement Bernie, se retrouve dans une situation délicate, lui le prolo enragé des années Giscard ne veut pas tirer sur la Gauche au pouvoir, et part donc dans des concepts elliptiques et mondialistes, qui vont à peu près aussi bien à sa grande gueule qu’un bon texte à Bigard …  Et ce n’était pas le hard-rock FM de « Idéal » avec ses cuivres genre « Urgent » de Foreigner qui pouvait rattraper le coup, tant il dénotait avec le boucan si particulier produit jusque-là.
La seconde partie du disque s’attaque carrément au mythe de Faust, plutôt réservé jusque-là à la musique classique et à l’opéra. Rock pompier à tendances progressives, chœurs de salle Pleyel, rien n’est à sauver.
Malgré une popularité, renforcée par un échange standard de batteurs avec les pénibles Iron Maiden quand avait fait grand bruit à l’époque chez tous les forgerons à blouson de jean, et une crédibilité sans failles jusque-là, ce disque totalement foiré sera un échec pour Trust et ne sera pas pour rien dans la dissolution du groupe deux ans plus tard, la France perdant du coup son seul groupe de hard crédible au niveau international.
Depuis, on attend la relève …
Enfin, y’en a qui attendent …


KISS - ALIVE ! (1975)


Rock'n'roll circus
Pour moi, les Kiss, tout du long de leur interminable carrière, c’est soit mauvais, soit sans intérêt. Et pour ce que je connais de leurs disques studio, seul le « unmasked » « Lick it up », trouve grâce à mes oreilles.
Mais si les Kiss sont aujourd’hui une entreprise (y’a pas d’autre mot) très florissante (vendant une foultitude de produits dérivés, et envisageant de transformer le groupe en trademark, c’est-à-dire que Kiss pourrait perdurer encore des décennies, sans aucun de ses membres originaux), c’est sur les planches américaines qu’ils ont acquis leurs titres de gloire au milieu des années 70. Et pour les fans du groupe, ce « Alive », premier d’une longue série numérotée, reste la pierre angulaire de leur édifice. Et pour une fois, les fans ont raison.
Parce que comparés aux versions des trois albums studio précédents, les titres présents ici déchiquettent tout. Les Kiss, les rockers « sérieux » s’en méfiaient. Ces gugusses new-yorkais avaient piqué leur idée de super-héros aux comics de la Marvel, et leur look et leur musique, souvent de façon un peu trop voyante et honteuse, à des gens comme Alice Cooper, les New York Dolls et le glam anglais. Des copieurs, même pas foutus, malgré tous leurs efforts pour se faire remarquer, d’avoir un semblant de petit hit.
Leur idée de génie, ce sera d’aller à contre-courant. Le prog est en pleine vogue, le rock devient sérieux, ce n’est plus une musique pour faire la fête, c’est quelque chose que l’on va écouter quasi-religieusement en concert, en s’extasiant devant des titres de demi-heure perclus de solos à rallonge. Sur scène, Led Zeppelin et Yes, même combat (putain, je vais me faire des amis, là …). Le rock est devenu une musique faite par des trentenaires pour des trentenaires, et surtout les concerts de rock donnent l’occasion de voir des types habillés comme ils se sont levés, éclairés par quatre loupiotes clignotantes. Les Kiss, dès le départ et leurs premières années de galère, ont envisagé la scène comme un exutoire, présentant un spectacle qui en mette le plus possible plein les yeux et les oreilles, et qui s’adressait à une nouvelle catégorie de public, le jeune nerd boutonneux, qui ne comprenait rien aux savants concepts de « Tales from topographic oceans ».
Et s’il n’y avait eu que les costumes de Bozo le Clown, Gene Simmons qui crache du feu et du sang, des batteries qui tournoient en s’élevant en l’air, des light-shows élaborés, des fumigènes à profusion, tout ça n’aurait pas duré. Les Kiss sur scène assuraient grave. Et intelligemment. Pas de grand virtuose chez eux ? Les morceaux dureraient trois minutes. Pas de grand chanteur charismatique ? Ils se relaieraient au micro.
Il y a dans ce « Alive » une énergie brute, primaire (et bien que comme à peu près tout les live, celui-ci ait été plus ou moins remanié en studio, cette rage-là transparaît de partout). Il y a dans ces titres exécutés pied au plancher, plus à voir avec le punk-rock qu’avec Deep Purple et ses « Space fuckin’ » qui durent toute une face de vinyle. Même si les Kiss utilisent les plus grosses ficelles, un navrant solo de batterie de dix minutes (ils n’auraient pas dû), et tout ces « rock’n’roll » dans les titres, ou hurlés entre les morceaux. Un tantinet démago, pour que le spectateur de base comprenne bien de quoi il s’agit, même si quand on entend lâcher un « rock’n’roll » tous les trois mots, Eddie Cochran doit se retourner dans sa tombe, et Presley revenir manger un sandwich au beurre de cacahuète dans ses chiottes en or de Graceland …
Alors, mine de rien, ces quatre épouvantails bruyants ont jeté les bases de ce que doit être un concert de rock et un spectacle en même temps. Et sorti avec ce « Alive », un des disques majeurs du hard des seventies.

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KISS - LICK IT UP (1983)


Sans fard ...
1983: les Kiss sont dans le métier depuis plus de dix ans et ont un gros succès aux USA où ils alternent le bon (quelques fois) et le pas terrible (le plus souvent) en studio. Mais sur scène, le Kiss Circus est une affaire qui tourne plus que bien, boostant et déchitequetant son répertoire, et offrant à son public de puceaux boutonneux moults fumigènes, débauche de sons et de watts, et effets pyrotechniques divers. Au tournant des années 80, deux membres originaux du groupe sont partis : le batteur Peter Criss et le guitariste Ace Frehley (trop défoncé) .
Les Kiss brushés de frais ... Parce qu'ils le valent bien ?
Et à presque 35 ans, les musiciens décident de laisser tomber les costumes de Kiri le Clown et la couche de fond de teint pour faire un disque de hard-rock carré, brut, méchant et efficace.
Les Kiss deviennent (enfin, serait-on tenté de dire) un groupe de rock et non plus une attraction de cirque. Malheureusement pour eux le succès cette fois ne sera guère au rendez-vous, leur public ayant été refroidi par le ridicule album-concept précédent (« The Elder »), et ne suivra guère ce groupe de tous les (gentils) excès qui se présente sous une apparence « normale ». Et pourtant ce « Lick it up » est un bon disque, un de leurs tout meilleurs, porté par des titres forts comme le mélodique morceau-titre ou le ratatinant « Gimme more ».
Resserré autour des deux anciens  Gene Simmons et Paul Stanley, ce « nouveau » groupe au sein duquel le guitariste fraîchement embauché Vinnie Vincent tient une place primordiale (c’est un excellent compositeur) sera musicalement la meilleure formation de Kiss, même si leur succès des années 70 sera désormais loin d’être égalé.
Et logiquement, dans ce hard-rock, genre dans lequel personne n’est jamais démodé ou ringard, les années 2000 verront les clowns sexagénaires revenir pour des tournées générant des millions de dollars de bénefs … Elle est pas belle, la vie (de clown) ?

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RAGE AGAINST THE MACHINE - RAGE AGAINST THE MACHINE (1992)



Accusés, levez-vous ...

Comparaissent devant nous aujourd’hui les ci-devant Rage Against The Machine qui avec l’album du même nom en 1993 sont présumés coupables d’avoir :

- prétendu dénoncer les méfaits du capitalisme et du libéralisme en étant signés et distribués par la multinationale Sony via sa filiale Epic.

A l'Ouest, et rien de nouveau ...
- mélangé sans l’autorisation de quiconque du rap et du heavy metal

- essayé de faire depuis toujours le même disque, mais sans jamais faire aussi bien que ce premier

- généré une légion de suiveurs en bermudas (Limp Bizkit, Linkin Park, Blink 41, Sum 182, …) qui sous de nombreux tatouages et leur allure méchante sont à peu près aussi rebelles que, au hasard, Saez et Cali.

Sentence requise : que soit apposé sur le disque le sticker « Rebelles d’opérette »

De son côté, la défense déclare que :

- signer sur une major en gardant sa totale liberté artistique n’est ni une trahison ni un renoncement, mais plutôt le moyen de faire entendre par le plus grand nombre des propos subversifs.

- que si l’influence de Led Zeppelin et Public Enemy est évidente, il vaut mieux s’inspirer de ces deux-là que de Julien Doré et Céline Dion

- que tous leurs disques se ressemblent, et le premier étant bon, les suivants le sont donc aussi

- que si les groupes qui les ont copiés sont mauvais, ce n’est pas de la faute de RATM

Verdict réclamé : décoration de l’ordre de Che Guevara.

Le jury, après en avoir délibéré, décide, au vu des reformations only for the money de RATM ces dernières années, que ces guignols ne présentent plus aucun intérêt …

Affaire suivante …






NINE INCH NAILS - PRETTY HATE MACHINE (1989)


 Sound Machine

Nine Inch Nails, c’est Trent Reznor. Point Barre. C’est d’ailleurs écrit dans le livret de « Pretty Hate Machine », premier disque paru à la toute fin des 80’s. Un disque qui ne sera pas un gros succès, sorti sur un label indépendant… il faut dire que la musique proposée et les thèmes abordés avaient de quoi faire fuir les directeurs artistiques des majors.
Nine Inch Nails au grand complet
Reznor n’est pas un joyeux (drogues et dépressions semblent être ses seuls amis durables), son univers musical non plus. Tout est fait pour choquer, agresser, dérouter. Le matériau de base, c’est une techno industrielle (beaucoup de choses ressemblent aux Belges radicaux de Front 242) lacérée de gros riffs de guitare. Assez proche également de ce que produisent les héroïnomanes déjantés de Ministry, le côté rock’n’roll circus en moins. Nine Inch Nails est beaucoup plus sombre, plus glauque, sans la moindre trace d’humour ou de second degré qui caractérisent le « groupe » de Jourgensen …
Mais Reznor est très fort en studio. Il va mettre en place un design sonore qui va durablement marquer la décennie des 90’s et faire la fortune de son plus célèbre « disciple » Marylin Manson, dont il produira les premiers disques avant une série de brouilles, embrouilles, carambouilles et réconciliations …
Dans « Pretty Hate Machine », de l’électricité sale gicle de partout, lézardée d’interférences électriques, de sons distordus et parasités. Une masse sonore inquiétante, brouillonne en apparence, déstabilisante … La voix de Reznor, toute en plaintes, gémissements et hurlements contribue également pour beaucoup à la noirceur des titres. En fait, ce qui est le plus gênant dans ce premier disque, et d’ailleurs comme dans la plupart de ceux qui suivront, c’est l’absence ou du moins la rareté de titres construits. De chansons pour dire les choses simplement. On suppose que c’est un parti pris volontaire car « Head like a hole » (de la mélodie, des machines, des guitares, que demande le peuple ?) ici, « Closer » ou « We’re in this together » plus tard, montrent que Reznor est capable d’écrire de grands morceaux de structure classique.
Il y a d’autres bonnes choses dans ce disque, « Something I can never have » avec son piano triste et sa touche lyrique, « Sin », débuté comme du Depeche Mode avant de s’abîmer dans du metal chauffé à blanc, le noir « Sanctified » avec son passage bien trouvé de chant grégorien … Il y aussi pas mal de titres qui marquent moins les esprits, englués dans des effets sonores quelque peu foire à la ferraille et bugs électriques divers … Ce disque doit cependant être considéré comme un tout, et plutôt qu’une succession de « chansons »,  comme une porte d’entrée intéressante mais pas exceptionnelle pour l’univers très particulier de Nine Inch Nails …

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The Fragile

QUEENS OF THE STONE AGE - SONGS FOR THE DEAF (2002)


Supergroupe et superdisque ...

QOTSA 2002, du beau monde ...
Ce disque était attendu comme le Messie, il devait sauver le rock, ou au moins lui conférer une nouvelle vision, une nouvelle dimension. Josh Homme, leader et théoricien du groupe avait réuni un casting exceptionnel : l’encore fidèle Nick Oliveri, bassiste virtuose et allumé notoire ; Mark Lanegan, une des meilleures voix du rock alternatif US ; enfin Dave Grohl, plus grand batteur vivant (« Nevermind » de Nirvana).

Avec une telle équipe, on se prenait à rêver. Eux seuls étaient capables de faire ressurgir les pères fondateurs (Led Zep et Black Sabbath), réaliser la synthèse des précurseurs  américains (Hüsker Dü, Pixies et Nirvana), le tout baignant dans la violence blanche des Stooges ou du MC5.

« Songs for the deaf » est bâti comme les antiques concept-album des seventies, et d’ailleurs il sonne pas mal seventies, il est construit comme un road-movie rythmé par le son d’une radio FM. Résolument orienté rock lourd, la radio FM. Qui balance des titres d’anthologie (« No one knows », « First it giveth », « Another love song », le Nirvanesque « Go with the flow », « God is in the radio » qui remémore les freaks défoncés d’Hawkwind,…), mais aussi quelques ratés (l’inutile agression frontale de « Sex shooter », la linéarité de « Do it again », également ces bruitages radio qui renvoient aux pires heures de Roger Waters période post-Floyd et font retomber la pression).

Mais la balance est très largement favorable et « Songs for the deaf » est un des tout meilleurs disques des années 2000 et à ce jour la pièce maîtresse des Queens of the Stone Age.

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IRON MAIDEN - PIECE OF MIND (1983)


Comment creuser sa tombe ...

Fin des années 70, début des années 80, le hard en Angleterre avait tout du cimetière des éléphants. Les deux groupes emblématiques Deep Purple et le Zep finis, pour les amateurs du genre, Iron Maiden avait constitué la solution. Moins mauvais de cette New Wave of British Heavy Metal et pourvus d’un « classique » (« Number of the beast »), les Maiden remettaient le fer sur l’enclume avec ce « Piece of mind ».
Perfecto, cheveux longs et jean moule-burnes ... Iron Maiden 1983
Pas de guitar-hero, des batteurs interchangeables, un chanteur limité (tant qu’il faut hurler, tout va bien, mais s’il faut moduler et s'il y a une mélodie à suivre l’affaire se complique), un bassiste discret (pléonasme) comme leader, Iron Maiden était un groupe compact peu enclin à mettre ses musiciens en avant (le « personnage » le plus connu du groupe est leur zombie-mascotte Eddie).
Tout passait par la musique. Or ici ça coince. Des influences classiques (pourquoi diable tant de métalleux (Blackmore, Malmsteen, liste quasi-infinie) sont-ils fans de Wagner, Beethoven et autres allemands grandiloquents ?), des tentations progressives (l'ombre maléfique de Yes et Genesis plane sur pas mal de titres), « Piece of mind » est finalement pesant et indigeste, car il manque le riff évident, le refrain qui accroche, et surtout le fun et la simplicité.
De plus, en accélérant encore quelquefois le tempo, Maiden va chercher le bâton pour se faire battre par toute une  cohorte de jeunes hardeux (Venom, Slayer, Metallica, …) qui vont bientôt venir occuper le terrain du speed à sa place en bannissant de leurs morceaux toute dérive classique ou progressive.
Avec « Piece of mind », Iron Maiden avait voulu trop bien faire. Ils en ont juste fait trop.
Un groupe pour moi à consommer à dose homéopatique et uniquement en live, où là ils envoient le bois sans trop réfléchir …



THE CULT - ELECTRIC (1987)


Furieusement électrique

Ian Astbury : chapeau pointu turlututu ...
Ce Cd est considéré comme le meilleur du Cult. Un groupe qui en 1987 revenait déjà de loin. Emmené par le chanteur Ian Astbury et le guitariste Billy Duffy, ayant tour à tour été post-punk, batcave, gothique, hippy, le groupe a vu en quelques années rétrécir son nom de Southern Death Cult en Death Cult pour finir en Cult.

« Electric » est un disque de hard-rock « à l’ancienne ». Guitares Led Zeppelin, riffs AC/DC, les glorieux ancêtres sont présents tout au long de ce Cd. A des lieues du hair metal américain et du cirque bruyant d’un Iron Maiden en Angleterre. Des morceaux courts, carrés, pêchus, très seventies, avec aux manettes Rick Rubin, producteur des Beastie Boys mais aussi des speed métalleux de Slayer.

Et reprendre « Born to be wild », l’hymne des Hell’s Angels de Steppenwolf montre que l’on a clairement choisi son camp : tous les potards à onze et roulez jeunesse.

Astbury et Duffy n’égaleront plus le coup de maître d’ « Electric », Astbury finira même par « remplacer » Jim Morrison lors d’une reformation douteuse d’une partie des survivants des Doors.


DINOSAUR Jr - BUG (1988)


Prehistoric sounds

Dinosaur Jr. ont toujours fait peu ou prou le même disque. Comme à peu près tout le monde … Le rock étant toujours affaire de guitaristes et de chanteurs, et Jay Mascis cumulant les deux postes, écrivant même tous les titres, Dinosaur Jr. est son groupe.

Dinosaur Jr. : hommes des tavernes ?
Et que ce « Bug » soit le dernier avec son ami le bassiste Lou Barlow qui suite à une fâcherie s’en ira former Sebadoh, ne change pas fondamentalement la donne. C’est un disque à guitares saturées, sales, distordues, avec force effets de feedback et de larsen, et comme point de référence les pionniers bruyants de Sonic Youth. Ebauche de ce que sera quelques années plus tard le grunge des Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et consorts … Et contemporain de Hüsker Dü, Pixies et du retour à l’électricité rageuse (« Freedom », « Ragged glory ») de celui qui est leur grand-père à tous, Neil Young …

Doté d’une pochette assez repoussante (là aussi une constante dans la carrière de Dinosaur Jr.), ce « Bug » est néanmoins un de leurs plus abordables. Peut-être bien leur plus « joli », celui qui ne se contente pas de seulement mettre en place le raffût électrique du groupe, mais l’organise autour de titres bien construits, avec des mélodies bien fichues, qui se retiennent …

Les titres les plus aboutis, « Freak scene », « Pond song », « Budge » accrochent immédiatement l’attention. Au contraire de la conclusion « Don’t », remplie de cris, dissonances et borborygmes métalliques, qui rappelle les premiers disques « difficiles » de Sonic Youth …

Dinosaur Jr. n’a jamais été un groupe « branché », et Mascis continue encore aujourd’hui, contre vents et marées, de martyriser les cordes de sa guitare, indifférent au temps et aux modes. Un type bien …

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Where You Been




LYNYRD SKYNYRD - PRONOUNCED LEH-NERD SKIN-NERD (1973)


Confédérés

Plus doués pour les solos de guitare que pour s'habiller ...
Groupe symbole du rock « sudiste » qui tire son nom de la déformation phonétique du nom d’un prof de gym qui les persécutait au lycée à cause de leurs cheveux longs, Lynyrd Skynyrd avec ce premier album de 1973 a d’entrée joué dans la cour des grands. Les musiciens, buveurs, baiseurs, bagarreurs et cultivant à l’excès (drapeaux sudistes aux concerts, …) une imagerie redneck qui sera leur fonds de commerce, ont joué un hard-boogie traînard et ensoleillé, égayé par un piano, mais surtout porté par trois guitares. Deux fameux solistes, Allen Rossington et Gary Collins et le braillard Ronnie Van Zant au chant, sont les leaders naturels du groupe.

La musique est excellente, un peu comme si l’Allman Brothers Band s’était pris pour les Rolling Stones, et ce Cd contient des incontournables du groupe (« Tuesday gone », « Gimme three steps »). Mais surtout il se termine par l’épique (plus de 9 minutes) « Freebird », le « Stairway to Heaven » américain, désigné il y a quelques années comme le morceau de rock le plus diffusé de tous les temps (devant « Yesterday » des Beatles, c’est dire si c’est une scie …) sur les radios US.

Même si on peut lui préférer le suivant (« Second coming »), ce Cd est indispensable pour avoir un aperçu de la carrière du groupe.

AIRBOURNE - RUNNIN' WILD (2008)


 C'est dans les vieux pots ...

Premier réflexe : Tiens, des inédits d’AC/DC période « Let there be rock » - « Highway to hell ». Euh, non c’est le 1er Cd d’un jeune groupe, Airbourne.

Balèzes, les Australopithèques ...
Groupe australien bien sûr. Et dès lors, la référence à la bande à Bon Scott et Angus Young à leur apogée s’explique mieux.

Mais après quelques écoutes, on peut affirmer que ce n’est pas de la vulgaire copie. Certes, quelques tics vocaux rappellent furieusement Bon Scott, mais ce qui fait la classe de cet album, c’est le son. Ce son du hard des années 70, AC/DC, Aerosmith, Johnny Winter, Free, Scorpions, …

Cette recette sonore simple, basique, que plus personne ne semblait aujourd’hui capable de pouvoir recréer. Les quatre minots d’Airbourne y sont arrivés. Et même si ce disque ne soutient pas vraiment la comparaison avec les meilleurs des glorieux anciens (il manque dans ce Cd un riff d’anthologie, un refrain imparable, et il y a des progrès à faire au niveau solo de guitare), on tient avec ce « Runnin’ wild » un des meilleurs disques de hard-rock 70’s de la décennie.

Ce qui n’est quand même pas si mal.





UFO - LIGHTS OUT (1977)



Soucoupes Violentes
Ce disque est miraculeux. Car il est miraculeux qu’un groupe comme UFO (OVNI en français) ait pu sortir des disques de cette qualité.
Psychologiquement perturbés, défoncés jusqu’aux yeux, se détestant et passant leur temps à s’envoyer des bourre-pifs, les membres du groupe ont pourtant réussi à élaborer quelques disques remarquables dont « Lights out » est un des tout meilleurs.
Les talents de mélodistes de Mogg et Way sont peu (re)connus  dans le monde du hard-rock de cette fin des 70’s, et sans l’instabilité chronique des musiciens, ce talent leur aurait sans doute permis d’accomplir une carrière à la Van Halen ou Foreigner en terme de succès populaire.
Car aux superbes mélodies quasi pop, s’ajoute la pression hard de la guitare zigzagante de Michael Schenker (tellement inconsistant mentalement, que son frère Rudolph n’en voulait plus dans ses Scorpions, encore à la recherche de la consécration). Ecoutez « Try me » et vous verrez à quel guitariste subtil vous avez affaire.
Les bons morceaux sont nombreux (« Lights out », « Too hot to handle », « Love to love »).
A noter une reprise de “Alone again or” des Love qui même si elle n’est pas très réussie, prouve que les UFO connaissaient leurs classiques américains psychédéliques et avaient bon goût. Autre preuve de bon goût, la pochette est signée Hipgnosis, designers dont UFO furent avec Pink Floyd les meilleurs clients dans les années 70.





SMASHING PUMPKINS - ZEITGEIST (2007)



We're only in it for the money

Ainsi les Smashing Pumpkins se sont reformés. Après les gamelles retentissantes de sa carrière solo et de Zwan, Corgan a donc recultivé ses Potirons. Coup d’œil étonné sur le casting : il en manque la moitié (Iha, D’Arcy) de la formation « royale » du milieu des 90’s. Un peu comme si McCartney et Ringo reformaient les Beatles  …
Coup d’œil consterné sur le visuel, lourd d’un symbolisme à deux dollars, confirmé par des textes dans l’air de son temps (feu à volonté sur George W. et son administration ultra-libérale). Corgan se serait-il reconverti en Michael Moore heavy-metal ?
Reste la musique. Du rock indie post-grunge  à (grosses) guitares, avec tout de même quelques titres plus lents et plus intéressants vers la fin du Cd. Mais rien de bien renversant. Le genre de truc à la mode il y a quinze-vingt ans, quand les Pumpkins sortaient « Siamese dreams » ou « Mellon Collie ».
La nostalgie, camarades. Ça fait toujours vendre.
La caisse est au fond, à droite.
Malheureusement (ou heureusement), pas grand-monde est passé à la caisse... Tout le monde s'en fout aujourd'hui des Pumpkins, et c'est pas plus mal...

ALICE COOPER - SCHOOL'S OUT (1972)




Mais oui mais oui l'école est finie ...
Et bien finie. Les Alice Cooper y ont foutu le feu. Car il ne faut pas oublier qu’Alice Cooper est à la sortie de « School’s out » en 1972, encore un groupe. Qui commence à avoir un gros succès aux USA. Et dont le chanteur, Vincent Furnier qui a pris le pseudonyme d’Alice Cooper, focalise tous les regards. Et ce qui fait la réputation d’Alice Cooper, ce sont les concerts. Les shows, devrait-on dire. Tenues et maquillages outranciers, serpent, accessoires sado-maso (des fouets à la … guillotine), pyrotechnie, effets visuels … La totale. Les vieux bourgeois et leurs rombières appellent ça du rock décadent.

Et la musique, dans tout ça ? Une base de hard-rock mélodique, de celui capable d’engendrer hymnes et tubes (« School’s out » le morceau, « My Stars »). Mais surtout l’influence de leur producteur Bob Ezrin. Qui trouve toujours le moyen de glisser ça et là des arrangements classiques ou jazzy (« Blue Turk », « Grande Finale »), arrangements qui constitueront sa marque de fabrique par la suite (« Berlin » de Lou Reed, « The Wall » du Floyd, c’est Ezrin aux manettes).
Même si perso je préfère « Killer », « School’s out » est un des grands disques d’Alice Cooper. Qui va les aligner, les grands disques, dans cette première moitié des années 70.

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ALICE COOPER - KILLER (1971)


Dark side ...

Ce disque d’Alice Cooper est celui qui l’a définitivement consacré. Mais rien n’est simple avec Alice Cooper. Qui est le nom du groupe, mais aussi le pseudo schizophrénique de son chanteur Vincent Furnier. Originaire de Detroit comme d’autres cinglés notoires du binaire (Ryder, MC5, Stooges, Nugent, …), passé par l’Arizona avant de s’échouer à Los Angeles … Où Frank Zappa, qui s’y connaît en cinoques, l’a repéré et a permis la signature du groupe sur un label, pour une paire de disques dispensables.
Alice Cooper se retrouve en 1970 chez Warner, et fait paraître « Love it to death », qui génèrera son premier hit « I’m eighteen » et lui vaudra surtout sa rencontre avec le tout jeune producteur Bob Ezrin, qui accompagnera le groupe jusqu’au milieu des années 70 et sera indissociable du son et du succès qu’il rencontrera…
« Killer » avec en photo le boa fétiche de Furnier, n’est pas un Cd facile d’accès, mais c’est pourtant un des deux ou trois incontournables de sa discographie. Seuls les deux premiers titres, qui sortiront avec succès en simple sont relativement basiques. « Under my wheels » est un boogie nucléaire, qui aurait du pousser Canned Heat vers la retraite et faire réfléchir Status Quo avant de s’engager dans la voie du binaire simpliste… « Be my lover » est lui un hard-rock très mélodique, qui jette les bases du glam-rock… le reste du disque est beaucoup plus sophistiqué, multipliant à l’intérieur du même titre changements de rythmes, de mélodies, d’ambiances … La liaison est assurée par la voix du Coop, qui transpire le vice et la méchanceté.
Car ce qui singularise Alice Cooper et qui deviendra la marque de fabrique du groupe, c’est cette recherche obsessionnelle d’ambiances macabres, sordides, fantasmatiquement malsaines, explorant la face sombre et inavouable de l’inconscient… une sorte de version rock’n’roll des films de David Lynch… Chez Alice Cooper, tout n’est que mort violente avec grosses giclées d’hémoglobine.
Ce qui permettra la mise en place du « cirque » Alice Cooper lors de shows mémorables, qui tendront au fil des ans et du succès vers une sorte de Barnum gore et grand-guignol, avec mise en scène de décapitations, pendaisons, et autres joyeusetés morbides. Que ceux qui croient que les comiques de Marylin Manson ont inventé quelque chose se plongent dans les DVD d’Alice Cooper…
Le plus remarquable dans ce « Killer » reste quand même la production d’Ezrin, trouvant pour quasiment chaque titre une audace sonore, un arrangement à priori improbable dans le contexte, mais qui font tout le « charme » particulier du disque… Voir pour cela la longue intro sinueuese de « Halo of  flies » avec sur le titre l’omniprésence de la basse de Dennis Dunaway, puis un gros riff qui annonce ceux du Blue Oyster Cult … ou « Desperado » alternant arpèges de guitare puis gros riffs heavy, « Dead babies » guitares Black Sabbath, puis arrangements discrets de cordes et de cuivres, ou encore l’ultime « Killer », avec grattes lancinantes et menaçantes qui instaurent une ambiance de soundtrack de film de la Hammer et intermède renvoyant à la musique baroque … Du travail d’orfèvre d’Ezrin, que l’atrabilaire Lou Reed recrutera dans la foulée pour son « Berlin » …
Alice Cooper continuera avec le même personnel (tous participent à l’écriture) pour une poignée d’excellents disques dans la même veine, avant que Furnier s’accapare le nom pour une carrière solo (à partir du très bon  « Welcome to my nightmare » en 1975) beaucoup plus inégale basée sur les acquits et le crédit obtenus au début des 70’s…


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ANTHRAX - AMONG THE LIVING (1987)


Un bon disque de rock énervé

Je suis loin d’être un fan de ces genres musicaux (speed, trash, death, …). Mais il faut reconnaître que cet « Among the Living » est un bon disque. Et pour plusieurs raisons.
Les gars d’Anthrax semblent des types ouverts, et n’ont pas hésité à tenter des expériences musicales, avec le rap (le fantastique « Bring the Noise » avec Public Enemy), ou avec du rock non anglo-saxon (leur reprise d’ « Antisocial »).
Le type au micro ne hurle pas, n’aboie pas, ne glapit pas. Il chante. Les guitares ne sont pas des tronçonneuses emballées, elles savent mettre en avant la mélodie, le riff mémorisable.
Les compositions sont pour la plupart excellentes, avec des mélodies, des couplets, un refrain, des solos, … Le genre de trucs que la concurrence ne sait pas faire.
Et puis il y a sur cet « Among the Living » le détail en plus qui fait les grands disques de rock à guitares : l’intro des morceaux. Longue (toutes entre 40 secondes et 2 minutes), sinueuse, mettant petit à petit en évidence le riff central, … Deep Purple, Led Zep, AC/DC, Guns’n’Roses ont sur leurs meilleurs disques maîtrisé cet art de l’intro qui tue.
Anthrax ici aussi et prouve qu’avec ce Cd il peut se hisser à leur niveau.






LED ZEPPELIN - PHYSICAL GRAFFITI (1975)



Plaisir double

A cette époque-là (1975), seuls les plus grands avaient réussi le difficile exercice du double album en studio: Beatles (Blanc), Stones (« Exile … »), Dylan (« Blonde on blonde »), Hendrix (« Electric Ladyland »).
Avec « Physical Graffiti », Led Zeppelin confirme qu’il est artistiquement leur égal. Et pourtant ce disque divise le public encore aujourd’hui, certains grincheux avec du béton dans les oreilles le trouvant trop long, trop pesant, trop boursouflé, trop indigeste.
A mon avis il n’en est rien, et ce Cd fait partie des tout meilleurs du Zep. On est fixé dès les riffs monstrueux de « Custard Pie », et au moins trois autres morceaux d’anthologie sont ici présents : « Houses of the Holy », « Boogie with Stu » (Stu pour Ian Stewart, pianiste et « sixième » Rolling Stones) et l’insurpassable « Kashmir » (meilleur titre de Led Zeppelin, avec l’hallucinant numéro de Bonham à la batterie)
Led Zeppelin réussit par ailleurs à étirer la plupart des autres morceaux sans que la longueur devienne lassante, tant les trouvailles rythmiques et sonores abondent. « Physical Graffiti » est le dernier grand disque du Zeppelin, peut-être leur plus beau.
Et tant qu’à parler de beauté, on ne peut que regretter le format Cd, qui nous prive de la somptueuse pochette découpée du double 33 Tours original, seul reproche que l’on puisse faire aujourd’hui aux rééditions de « Physical Graffiti ».

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ALICE COOPER - WELCOME TO MY NIGHTMARE (1975)



Le joli cauchemar d’Alice

Ce disque ne ressemble à aucun autre dans la pléthorique discographie d’Alice Cooper. Enregistré en 1975 à un moment où l’affaire sentait vraiment le sapin. Alice Cooper, le groupe, n’existait plus. Explosé en plein vol dans des relents opiacés et des volutes d’alcool forts, consommés en quantités industrielles, et ce malgré un succès croissant et des hits qui s’accumulaient.
Dorénavant, les choses seraient claires, Vincent Furnier, alias Alice Cooper, serait le seul maître à bord de son projet schizophrénique. Mais s’il a pour ce « Welcome … » viré tous ses anciens compagnons, c’est pour faire une place plus grande encore à l’éminence grise du Alice Cooper sound, Bob Ezrin. Qui de producteur traditionnel du groupe, devient également co-auteur de la plupart des titres. Il faut dire qu’il a pris du galon, gagné de la respectabilité et de la reconnaissance dans le milieu musical. Il vient de produire le « Berlin » de Lou Reed, et le succès, surtout d’estime et critique de ce disque, doit beaucoup aux arrangements baroques et décadents d’Ezrin. Qui fait venir à temps plein sur ce « Welcome … », la fameuse paire de guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, déjà occasionnellement sessionmen d’Alice Cooper, mais surtout très remarqués sur « Berlin » et la tournée apocalyptique qui a suivi, dont furent extraits deux masterpieces live de Lou Reed, « Rock’n’roll animal » et « Live ».
« Welcome … » doit beaucoup à Ezrin. Car le concept de l’album, vu les antécédents d’Alice Cooper, n’a rien de bien surprenant, c’est l’histoire d’une nuit d’angoisse et des cauchemars qui vont avec, d’un jeune garçon, Steven. Et cette horrificque histoire aurait pu s’accompagner d’un quelconque fracas blacksabbathien, d’un hard-rock sombre et convenu comme Alice Cooper n’aura de cesse d’en délivrer depuis. Or toute la réussite du disque vient d’un enrobage sonore souvent enjoué, primesautier et entraînant. Le morceau-titre d’ouverture repose en grande partie sur des cuivres très rythm’n’blues et un piano fou, « Some folks », le titre le plus pop du disque a un rythme de comédie musicale, également de nombreux cuivres, et un refrain en forme d’hymne. "Steven" débute par un thème au piano qui semble venu de la musique classique et qui reviendra dans le titre comme un fil rouge, au milieu d’un crescendo baroque qui évoque fortement le « Berlin » de Lou Reed. Trois titres sinon détonnants, mais tout au moins étonnants dans la discographie d’Alice Cooper, qui était rarement allé aussi loin de ses bases électriques rageuses.
Mais ne surtout pas croire que « Welcome … » serait un disque de prog qui s’ignore. Ca enclume sévère et Hunter et Wagner sont souvent à la fête, alignant riffs dévastateurs et solos ébouriffants. Des choses comme « Department of youth » hymne rock’n’glam parfait, le violentissime « Cold ethyl » et dans une moindre mesure « Escape » ou « Black widow » envoient le bois grave.
Et puis, dans le lot, il y a l’ « Angie » d’Alice Cooper, ça s’appelle « Only women bleed », c’est la ballade qui tue avec un grand orchestre, qui une fois n’est pas coutume chez Ezrin (parfois coupable dans ses productions de pompiérisme redondant), reste plutôt discret et est en tout cas finement intégré à la structure du morceau.
Malgré une paire de titres anodins ou ratés, ce « Welcome … », resté à ma connaissance (il y a fort longtemps que j’ai laissé tomber le Coop et son hard-rock primaire et grand guignol, en gros depuis ce disque-là) sans équivalent dans la carrière de l’homme au boa, constitue une des œuvres les plus intéressantes de sa discographie, et en tout cas la plus abordable …
Enfin, pour l’anecdote, dans le morceau « Devil’s food », Ezrin et Alice font intervenir pour un long récitatif angoissant d’une grosse voix caverneuse, un acteur déjà vieillissant, spécialisé dans les films d’horreur, Vincent Price. C’est le même que l’on retrouvera quelques années plus tard dans exactement le même exercice sur le morceau « Thriller » de Michou Jackson, comme quoi y’a pas que Manu Dibango qu’il a copié, le beau-fils au King …


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JEFF BECK GROUP - BECK-OLA (1969)



Mangez des pommes ...

Jeff Beck est un cas à part, tant musicalement qu’humainement. Toujours cité dans la poignée des plus grands guitaristes de tous les temps, un des plus parfaits compromis entre technique, feeling et imagination. Humainement, c’est une tête de lard, un quasi autiste qui ne semble avoir un comportement social acceptable que depuis une dizaine d’années, un caractériel angoissé capable d’imprévisibles sautes d’humeur.
On ne compte plus ses revirements artistiques, qui tiennent autant de l’hésitation maladive que de la recherche de nouveaux horizons sonores. Et ce depuis ses débuts. Parti des Yardbirds sur un coup de tête, suffisamment traumatisé par les premiers concerts londoniens d’Hendrix pour avoir songé arrêter la musique, il va revenir sur le devant de la scène avec un groupe, le Jeff Beck Group, dont l’intitulé seul montre qu’il en est le leader irascible. Une comète qui se désintègrera après quelques mois et deux disques qui ont marqué les esprits de l’époque.
Il faut dire que le gaillard a su s’entourer, recrutant Rod Stewart, co-chanteur des éphémères et oubliés Steampacket, Ron Wood, guitariste du groupe garage les Birds embauché à la basse (on ne fait pas d’ombre à Jeff Beck à la guitare), le pianiste de studio réputé Nicky Hopkins (remplaçant John Paul Jones présent sur le premier disque mais parti gagner sa vie avec Led Zeppelin), et le batteur de  séances Tony Newman. Du costaud. Du lourd, même pourrait-on dire.
Parce qu’après un premier album (« Truth ») de facture plus « classique », mais qui ne souffre en aucun cas de la comparaison avec des choses comme « Beggar’s banquet », c’est dire son niveau, Jeff Beck va pousser le curseur vers des territoires encore plus sauvages, encore plus violents. Participant à la fuite en avant qui amènera à la naissance du hard-rock ou du heavy metal.
« Beck-Ola » place la barre plus haut que Led Zeppelin, le Jeff Beck Group est plus bouillonnant, plus crade. Les Américains au pied lourd sur la pédale fuzz (Blue Cheer, Vanilla Fudge, Iron Butterfly), n’ayant à proposer que du « gros son » sont renvoyés à leurs études. « Beck-Ola » n’est pas un disque pour guitaristes. Ou pas seulement. Il n’y a pas ici de démonstration, la technique assez insensée de Beck n’est là que pour sublimer les titres. En gros, ceux qui cherchent des solos de dix minutes avec douze milliards de notes à la seconde peuvent changer de crémerie et se payer l’intégrale de Ten Years After.
Ici, it’s only rock’n’roll … avec deux titres popularisés par Elvis (« All shook up », « Jailhouse rock ») défenestrés avec une énergie rare, avec mention particulière au second, totalement transfiguré. Toujours rayon strict rock’n’roll un « Spanish boots » avec un « extraordinaire » (c’est Beck lui-même qui l’écrit sur les notes de pochette du 33T original) Rod Stewart au chant, parce que celui-là, avant qu’il se demande si on le trouvait sexy ou si les blondes étaient plus marrantes, était un immense chanteur, une des plus belles voix « noires » jamais sorties du gosier d’un visage pâle… Chose assez rare dans sa carrière, Jeff Beck laisse même Nicky Hopkins prendre les choses en main sur un instrumental écrit par le pianiste, El Becko se contentant juste d’incendier le titre de quelques éclairs guitaristiques dévastateurs. Rien cependant à côté de la nucléaire jam finale, l’autre instrumental « Rice pudding », parti sur une classique base boogie, et emmené vers … un shunt brutal après sept minutes et vingt-deux secondes de folie furieuse. Rajoutez un boogie-blues de plomb (« Hangman’s knee »), un titre débuté tranquillement rythm’n’blues (« Plynth ») et qui après une multitude de syncopes rythmiques, breaks en tous genres, zigzags ahurissants de guitare, délivre finalement un orage zeppelinien d’une rare intensité …
Empaqueté dans une toile de Magritte, ce « Beck-Ola » impressionnera fortement son monde, les programmateurs de Woodstock contactent le groupe, l’avenir s’annonce radieux …
Une énième saute d’humeur de Beck, et adieu veaux, vaches, cochons, le groupe explose …
Reste deux disques, parmi les meilleurs d’une époque peu avare en disques marquants, et pour moi les deux meilleurs de Jeff  Beck.


Du même, une purge jazz-rock :
Wired